Le Canadien a mal joué. Il a très mal joué. En fait non ! Il n’a pas joué du tout et c’est pour cette raison qu’il s’est fait doubler 4-2 par le Lightning de Tampa Bay.

Après une séquence de six victoires de suite, une séquence de neuf gains lors des dix derniers matchs, après la troisième étoile de la dernière semaine dans la LNH de Carey Price et le titre de joueur du mois de décembre du Tricolore – on peut déjà le couronner de joueur de l’année – on pouvait s’attendre à une mauvaise partie.

C’est normal. Ça arrive.

C’est juste dommage que cette contre performance ait privé les fans des deux équipes du duel auquel ils s’attendaient. Un duel au sommet. Un duel pour la première place au classement dans l’Est. Un duel entre deux excellents gardiens en Carey Price et Ben Bishop, entre deux clubs qui se croiseront vraisemblablement encore le printemps prochain pour prolonger leur avancée vers la coupe Stanley.

Parce que le Canadien a été moribond – et de grâce, ne vous laissez pas impressionner par le regain de vie en fin de rencontre – il serait bête de paniquer, de remettre en cause tout ce qui a été dit et écrit de bien et de bon sur le Tricolore depuis deux semaines et le début de la saison, de remettre en question toutes les décisions de Marc Bergevin et de Michel Therrien.

Après un mauvais match, un aussi mauvais match, il faut se remplir les poumons à fond, laisser ressortir l’air lentement pour faire baisser la pression et se dire que la loi de la moyenne a pris le dessus.

Mais s’il serait bête de paniquer après une sortie aussi ordinaire du Tricolore, il serait plus bête encore d’oublier cette rencontre.

Oui ! Cette partie, cette défaite, a une place de choix dans la catégorie des matchs à oublier. Mais il ne faut surtout pas l’oublier afin de toujours se rappeler pourquoi elle a été perdue cette fichue partie.

Et ce ne sont pas les raisons qui manquent.

Clémence à l’endroit de PK ?

P.K. Subban est une cible de choix pour expliquer l’effondrement d’hier. Après une belle séquence au cours de laquelle sa discrétion sur la patinoire était synonyme d’efficacité, P.K. a revêtu un chandail du Lightning mardi tant il a mis son équipe dans le trouble souvent, tant il a souvent rendu service à l’ennemi venu du nord de la Floride.

Le spectaculaire défenseur, celui que les fans aiment applaudir, aiment vénérer, a repris le dessus mardi soir sur l’arrière efficace des derniers matchs. Avec des feintes qui se sont plus souvent soldées par des pertes de rondelles que des occasions de marquer, avec des montées interminables en solitaire qui n’ont rien donné de bon au Canadien, mais fait beaucoup plaisir au Lightning, avec des pénalités d’indiscipline, P.K. a passé la soirée les pieds dans le sable, dans la mélasse, dans le trouble. Je vous laisse le choix…

«Il a connu un match difficile», a reconnu d’amblée Michel Therrien après la rencontre.

«Il a fait preuve d’indiscipline», a ajouté le coach du Canadien qui a gardé ses réponses très courtes pour éviter tout débordement d’émotion. De fait, pendant le match, après des vilaines séquences de son défenseur vedette, Michel Therrien a esquissé des faciès qui en disaient long sur ce qu’il pensait de la soirée de travail de PK. Mais il a gardé son calme. Il a même gardé Subban sur la patinoire au lieu de le confiner au banc.

Pourquoi faire preuve d’autant de clémence à l’endroit de Subban qui aurait pourtant pleinement mérité d’être cloué au banc ?

Parce que aussi mauvais Subban était en cours de partie mardi, il est celui – avec Carey Price – qui a le plus de chance de faire oublier un ou des mauvais jeux par un ou des bons jeux. C’est comme ça. Et Michel Therrien sait très bien qu’il avait plus à perdre qu’à gagner en le gardant au banc.

Surtout que ça faisait un bout de temps que Subban n’avait pas été aussi mauvais.

Si PK joue de la même façon samedi prochain face aux Penguins qui feront escale au Centre Bell pour venger leur revers de samedi dernier à Pittsburgh, la patience de Michel Therrien pourrait être moins élastique. Et s’il se met à multiplier les matchs moribonds trop souvent, à tenter de faire plaisir à ses fans au lieu de rendre service à son équipe, P.K. méritera alors de se faire clouer au banc le temps de quelques présences, le temps d’une période s’il le faut.

Mais Michel Therrien ne pouvait pas prendre une telle mesure dès hier. C’est du moins mon avis.

Pourquoi défendre ainsi Subban alors que je suis parmi les premiers à le critiquer lorsqu’il ne joue pas bien ? Parce qu’il n’y a pas une meilleure façon de tester sa prise de conscience, sa maturité, son réel désir de faire passer l’équipe devant.

Car quand P.K. prétend qu’il s’est étiré vers le banc du Lightning pour donner un coup de bâton à Brett Connolly afin de défendre Andrei Markov qu’il venait de renverser, Subban tente de se défiler. Ou de se défiler.

S’il tenait vraiment à défendre Markov après le geste illégal il est vrai de Connolly à ses dépens, il devait attendre une présence subséquente et une occasion bien choisie pour lui servir une solide mise en échec. Et non de faire un fou de lui comme il l’a fait avec son geste bien mal choisi.

Surtout que le Ligtning a profité de cette pénalité mineure de Subban sa deuxième du match – sa 22 cette saison au 4e rang de la LNH – pour prendre les devants 2-1 19 secondes plus tard.

Quand je prétends qu’il ne faut surtout pas oublier cette partie que tous voudraient oublier, c’est justement pour voir si PK et le Canadien au grand complet saura en tirer le profit qui doit être tiré d’une défaite comme celle encaissée aux mains du Lightning.

On le saura bientôt.

Cela dit, P.K. n’est pas le seul coupable. Loin de là.

Oui il a été mauvais, mais plusieurs de ses coéquipiers l’ont été eux aussi.

Mais comme je l’écris depuis le début, des mauvais matchs, ça arrive. Des soirées où les jambes sont molles, les mains d’acier et le jugement à zéro, ça arrive aussi. Et quand en plus, ton gardien redevient humain comme Carey Price l’a été hier – Ben Bishop n’a pas été meilleur cela dit – et que le niveau de compétitivité de ton club n’est pas à la hauteur du défi qui se dresse devant lui, il t’arrive ce qui est arrivé au Canadien mardi soir devant ses partisans.

Tu perds. Tu perds lamentablement.

Cela dit, aussi mauvais le Canadien a été mardi soir, et il a été mauvais, il serait injuste de ne pas donner la part de crédit qui revient au Lightning qui forme un fichu bon club de hockey.

Un club dont j’aurais voulu parler bien davantage après sa victoire que de parler du Canadien après sa défaite.

Je vais me reprendre mercredi…