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RÉSULTATS

Un match bleu poudre...

Troy Terry déjoue Jake Allen Troy Terry déjoue Jake Allen - Getty
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MONTRÉAL - En levant un tantinet les yeux au ciel, en hochant tout doucement la tête de haut en bas et en esquissant un petit sourire narquois, Martin St-Louis a confirmé à la planète hockey au grand complet qu'il est loin d'aimer le chandail rétro bleu poudre que ses joueurs portaient pour la troisième fois de la saison, jeudi, au Centre Bell.

 

Deux « ouais, ouais » tout aussi discrets que le sourire qu'il esquissait sont les seuls commentaires qu'il a formulés sur le sujet. Commentaires qui n'étaient pas le moindrement nécessaires, considérant que son facies criait déjà de vérité.

 

Il faut dire que le bleu poudre ne va pas bien au Canadien. Pas bien du tout.

 

Non seulement la troupe de Martin St-Louis a encaissé jeudi sa troisième défaite consécutive dans son chandail bleu poudre – elle a aussi perdu 5-1 aux mains des Devils le 15 novembre et 4-2 aux mains des Kings samedi dernier – mais elle a disputé un match de la même couleur que son chandail.

 

Un match qui n'était vraiment pas beau et même très laid par moments que je me permets de souligner pour m'assurer que ceux et celles – il doit bien y en avoir quelques-uns – qui trouvent ce troisième chandail beau saisissent bien le message.

 

Un message que Martin St-Louis a lui aussi pris la peine de bien faire comprendre en lançant : « Manque d'exécution, trop de passager... c'est pas mal ça », en guise de premiers commentaires après le revers de 5-2 encaissé aux mains des Ducks d'Anaheim.

 

Tête première dans le piège...

 

J'adore que le coach ne se soit pas laissé éblouir par le fait que son équipe a nivelé les chances 2-2 en début de troisième période. Qu'elle se soit ainsi donné une chance de gagner.

 

« On mérite ce qu'on a ce soir. Même si on avait gagné ce soir, on ne l'aurait pas mérité », que Martin St-Louis a convenu sans hésiter.

 

Et c'est tout à fait vrai.

 

Car même en bleu poudre, le Canadien aurait normalement dû éviter d'encaisser deux revers en temps réglementaire pour la première fois en près d'un mois. Pour la quatrième fois de la saison.

 

Soyons honnêtes : les Ducks ne volent pas haut cette année. C'est même en battant de l'aile qu'ils sont arrivés à Montréal. Des sept victoires qu'ils revendiquaient avant le match, une seule avait été acquise en temps réglementaire.

 

Loin d'Anaheim, ils boitaient encore. Car des sept victoires qu'ils revendiquaient avant de faire escale au Centre Bell, deux seulement avaient été acquises sur les patinoires ennemies.

 

Deux! En 20 parties!

 

En passant, malgré leur victoire, les Ducks forment toujours le pire club de la LNH ce matin. Du moins statistiquement. Vrai qu'ils affichent un point de plus que les Blackhawks, mais ils ont disputé trois matchs de plus.

 

Ils représentaient un piège dans lequel le Canadien et même son entraîneur-chef ont plongé la tête première.

 

Après avoir indiqué qu'il ne croyait pas que ses joueurs prendraient les Ducks à la légère, un peu plus de deux heures avant le match, Martin St-Louis convenait « qu'il n'y a pas de matchs faciles dans la LNH », après la partie.

 

Poudre de Perlimpinpin ou véritable tremplin?

 

Et il y a pire :

 

Avec une « efficacité » ô combien inefficace de 67 % en désavantage numérique (35 buts accordés en 106 occasions) les Ducks semblaient le parfait remède pour soigner l'attaque massive du Canadien. Surtout qu'ils étaient même un brin plus généreux sur la route... comme si c'était possible.

 

Eh bien non!

 

Je sais : le Canadien a finalement marqué en attaque massive jeudi soir. Cole Caufield a marqué un but à la Cole Caufield en décochant un tir frappé sur réception qui n'a donné aucune chance au gardien au gardien Lukas Dostal qui disputait son troisième match seulement de la saison. Son septième en carrière dans la LNH...

 

Mais il avait bêtement bousillé ses trois premières tentatives. Les « spécialistes » dépêchés en attaque massive n'avaient d'ailleurs obtenu qu'un tir avant que Caufield ne fasse mouche.

 

Inversement, les Ducks ont profité de leur première occasion pour prendre les devants 1-0 en fin de première. Une avance qu'ils ont doublée 28 secondes plus tard lorsque Jake Allen s'est montré généreux.

 

Des occasions bousillées par le Canadien; des occasions dont l'adversaire sait profiter. Ça vous rappelle quelque chose?

 

Disons qu'on semblait en voie de revivre le même genre de match que celui de lundi, à Ottawa, où le Canadien a perdu 3-2 aux mains des «Sens» dans le cadre d'une domination complète du duel des unités spéciales.

 

La seule bonne chose à tirer du premier des deux buts marqués par Caufield, jeudi, est qu'il servira peut-être de tremplin à une attaque à cinq qui a un urgent besoin de se relancer pour que le Tricolore se donne des chances de traverser un calendrier des Fêtes qui ne sera pas de tout repos.

 

Grâce au but de Caufield, le Canadien affiche un but en 24 occasions lors de ses six derniers matchs.

 

Un but! C'est mieux qu'aucun, mais ça ne donne tout de même que 4,16 % d'efficacité au cours de cette période. La même «efficacité» que le Canadien affichait (1 en 24) après les huit premières parties de la saison.

 

Du match 9 jusqu'au match 23, le Canadien a connu une séquence positive au cours de laquelle il a enfilé 12 buts en 49 attaques à cinq. Ce qui donne un pourcentage de réussite de 24,5 %.

 

Ce qui est plus que respectable.

 

Des effectifs capables de faire mieux

 

Comment expliquer que le Canadien ait commencé la saison sur les talons et qu'il soit retombé sur ses talons après une séquence plus heureuse de 16 parties?

 

C'est sûr que les blessures n'aident pas.

 

Michael Matheson est un atout important à la ligne bleue. Les pertes de Sean Monahan et de Jonathan Drouin qui vient de revenir au jeu n'aident en rien le Canadien à sortir de sa morosité bleu poudre en attaque massive.

 

Mais jusque comme je me préparais à utiliser l'expression dure, mais criante de réalité, selon laquelle : « on ne fait pas du cristal avec de la cruche» dans mon calepin de notes, Martin St-Louis m'a surpris en lançant : «avec les effectifs qu'on a, on devrait quand même être en mesure de produire plus que ça. »

 

Suzuki et Caufield sont déjà très dangereux à forces égales. Ils le deviennent donc bien plus à cinq contre quatre.

 

Mais les autres?

 

Dach est en voie de se trouver une niche.

 

Slafkovsky n'a pas encore commencé à construire la sienne. D'ailleurs, jeudi soir, il était tellement détaché du rythme de la partie, que Martin St-Louis l'a relégué au sein du quatrième trio.

 

Drouin, Hoffman, Dadonov, Wideman : des plans, B, C, D et E.

 

Et pourquoi tenir tant à envoyer cinq attaquants en même temps au sein de la première unité d'attaque massive?

 

Pourquoi avoir envoyé six attaquants après le rappel de Jake Allen au banc afin de se donner une chance de revenir dans le match?

 

Kaiden Guhle est le meilleur défenseur du Canadien. Il est l'un des meilleurs de la LNH chez les recrues.

 

Il joue bien, et même très bien, dans toutes les facettes du jeu. Arber Xhekaj était le dernier joueur du Tricolore à avoir marqué en attaque massive – à Edmonton le 3 décembre – avant que Caufield ne secoue la guigne des « Bleus Poudres » jeudi soir.

 

Pourquoi ne pas profiter de la saison de développement du Canadien pour justement voir ce que ces jeunes peuvent faire à la pointe en attaques massives.

 

Des fois qu'ils seraient meilleurs que ceux à qui les coachs donnent tellement de chances que cette générosité est en train de se retourner contre eux?

 

Il me semble qu'une meilleure utilisation des joueurs en attaque à cinq permettrait au Canadien d'être moins prévisible à cinq contre quatre. Ce qui l'aiderait peut-être à obtenir de meilleurs résultats...

 

Et en fin de match, l'utilisation d'au moins un défenseur à la ligne bleue permettrait peut-être aussi d'éviter le genre de cafouillage en zone ennemie qui a permis à Adam Henrique de marquer dans une cage déserte et de mettre le match hors de portée?

 

Comprenez-moi bien : je n'ai aucun problème avec le fait que le Canadien perde plus souvent qu'il ne gagne cette année.

 

Il était clair, et ce l'est toujours, que la saison 2022-2022 était une saison de développement un point c'est tout. Pas une saison pour surprendre la Ligue et faire mentir les prédictions défavorables à l'endroit du Tricolore.

 

Une saison pour développer. Pour donner la chance aux jeunes d'apprendre et de comprendre ce qu'ils devront faire au cours des deux ou trois prochaines saisons pour former un jour un club à prendre au sérieux. Une saison au terme de laquelle le Canadien viserait le meilleur repêchage possible pour consolider sa place parmi les clubs les plus prometteurs de la Ligue.

 

Jeudi soir, contre les Ducks, le Canadien a raté une belle chance de mousser son développement. Remarquez que les jeunes ont plus appris en perdant ce match qui était à leur portée que s'ils l'avaient gagné.

 

C'est d'ailleurs peut-être en raison de quelques remontées gagnantes des dernières semaines, des remontées enlevantes au possible, mais qui étouffent souvent les mises en garde des coachs, que le Canadien est tombé dans le piège des Ducks comme il l'a fait hier.

 

Le Canadien n'a pas besoin d'endosser son chandail rétro pour disputer un match bleu poudre. Il l'a fait quelques fois en rouge ou en blanc.

 

Mais quand il dispute un match bleu poudre en plus de porter son chandail rétro, ça donne le tournis. Comme jeudi.

 

Il reste encore cinq rencontres aux joueurs du Canadien pour aider leur coach à trouver une façon d'aimer le chandail bleu poudre.

 

À moins que, comme Bob Gainey lors de l'année du centenaire avec le chandail du barbier, Martin St-Louis arrive à interdire l'utilisation du chandail bleu poudre. Le « Barber Shop » était maudit dans le temps. Non seulement le Canadien perdait, mais quelques joueurs, dont Robert Lang, avaient été blessés alors qu'ils le portaient.

 

Quant au bleu poudre, son histoire est mal partie, mais il n'est pas maudit. Du moins, pas encore...