Un match, cinq gardiens, huit buts!

Le but controversé qui a propulsé les Panthers vers leur victoire de 6-2 aux dépens du Canadien, les mises en échec solides dont quelques-unes sournoises, voire dangereuses, qui ont été assénées au cours du match et les trois bagarres qui ont éclaté en troisième période ont obtenu beaucoup d'attention jeudi soir.

Tout comme le damné chandail bleu rétro et la mascotte « Métal » qui ont prolongé à cinq leur série de défaites consécutives, défaites au fil desquelles le Canadien s'est contenté de marquer sept petits buts alors que ses rivaux lui en poivrer 24.

Tous ces aléas du match de fou que se sont livré le Canadien et les Panthers ont porté ombrage au fait que cette rencontre a mis en vedette cinq gardiens.

Bon! Il n'y en a que quatre qui ont officiellement pris part au match.

C'est vrai.

Mais le simple fait d'avoir enfilé son équipement, de s'être glissé dans un chandail des Panthers et d'avoir assumé le rôle de gardien auxiliaire est suffisant pour dire que Patrick Chèvrefils a été « en vedette » lors ce match.

Chèvrefils n'est pas un espoir des Panthers. Pas du tout. C'est un policier qui travaille au SPVM. De fait, il aurait dû être au boulot jeudi soir et non au Centre Bell où il se rend avec plaisir chaque fois qu'il est convoqué pour remplir le rôle de gardien d'urgence.

Chèvrefils est l'un des gardiens recrutés par le Canadien qui, comme les 31 autres formations de la Ligue, doit pouvoir compter sur les services d'un gardien d'urgence lors de ses 41 matchs à domicile.

« J'étais à l'horaire ce soir, mais quand ça arrive, je prends des mesures pour me libérer et venir au match au cas où », que le policier-gardien de but a raconté lorsque je l'ai croisé en compagnie de mon collègue Guillaume Lefrançois de La Presse près du vestiaire des Panthers après le match.

Habituellement perché sur la galerie de presse d'où il suit les rencontres, Chèvrefils est descendu de son perchoir dès qu'il a vu Sergeï Bobrovsky retraiter au vestiaire. Il n'y avait que 121 secondes d'écoulées au match lorsque le gardien partant des Panthers a quitté son but. Il a semblé se blesser en effectuant un vif déplacement sur sa gauche pour contrer une occasion de marquer du Canadien.

« J'étais déjà rendu en bas lorsque j'ai reçu l'appel sur mon cellulaire. C'était la première fois ce soir que je devais enfiler mon équipement. Il y a des procédures à suivre. Je dois signer un contrat. Mais ce soir, tout s'est passé si vite que je n'ai pas eu le temps de le signer avant de m'habiller et d'aller prendre ma place comme auxiliaire », racontait le gardien d'un soir qui est âgé de 36 ans.

Bien qu'il n'ait pas eu à imiter David Ayres – le chauffeur de la Zamboni qui a défendu la cage des Hurricanes de la Caroline, à Toronto, dans le cadre d'une victoire aux dépens des Leafs en février 2020 – Chèvrefils pourra dire qu'il a fait partie des Panthers de la Floride le temps de deux tiers de match et un peu plus.

« On l'a accueilli dans notre vestiaire lors des premier et deuxième entractes. J'ai dû être un peu prudent dans mes propos pour ne pas dévoiler tous nos secrets, mais il était avec nous et il a eu droit au lunch d'après-match », a lancé l'entraîneur-chef Paul Maurice.

Retour satisfaisant pour Lyon

Si la blessure qui a chassé « Bob the Goalie » du match a permis à Chèvrefils de joindre les rangs des Panthers, elle a aussi permis à Alex Lyon de renouer avec la Ligue nationale.

L'Américain âgé de 30 ans a passé le plus clair de sa carrière professionnelle dans les ligues mineures. En relève à Bobrovsky, il a disputé son 19e match en carrière seulement dans la LNH. Son premier en plus d'un an, soit depuis le 8 janvier 2022 alors qu'il défendait les couleurs des Hurricanes de la Caroline et qu'il a subi un revers de 4-3, en prolongation, aux mains des... Panthers de la Floride.

« Je suis avec l'équipe depuis quelques jours – il a été rappelé en raison de la blessure subie par Spencer Knight – ce qui m'a permis de retrouver mes repères. Mais avec l'expérience que j'ai, je me concentre de la façon que je sois dans la LNH ou dans la Ligue américaine, que je sois en situation de match ou à l'entraînement », que Lyon a mentionné.

Dès son entrée dans le match, Lyon a dû réaliser quelques arrêts solides.

« Il n'a pas été très occupé, mais ce n'était pas évident de sauter dans la mêlée sans avertissement comme il l'a fait. Surtout qu'il est entré dès le début d'une attaque à cinq du Canadien. Alex a fait du très bon travail pour nous. Il a fait un très gros arrêt en deuxième. Un arrêt qui a calmé la foule qui est très bruyante ici et qui est en mesure de donner de l'énergie au Canadien », que Maurice a souligné après la victoire de son équipe.

Après sa victoire auréolant ses 23 arrêts sur les 25 tirs du Canadien, Alex Lyon a convenu qu'il était entré dans le match dans les meilleures circonstances possibles.

« Le fait que le match venait à peine de commencer m'a bien servi. Je n'étais pas encore trop refroidi après l'échauffement. En plus, le score était toujours 0-0. C'est beaucoup mieux d'arriver dans l'action dans ces circonstances que plus tard, quand ton équipe perd par trois, quatre ou cinq buts et que tu sais que ce sera difficile », analysait le gardien qui a passé les quatre premières années de sa carrière professionnelle au sein de l'organisation des Flyers de Philadelphie.

Un peu d'action pour Primeau

Les circonstances défavorables dont parlait Lyon après le match, c'est Cayden Primeau qui a dû les affronter.

Rappelé de Laval pour combler l'absence de Jake Allen, Primeau a finalement vu un peu d'action après cinq matchs et deux périodes passées au bout du banc.

L'ennui pour lui c'est qu'il a été envoyé dans l'action en début de troisième période alors que le Canadien perdait par cinq buts.

Rem Pitlick et Josh Anderson ont marqué en début de troisième, mais Primeau a ensuite donné un but aux Panthers sur le premier tir qu'il a affronté. Il a ensuite effectué six arrêts. Impossible d'analyser les progrès de Primeau, si progrès il y a, avec cette seule période de travail.

Quant à Samuel Montembeault qui s'est reposé au dernier tiers après avoir accordé cinq buts sur 22 tirs au cours des 40 premières minutes de jeu, il est clair qu'il n'a pas été aussi solide que lors de ses récentes sorties. Mais il n'est pas à blâmer dans la défaite.

D'autant plus que quatre des cinq buts marqués contre lui par les Panthers l'ont été lors d'attaques massives vraiment efficaces.

Le Canadien devrait d'ailleurs songer à voir et à revoir les quatre buts en avantage numérique marqués par les Panthers. Les spécialistes de Martin St-Louis pourraient apprendre quelque chose en matière d'échanges rapides et précis de la rondelle en zone ennemie.

Entre les lignes

– C'était la première fois cette saison que le Canadien se retrouvait avec un déficit de 0-5 sur les bras...

– Le Canadien a été victime de cinq buts consécutifs une première fois cette saison lors de sa visite à Vancouver le 5 décembre dernier. Les Canucks avaient comblé un recul de 0-4 en route vers une victoire de 7-6 arrachée en prolongation...

– Les chances de victoires du Canadien sont de beaucoup supérieures dans les matchs serrés. La preuve : le Tricolore présente un dossier de 13-2-3 dans les matchs qui se sont décidés par un but jusqu'ici cette saison et une fiche de 6-22 dans les matchs qui se sont décidés par deux buts et plus...