BROSSARD - Jacob De la Rose est un jeune homme d’un naturel posé et réfléchi. Confiant et d’un sérieux en apparence inébranlable, le fait que son premier goût du hockey professionnel nord-américain approche à grands pas ne saurait altérer la façon dont il se comporte au quotidien.

L’attaquant suédois de 19 ans, un joyau de l’organisation du Canadien, a débuté un tout nouveau chapitre de sa jeune carrière de hockeyeur lorsqu’il a foulé la patinoire du Complexe sportif Bell de Brossard en compagnie de 43 autres espoirs lors de la première séance sur glace du camp des recrues, samedi.

À le voir échanger et rigoler avec les autres participants du camp, dont Sven Andrighetto, un autre joueur d’avant européen dont les habiletés font saliver les partisans montréalais, on peut avancer sans se tromper que De la Rose mord à pleines dents dans l’expérience qui se présente à lui, à peine cinq jours avant la tenue du « vrai » camp préparatoire.

Jacob de la Rose« J’ai déjà participé à deux camps de perfectionnement (en juillet dernier et en 2013), mais c’est ma première présence à celui des recrues. C’est une belle opportunité de me faire valoir et je n’entends pas la rater », a-t-il confié après s’être exercé avec le premier de deux groupes de patineurs.

S’il n’en tenait qu’à lui, le costaud athlète de 6 pieds 3 pouces et 203 livres aurait traversé l’Atlantique à pareille date l’an dernier afin de démontrer toute l’étendue de son talent, mais les détails de l'entente le liant à son club suédois, Leksand, avaient tranché sur la question à sa place. Les mêmes engagements avec son équipe avaient fait en sorte de le garder en sol scandinave pour une dernière saison en 2013-2014 alors qu’il croyait détenir l’option de faire ses classes avec les Spitfires de Windsor de la Ligue de l’Ontario, détenteurs de ses droits.

« Je ne suis pas du genre à songer à ce qui aurait pu se produire si les choses s’étaient passées différemment. En toute honnêteté, j’ignore si au final, le fait de demeurer une année supplémentaire à Leksand au lieu de jouer une saison de hockey junior m’a été favorable. Je sais seulement que cette deuxième année complète avec mon club m’a donné confiance pour la suite des choses ».

Et pour cause. Évoluant sur l’un des premiers trios offensifs de sa formation, De la Rose a hérité tout au long de la saison d’un généreux temps de glace que peu de vertes recrues ont le loisir d’obtenir au sein d’équipes européennes reconnues pour leur conservatisme. Sa production de sept buts et six aides en 49 matchs est d’autant plus louable qu’elle a été réussie contre ce que le hockey suédois a de mieux à offrir, Leksand ayant reçu une promotion lui permettant d’accéder au championnat de la Ligue élite de Suède après quelques saisons disputées en deuxième division.

Un meneur né

À cette campagne digne de mention s’est ajoutée une récolte honorable de six points en sept matchs avec l’équipe nationale suédoise, médaillée d’argent lors des Championnats du monde des moins de 20 ans en janvier, de même qu’une expérience positive au camp national d’évaluation de l’équipe américaine, en août à Lake Placid. Les meilleurs effectifs du programme américain s’étaient alors mesurés à ceux de la Suède, de la Finlande et de la République tchèque.

Menant la charge pour le clan suédois, De la Rose a été le choix du personnel d’entraîneurs afin d’arborer le « C » de capitaine, une responsabilité à laquelle le jeune espoir n’est pas étranger.

« Mes expériences avec l’équipe nationale suédoise sont parmi mes meilleures. Partout où je suis passé, j’ai eu l’habitude d’être de ceux qui lancent quelques mots d’encouragement pour motiver les troupes. Ça fait partie de moi de vouloir être au front. Reste que parfois c’est préférable de mener en donnant l’exemple. Il faut trouver un certain équilibre afin d’être un bon meneur. »

Dans les bonnes grâces du grand patron

Généralement empreint de prudence dans ses projections, Marc Bergevin a parlé avec une ferveur peu de commune à plus d’une occasion de son jeune attaquant de puissance en devenir. De la Rose admet candidement qu’on lui a déjà rapporté les paroles élogieuses du grand patron à son égard, mais il refuse d’en faire un cas pour autant.

« Tout joueur apprécierait de recevoir une rétroaction positive de la part de ses dirigeants. C’est plaisant de l’entendre, mais ça ne peut pas te monter à la tête pour autant. »

S’il parvient une fois de plus à s’attirer les compliments de la haute direction dans les semaines à venir, une chance de se faire valoir dans le circuit Bettman dès ses débuts professionnels n’est pas exclue. Sans grand étonnement, le principal intéressé favorise toutefois la sagesse quand vient le temps d’évaluer ses probabilités de signer un tel tour de force.

« C’est vrai que de savoir qu’une place ou deux avec le grand club est disponible sert de motivation. Mais je ne suis pas du genre à me faire trop d’idées. Je m’assure simplement de jouer au meilleur de mes capacités. C’est tout ce que je contrôle après tout. »