Bloquer des tirs, c’est bien beau. En bloquer 38 comme le Canadien l’a fait hier soir face aux Blues de St Louis pour établir un nouveau record de la LNH, c’est plus beau encore.

Mais bloquer des tirs, c’est loin de garantir une victoire.

Car pour bloquer 38 tirs – en passant, ces statistiques sont comptabilisées depuis le retour au jeu après le lock-out de 2004-2005 – il faut passer beaucoup de temps dans sa zone. Il faut aussi accorder beaucoup de tirs à l’adversaire. Et quand l’équipe adverse passe du temps dans ta zone et qu’elle tire en rafale toute la soirée, ça veut dire que tu ne vas pas souvent en zone ennemie et que tu ne tires pas souvent au but.

À ce jeu, le Canadien aurait dû se faire planter par les Blues qui ont décoché un total de 79 tirs en direction de Carey Price hier soir. Quatre-vingt-un en fait si on ajoute les tirs de T.J. Oshie et d’Alexander Steen lors de la fusillade qui a basculé en faveur des Blues.

Car avec ses 43 tirs tentés – 27 sur la cage défendue par Jaroslav Halak, 11 rondelles bloquées par les Blues et 5 tirs qui ont raté la cible – le Canadien a été très timide en attaque en comparaison aux visiteurs venus du Midwest.

Mais parce que Jaroslav Halak a été moins efficace devant son filet que Carey Price – en temps réglementaire – parce que les Blues ont bousillé leurs quatre occasions en attaque massive et parce que le Canadien a profité d’un relâchement des Blues pour marquer deux fois en période médiane. Il a ainsi transformé un déficit de 0-1 en avance de 2-1, pour voir les Blues niveler les chances en troisième et finalement l’emporter 3-2 en tirs de barrage.

Équipe courageuse, mais épuisée

Dans la défaite, le Tricolore se réveille donc avec un point de plus au classement ce matin.

C’est ça de gagné!

De fait, le Canadien devrait se compter très chanceux d’avoir ce point de plus au classement.

Car n’eût été quelques très solides arrêts de Carey Price, les Blues auraient pu sceller l’issue de cette rencontre dès la première période. Et la concrétiser davantage en cours de partie.

Oui le Canadien s’est bien battu.

Et peut-être que Michel Therrien a raison quand il assure que ses joueurs ont tout donné. Mais si tel est le cas, le Canadien ne peut rivaliser avec les Blues.

On l’a d’ailleurs remarqué en prolongation alors que les joueurs du Tricolore étaient complètement vidés en raison des efforts déployés lors des 60 premières minutes pour se défendre d’abord et avant tout et profiter de ses rares occasions de marquer à l’autre bout.

« Bloquer des tirs demande du courage, mais aussi beaucoup d’énergie. Ça te rattrape en cours de match et c’était évident en prolongation alors qu’ils semblaient incapables de s’organiser. Mais cette stratégie et les arrêts de Carey Price qui a été sensationnel nous ont empêchés de prendre le contrôle de la première période », analysait Ken Hitchcock après la rencontre.

Un match que l’entraîneur-chef des Blues a vu défiler en trois temps.

« Nous avons été bien meilleurs qu’eux en première période. Nous avions le plein contrôle. Un contrôle que nous avons perdu en deuxième à cause du regain d’énergie du Canadien et de la frustration affichée par nos joueurs qui ont cessé d’imposer le rythme comme ils le faisaient au premier tiers. Je dirais que la troisième a été équitablement partagée », a poursuivi Hitchcock.

Les Blues ont nivelé les chances en prenant le Canadien à son propre piège. Victime de cinq tirs bloqués au cours de la rencontre, Kevin Shattenkirk a vu son tir de la pointe dévier deux fois avant de déjouer Carey Price qui n’a rien vu en raison de la présence de trois joueurs devant lui.

Occasions en or bousillées

Malgré la nette domination des Blues à leurs dépens et malgré quatre pénalités qui auraient pu être bien plus coûteuses qu’elles ne l’ont été en bout de ligne – les Blues étaient premiers dans la LNH avec une efficacité de 26,1 %, 22,2 % sur la route – le Canadien aurait pu se sauver avec la victoire en fin de match.

Les Blues ont écopé une première pénalité mineure avec six minutes à écouler à la troisième.

Après avoir fait chou blanc, le Canadien s’est fait offrir un tir de pénalité après que le capitaine David Backes eut déplacé le filet défendu par Jaroslav Halak alors que le Canadien menaçait en zone des Blues.

Pourquoi un tir de pénalité alors que cette infraction entraîne habituellement une pénalité mineure? Parce que l’infraction a été commise alors qu’il restait moins de 2 minutes à faire au match.

« Je tentais simplement de défendre mon filet et d’empêcher l’autre équipe de marquer. J’ai effectué une vrille devant le but que j’ai frappé de dos. Je ne comprends vraiment pas la décision de l’arbitre, mais je me limiterai à ces commentaires pour éviter de me mettre dans le trouble », a lancé le capitaine des Blues.

Tomas Plekanec a obtenu le tir de pénalité.

Il a tenté de déjouer Jaroslav Halak avec un tir du côté du bouclier. La rondelle a survolé le bouclier de l’ancien gardien du Canadien avant de dévier sur la petite portion de son bâton.

Si près, mais si loin…

Facile à dire après coup, mais avec la possibilité de sélectionner n’importe quel joueur qui était sur la patinoire, je me demande pourquoi Michel Therrien n’a pas plutôt misé sur Michaël Bournival qui avait un des deux buts du Canadien à son actif.

J’aurais aussi choisi Bournival avant Gallagher une fois en tirs de barrage. Gallagher est un petit poison autour du filet. Mais ses buts sont souvent plus le fruit de sa hargne que de sa touche.

« Gallagher nous a donné plusieurs gros buts depuis qu’il est avec nous », a plaidé Michel Therrien après la rencontre.

L’entraîneur-chef du Canadien a aussi convenu avoir choisi Alex Galchenyuk en raison de ses prouesses déployées en fusillade l’an dernier et Max Pacioretty sur une impulsion personnelle.

Une impulsion dont Pacioretty n’a pas profité, ratant la cible sur le troisième et dernier tir du Canadien. Un tir que le meilleur marqueur du Canadien se devait de loger dans le filet pour faire contrepoids au but de T.J. Oshie dès le premier tir des Blues.

Le match d’hier face aux Blues a mis un terme à une séquence de huit parties contre des équipes de l’Ouest lors des neuf derniers matchs du Canadien qui a d’ailleurs disputé 12 de ses 15 premières rencontres face à des clubs de l’association rivale.

Le Tricolore disputera 14 de ses 15 prochaines parties contre des adversaires de l’Est. Les points ainsi perdus seront doublement coûteux puisqu’ils amélioreront la position de ses adversaires au classement.

Chiffres du match

- Des 38 tirs bloqués par le Canadien, Douglas Murray a stoppé 8 rondelles. Une mince consolation pour ses mauvais jeux défensifs dont l’un a directement conduit au premier but des Blues…

- De tous les joueurs des Blues, c’est Alex Pietrangelo qui a été la plus grande victime du Canadien au chapitre des tirs bloqués avec 7…

- Trop occupé à bloquer des tirs, le Canadien s’est contenté de 15 mises en échec hier soir…

- Les Blues ont répliqué avec 29 coups d’épaule dont 9 distribués par le capitaine David Backes et 6 par Ryan Reaves, l’homme fort des Blues qui a su maximiser ses présences…

- Inversement, George Parros a terminé sa soirée de travail avec un différentiel de moins-1. Après quatre rencontres, Parros est non seulement en quête d’un premier point avec le Tricolore, mais aussi d’une première victoire. Comme quoi la présence d’un bagarreur est loin de garantir les victoires. De fait, pourquoi Parros était-il sur la glace en fin de match lorsque les Blues ont nivelé les chances?

- Le Canadien a connu sa pire soirée de la saison aux cercles de mises en jeu avec une piètre efficacité de 36 %, soit 27 mises en jeu gagnées contre 48 perdues…

- Tomas Plekanec (6 en 22 : 27 %), Alex Galchenyuk (1 en 7 : 14 %), Brian Gionta en relève de Plekanec (1 en 6 : 17 %) et Lars Eller (10 en 22 : 45 %) n’ont pas obtenu la note de passage. Ryan White (4 en 8 : 50 %) et Martin St-Pierre (2 en 3 : 67 %) ont été les meilleurs du CH…

- Parlant de Martin St-Pierre, il a disputé un premier match honnête dans l’uniforme du Canadien. Sans tambour ni trompette, il s’est bien acquitté de son travail lors des 13 présences totalisant près de 10 minutes. Un bémol : au-delà l’honnêteté de son travail, il est permis de se demander pourquoi Michel Therrien lui a accordé 69 secondes d’utilisation en avantage numérique. Une récompense oui, je veux bien. Mais ce n’était pas comme si le Canadien voguait pénard vers une victoire facile…

- Le Canadien s’entraînera à Brossard mercredi matin avant de mettre le cap sur Ottawa où il affrontera les Sénateurs jeudi.

- En relève à Craig Anderson, blessé à la nuque, Robin Lehner a remporté sa première victoire de la saison mardi soir à Columbus. Un gain de 4-1 aux dépens des Blue Jackets. Un gain signé Erik Karlsson qui a marqué les premier et quatrième buts de son équipe pour gonfler sa fiche offensive à 6 buts et 17 points en 15 rencontres…