Parce que le Canadien venait d’au moins sauver un point dans sa défaite de 4-3 en prolongation, parce qu’il venait d’obtenir 49 tirs – un sommet cette saison et un sommet depuis les 50 tirs obtenus aux dépens des Thrashers d’Atlanta le 1er février 2011 – aux dépens des Blues de Saint Louis qui forment une équipe solide en défensive, parce qu’il avait montré de l’émotion sur la patinoire, qu’il avait déployé un effort soutenu et que les leaders s’étaient tous levés, je me disais que la défaite ne scierait pas les jambes des joueurs du Tricolore.

Je me disais que de Michel Therrien jusqu’au pilote de l’Airbus à bord duquel le Canadien a effectué son envolée en direction de Chicago et tout le monde dans l’entourage du Canadien s’accrocheraient aux nombreux aspects positifs du match qu’il venait de disputer... et de perdre.

Qu’une fois à destination, le Canadien descendrait de l’avion confiant de pouvoir battre les Blackhawks, chez eux, malgré le fait qu’il disputera un deuxième match en deux soirs alors que les Hawks seront frais et dispos après un samedi soir de congé.

« Nous devions gagner ce match »

Denis Gauthier qui a vécu des expériences du genre au cours de sa carrière dans la LNH m’a poliment rappelé à l’ordre. Sur le plateau de l’Antichambre, avant même le début de l’émission, avant même qu’on entende les commentaires des joueurs du Tricolore, Denis m’assurait que des défaites comme celle que le Canadien venait d’encaisser faisaient très mal. Qu’elles sapaient le moral des troupes. Un moral qui est déjà sérieusement sapé dans l’entourage du Canadien.

Denis avait raison. Et comment!

Après une solide partie au cours de laquelle il a marqué un but et ajouté une passe, un match au cours duquel lui et ses compagnons de trio – Brendan Gallagher et Tomas Plekanec – venaient de récolter un total de cinq points (deux buts) et d’obtenir 22 tirs, Max Pacioretty était malgré tout débiné. À plat. Vidé. Démoralisé.

« On devait gagner ce match », a-t-il plusieurs fois répété.

« Les bonnes équipes gagnent ce match. Les équipes moyennes gagnent ce match. On doit prendre les moyens pour être une bonne équipe et gagner. En avant 3-2 avec cinq minutes à faire, on n’avait pas le droit de perdre cette partie. »

Et non, la soirée historique de Brian Elliott – ses 46 arrêts représentent un sommet personnel en carrière – n’ont pas remonté ne serait-ce qu’un peu le moral de Pacioretty : « On dirait qu’on fait très bien paraître tous les gardiens que nous affrontons », a conclu le capitaine qui ne semblait vraiment pas trouver de réconfort dans les nombreux aspects positifs de la rencontre.

Il faut dire qu’après une 15e défaite – une première en prolongation ou tirs de barrage – lors des 19 dernières parties, il est difficile de trouver un brin d’encouragement.

Mais je croyais vraiment que le point arraché ferait contrepoids au point perdu. Surtout que le point d’extra qui s’ajoute à la fiche des Blues ne fait pas mal au Canadien dans une course aux séries qui est de plus en plus corsée.

Que non! Ce point était surtout démoralisant.

Même le fougueux Brendan Gallagher qui avait trouvé le moyen de déranger les Blues toute la soirée et qui affichait ses plus beaux sourires sur la patinoire malgré les baffes qu’il a encaissées lors des échauffourées qu’il a provoquées ne souriait plus.

« On doit être meilleurs. On doit gagner », qu’il a répété une, deux, trois, quatre fois. Lorsqu’une question pourtant bien positive associée à tout ce que son équipe avait fait de bien et de bon dans la défaite lui a ensuite été posée, Gallagher a lâché un grand soupir avant d’ajouter : « On doit être meilleurs, on doit gagner. »

Comme quoi la défaite a vraiment fait mal.

Erreurs coûteuses

Malgré tout ce qu’il a fait de bien, le Canadien a quand même couru à sa perte en se rendant coupable d’erreurs bêtes. Des erreurs qui n’ont pas été nombreuses, mais qui ont été très coûteuses.

Andrei Markov portera pendant quelques heures le bonnet réservé au responsable de la défaite en raison du revirement dont il s’est rendu coupable en prolongation. Un revirement qui a ouvert la porte à une attaque des Blues et au but décisif de Jori Lehtera. Son sixième but de la saison, son deuxième but gagnant de l’année.

ContentId(3.1169311):LNH : les Blues l'emportent 4 à 3 en prolongation contre le Canadien
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Après que Tomas Plekanec eut donné les devants 3-2 au Tricolore, Mark Barberio et Mike Condon se sont très mal compris derrière le filet. Au lieu d’amorcer une relance qui s’annonçait facile, les deux joueurs ont perdu la rondelle et les Blues ont nivelé les chances 44 secondes après le filet de Plekanec.

Les Blues n’avaient eu besoin que de 67 secondes pour répliquer au but de Max Pacioretty qui avait donné les devants 2-1 au Tricolore à mi-chemin en période médiane.

C’est aussi une vilaine couverture défensive qui a permis aux Blues de prendre les devants 34 secondes seulement après le début de la rencontre.

Sept attaques massives : un but

Au-delà de ces buts rapides accordés aux Blues, le Canadien n’a pas aidé sa cause en se contentant d’un but lors de sept avantages numériques qu’il a obtenus. Sept attaques massives qui lui ont permis de passer 11:54 à cinq contre quatre et 33 secondes à cinq contre trois.

P.K. Subban a marqué l’unique but du Canadien sur les 15 tirs qu’il a obtenus lors de ses sept attaques massives. Subban a enfilé son troisième de la saison sur un tir décoché en tombant à la ligne bleue. Le défenseur aurait pu ajouter un ou deux buts s’il n’avait pas raté la cible aussi souvent – 4 tirs bloqués et 3 autres hors cible – qu’il ne l’a touchée avec ses sept tirs cadrés.

« Un des bons matchs des vétérans »

« Les chances étaient là, c’est un signe encourageant », a assuré Michel Therrien dans un très court point de presse.

Même si les appels à son congédiement se font de plus en plus insistants de la part des partisans, Michel Therrien doit garder le moral. Il doit s’assurer que ses joueurs chasseront rapidement les émotions négatives qui les tenaillaient après la rencontre. Il devra ensuite tenter de trouver une façon de les motiver avec les aspects positifs relevés dans la défaite à Saint Louis en guise de préparation au match difficile qui les attend dimanche au United Center. Il devra aussi, et surtout, attiser la confiance fragile de ses joueurs en leur rappelant qu’ils ont tenu tête aux champions de la coupe Stanley pas plus tard que jeudi dernier, qu’ils n’ont perdu que par un but et qu’une victoire dimanche, contre les Hawks, à Chicago, pourra les propulser vers des jours meilleurs.

Plus facile à dire qu’à faire. Je le sais très bien. Mais Michel Therrien doit trouver une façon d’y arriver. Il n’a pas le choix. Si on ne peut pas lui reprocher le fait que ses joueurs n’arrivent pas à remplir les filets adverses, c’est son rôle de bien les préparer, de les motiver. Avec la performance offerte samedi – laissez le résultat de côté – il me semble clair que les joueurs du Canadien semblent loin d’avoir abandonné leur coach malgré les défaites qui s’accumulent. Mais si ces joueurs perdent ce qui leur reste de confiance, l’avenir du coach à la barre du Canadien sera alors sérieusement menacé.

Entre les lignes

Rappelé du club-école à la faveur de Daniel Carr et de Sven Andrighetto, Jacob De La Rose a connu un match timide à sa première rencontre. Malgré les quatre mises en échec que les marqueurs officiels lui ont accordées, je n’ai pas trouvé qu’il a assumé une grande présence sur la patinoire. Je me demande d’ailleurs encore pourquoi le Canadien a décidé de le préférer à Daniel Carr. Vrai que Carr avait peut-être baissé de régime un brin ou deux, mais il méritait un poste avec le grand club à mes yeux. On va donner quelques matchs à De La Rose qui est peut-être de retour à Montréal en transit avant de prendre la direction d’une autre équipe par le biais d’une transaction...

Alexei Emelin a asséné la meilleure mise en échec du match et peut-être de la saison pour le Canadien lorsqu’il a envoyé Paul Statsny cul par-dessus tête avec un solide coup d’épaule dans la poitrine le long de la bande en zone neutre.

Le Canadien a été solide aux cercles des mises en jeu avec une efficacité de 58 %. Il a surtout excellé en avantage numérique (9 en 10 = 90 %) et à court d’un homme (2 en 3 = 67 %)

Après sa récolte de 41 points après les 26 premiers matchs de la saison, le Canadien a récolté samedi à Saint Louis un neuvième point seulement à ses 19 dernières rencontres...

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