MONTRÉAL – Tim Bozon n’est pas aveugle, encore moins sourd, paralysé ou amputé de ses deux jambes.

Près de cinq mois après avoir été projeté dans le coma par une méningite bactérienne et avoir échappé aux pires séquelles, l’espoir du Canadien est plus vivant que jamais, tout comme son rêve d’ailleurs.

« Quand je suis sorti de l’hôpital, c’est sûr que j’ai craint de ne plus pouvoir jouer au hockey, mais au fond de moi, j’y ai toujours cru. Beaucoup de personnes n’y croyaient plus, et peut-être qu’il y en a encore, mais je n’ai rien lâché », insiste Bozon en entrevue avec le RDS.ca.

Si bien que le choix de troisième tour du Tricolore en 2012 s’apprête à quitter le confort du domicile familial pour défendre les couleurs de la France avec d’autres compatriotes de moins de 23 ans en République tchèque à la fin du mois. Il se mesurera alors à des professionnels de clubs slovaques et tchèques de première division.

« Je vais jouer six matchs en 10 jours, c’est comme un mini-camp d’entraînement pour évaluer les jeunes. Je n’ai jamais l’habitude de participer à ces camps, mais j’en ai fait la demande parce que je pensais que ça me ferait du bien de monter l’intensité pendant 10 jours et d’être en forme de match. »

« Je serai aussi davantage en mesure de déterminer si je pourrai ou non prendre part au camp d’entraînement du Canadien le 8 septembre », ajoute-t-il.

Un objectif qui relevait pourtant bien plus de l’utopie que de la réalité à sa sortie de l’hôpital le 28 mars dernier, à Saskatoon.

« Que ce soit les personnes autour de moi ou bien les docteurs, peu d’entre eux auraient sans doute prédit que je serais de retour sur la glace à ce niveau-là dès maintenant. Tout en tâchant d’être raisonnable et de suivre le programme, on peut dire que oui, je suis en avance sur mon plan de remise en forme », acquiesce-t-il.

Tim BozonUne question de finition

Récupérer de son « accident », comme il l’appelle, ne s'est toutefois pas fait sans heurts pour Bozon.

« J’avais perdu 18 kilos. C’était la chose la plus dure à accepter après des années de travail à tenter de prendre du poids chaque été. Je ressemblais plus à un cycliste qu’à un joueur de hockey. »

C’est sans compter toute la force physique qu’il a dû regagner.

« Des pompes et des redressements assis, j’en ai fait toute ma vie, mais je n’arrivais même pas à en faire deux. »

Petit à petit, Timothé le rescapé est donc redevenu Timothé le hockeyeur. Des quelque 40 livres qu’il a perdues, il en a récupéré plus d’une trentaine.

« Je suis à deux ou trois kilos (5-6 livres) de ce que j’étais avant (199 livres). J’ai encore un mois et demi devant moi et c’est très faisable. Si je peux en prendre un peu plus, pourquoi s’arrêter? Il faut y aller tranquillement et je pense que d’ici septembre je serai redevenu comme avant. »

« Je travaille dur, alors c’est assez intense et fatigant, mais je me sens bien, renchérit Bozon. Mes dernières semaines de préparation approchent et je pense pouvoir retrouver la forme à 100 % d’ici septembre. Sur la glace, j’ai presque tout récupéré. C’est une question de finition maintenant. »

Encore et toujours Hamilton

Depuis qu’il a remis les pieds dans ses patins le 5 juin dernier pour la toute première fois depuis son match du 28 février avec le Ice de Kootenay, Bozon a donc renoué avec son rêve.

« Qui aurait cru que peu de temps après l’accident, je serais de retour sur la glace. Le simple fait de pouvoir patiner pendant une heure et de lancer des rondelles était fabuleux. J’étais comme un gamin dans un magasin de bonbons », se remémore celui qui a amassé 33 buts et 36 mentions d’aide en 63 rencontres la saison dernière avec le Ice et les Blazers de Kamloops.

« Ça fait du bien de reprendre une vie normale »

Bozon a depuis enchaîné les sessions d’entraînement dans le gym et sur la patinoire, notamment sous la supervision de son paternel Philippe, un ancien des Blues de St Louis.

Après avoir fait l’impasse sur le camp de développement du Canadien de son plein gré au début du mois, car il n’aurait pas été dans une forme optimale, Bozon met donc le cap sur le prochain camp d’entraînement du CH. Puis, il tournera ensuite son regard vers Hamilton.

« Mon objectif est de faire comme si rien ne s’était passé et suivre le chemin qui m’était destiné. Avant même d’être malade, mon plan était d’abord la Ligue américaine. Ça n’a pas changé, je veux jouer professionnel à Hamilton l’an prochain. Je prends les étapes une à la fois afin de redevenir le joueur que j’étais, voire plus, et ensuite gagner ma place à Hamilton. »

D’ici là, Bozon compte profiter de la vie, tout simplement. Car mieux que quiconque, il sait très bien qu’il ne peut se projeter trop loin devant. Le destin s’est déjà chargé une fois de le lui rappeler.

« Je sais ce que c’est maintenant que de travailler et d’obtenir les choses par moi-même. Je suis parti de rien cet été et j’ai compris que tout est possible en y mettant du sien et du travail. Je suis certain que cela fera de moi un meilleur joueur de hockey. Qui sait, c’est peut-être cette maladie qui me permettra d’atteindre mon rêve. »