Avec une 46e victoire en saison et la mise en banque des 98e et 99e points au classement, les hommes de Michel Therrien continuent d’étonner la plupart des amateurs et des observateurs. Nombreux sont ceux qui croyaient que l’équipe commençait à montrer de véritables signes de défaillance plus tôt en mars, mais les choses ont rapidement repris le cap observé depuis le début du calendrier. D’ailleurs, on peut se demander s’il y eut vraiment un « passage à vide » car je considère que le Canadien a été meilleur qu’on le croit lors de ce court segment.

En oubliant le match à San José et la cinglante correction à Ottawa, les choses auraient pu tourner différemment lors des défaites à Anaheim, Los Angeles et Tampa. Dans le premier cas, le Tricolore a disputé son meilleur match dans l’ouest, mais s’est buté à un gardien intraitable en John Gibson. N’eut été de la punition à Lars Eller en fin de troisième période, à Los Angeles, il aurait pu légitimement célébrer la victoire après l’un de ses beaux retours au cours des dernières saisons. On a presque assisté au même scénario à Tampa, lundi dernier.

Bref, au cours des 11 derniers matchs, certains n’y voient que la récolte de cinq victoires. D’autres n’y voient que les quatre défaites en temps règlementaire. Personnellement, je retiens surtout que l’équipe n’a jamais perdu son sang-froid ni sa confiance, n’encaissant jamais plus de deux francs revers consécutifs au cours de la période. Je retiens aussi qu’elle vient de remporter trois de ses quatre derniers matchs avec des ingrédients rassurants pour l’entraîneur-chef et… pour les joueurs aussi!

Carey dominant, P.K. aussi!

Certes, le brio de Carey Price constitue, et de loin, le tout premier de ces facteurs. Price ne montre aucun signe de fatigue, ni sur le plan physique, ni sur le plan mental. En fait, c’est tout le contraire. Il semble plus frais et dispos, plus zen que jamais! L’adversaire a beau chercher à le déranger davantage, à chaque match, il réussit encore et toujours à tenir le fort de façon exceptionnelle, soir après soir. Il n’y a maintenant plus un seul doute dans mon esprit : le Hart et le Vézina lui reviennent de plein droit! Le Jennings viendra automatiquement si la tendance se maintient. Mais il y a plus.

Sans diminuer la contribution des autres défenseurs, il y aussi le brio de P.K. Subban! Depuis la pause du match d’étoiles, Subban a non seulement retrouvé tout son aplomb, mais il a atteint un niveau de performance jusqu’ici inégalé en carrière. Si ses chiffres étaient intéressants en première moitié de saison, il manquait de constance, tant dans l’exécution que dans la prise de décision. Mais depuis plusieurs semaines, il est dominant, presque à chacune de ses présences sur la patinoire et cela inclus son travail remarquable en zone défensive. Il fut un temps pas si lointain où Michel Therrien hésitait encore à l’utiliser dans les situations délicates de fin de match ou de période. Plus maintenant.

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Encore samedi, contre les Sharks, il a bloqué trois tirs et passé près de 26 minutes sur la patinoire. Il a aussi décoché quatre tirs au but. Fait aussi intéressant qu’important à noter, Subban n’a pas visité le banc des pénalités une seule fois au cours des 11 derniers matchs, même s’il a constamment l’adversaire sur le dos! Il a donc gagné en maturité, même sur le plan de la discipline, ce qu’on lui reprochait il n’y a pas si longtemps encore. En séries, on sait qu’il sera ciblé, comme Price. Cette façon accrue de contrôler ses émotions lui sera donc extrêmement utile. Et surtout, extrêmement utile à l’équipe.

Une attaque modeste, mais mieux équilibrée

Personne ne va le nier : l’attaque du Canadien demeure modeste par rapport à ses rivaux immédiats. Mais au cours des cinq derniers matchs, on constate de plus en plus que chaque membre de l’équipe veut contribuer à la cause commune, à chaque présence sur la patinoire. À défaut de produire à un rythme effréné, l’attaque du Canadien est maintenant devenue l’affaire de tous et chacun. Voilà un autre facteur positif en vue du dernier droit et l’amorce des séries. Tomas Plekanec a une fiche de 3-4=7, au cours de la période. Brendan Gallagher a deux buts et une passe, Pierre-Alexandre Parenteau trois passes, etc.

Par ailleurs, bien que modestes sur le plan des statistiques, les acquisitions récentes de Marc Bergevin ont visiblement créé une saine compétition au sein de son personnel de soutien. Même si la blessure à Torrey Mitchell change un peu la donne, il n’en demeure pas moins qu’il y a une nouvelle dynamique qui s’est installée récemment. Le sommaire des matchs le prouve indéniablement, pas seulement au niveau des points amassés, mais des tous les autres aspects du jeu. Quand un entraîneur peut utiliser un quatrième trio pour une bonne douzaine de minutes et son troisième, à raison de près de 15 minutes par match, c’est un véritable bonus à ce stade de la saison où on cherche à gérer le mieux possible la dépense d’énergie.

Le travail des entraîneurs

Il sera extrêmement difficile de choisir l’entraîneur de l’année dans la LNH à l’issue de cette saison. C’est à nous les commentateurs et analystes que revient cette tâche et il y a longtemps que l’on a vu une liste aussi longue de candidats valables.

« Carey a été Carey »

À cette liste, il faut assurément inclure le nom de Michel Therrien. Je vous le dis tout de suite, il est de mes trois finalistes. Il est trop facile de dire que Carey Price fait foi de tous les succès. Therrien et ses adjoints ont accompli un travail colossal.

La position inespérée du Canadien au classement survient à un moment où cette équipe est encore en phase de « construction ». Il y a plusieurs très jeunes joueurs, un manque de profondeur ici et là, quelques vétérans qui approchent la fin de leur carrière, bref, un mélange intéressant mais loin de représenter sur papier une formule rêvée.

Or, Therrien et sa bande ont su composer admirablement avec les carences de l’équipe et ainsi éviter qu’elle s’enlise dans une longue série d’insuccès. Si certains ont décrié les nombreux changements de cap au niveau des trios et de l’utilisation de chaque joueur, force est d’admettre que la grande majorité des décisions furent profitables, parfois au-delà des espérances. Il y eut plusieurs étincelles qui ont provoqué de bons résultats, qu’il s’agisse des nombreux mouvements au centre, de l’utilisation judicieuse d’employés de soutien comme Dale Weise ou des petites visites sur la galerie de presse judicieusement imposée ici et là.

Loin d’avoir créé un tumulte au sein des troupes, toutes ces décisions semblent au contraire cimenter davantage l’esprit d’équipe étanche qui existe présentement.