La capacité à rester en santé, le talent et le système de jeu, voilà les trois principaux facteurs dictant le succès d’une équipe de hockey. Malgré le mantra absurde, répété maintes fois, voulant « qu’il ne faut pas utiliser les blessures comme excuse, mais que... », la vérité demeure que les blessures ont un impact direct sur l’échelle de talent d’une équipe et que cette même échelle a un impact immédiat sur le nombre de victoires et de défaites.

La LNH est compétitive à ce point.

Le talent s’exprime principalement par l’habileté d’exécution d’une équipe et il a un impact direct au moment de générer des chances de marquer. Le système de jeu influence également cette facette du jeu, mais dans une moindre mesure. L’élément sur lequel le système de jeu exerce la plus grande influence est l’habileté d’une équipe à maximiser le temps passé en possession de la rondelle en zone offensive, tout en limitant le temps passé sans la possession du disque en zone défensive.

Pour poser un regard objectif sur la saison du Canadien de Montréal, il faut analyser individuellement l’impact des blessures, de l’échelle de talent et du système de jeu dans le temps. Expliqué simplement, quand les blessures ont-elles commencé à avoir un impact sur les performances de l’équipe? Quand l’échelle de talent a-t-elle affecté les performances de l’équipe? Finalement, quand le système de jeu a-t-il influencé les performances de l’équipe?

Octobre

Le Canadien de Montréal a conclu le mois d’octobre avec une fiche de 10-2 et il n’y a pas eu de blessure significative au cours de ce mois.

Nombre de chances de marquer générées en moyenne : 15,3 (13e)
Nombre de chances de marquer accordées en moyenne : 14,7 (15e)
Temps passé en possession du disque en zone offensive : 5:03 (2e)
Temps passé sans la possession du disque en zone défensive : 4:07 (10e meilleur)
Pourcentage d’arrêts face aux tirs provenant du bas de l’enclave : ,843

En ce qui concerne le système de jeu, le Canadien a maintenu le plus haut taux de dégagements tentés depuis le territoire défensif au sein de la LNH lors du mois d’octobre et le deuxième plus faible taux de rejets en territoire adverse. Autrement dit, cela nous indique que Montréal a dégagé la rondelle depuis son territoire défensif plus souvent que n’importe quelle autre formation de la LNH, alors qu’il a transporté la rondelle en zone offensive avec plus de régularité que toutes les équipes de la LNH, à l’exception d’une seule. Montréal a mené la LNH au chapitre des jeux défensifs complétés en zone neutre lors de ce mois et le CH a maintenu le deuxième plus faible taux de revirements commis en zone défensive. Les performances de Carey Price ont influencé le pourcentage d’arrêts de l’équipe face aux tirs provenant du bas de l’enclave au cours du mois d’octobre, celui-ci étant neuf points de pourcentage supérieur à la moyenne de la ligue.

Novembre

Le Canadien de Montréal a conclu le mois de novembre avec une fiche de 8-2-1. Au cours de ce mois, le groupe de joueurs réguliers ayant manqué plusieurs parties inclut Carey Price, Alexei Emelin, Torey Mitchell et Brendan Gallagher.

Nombre de chances de marquer générées en moyenne : 14,6 (9e)
Nombre de chances de marquer accordées en moyenne : 12,5 (9e)
Temps passé en possession du disque en zone offensive : 4:55 (4e)
Temps passé sans la possession du disque en zone défensive : 3:47 (6e meilleur)
Pourcentage d’arrêts face aux tirs provenant du bas de l’enclave : ,754

En ce qui concerne le système de jeu, le Canadien de Montréal a commencé à dégager la rondelle moins souvent depuis son territoire défensif, ce qui est logique considérant qu’Emelin (qui a manqué plusieurs rencontres) a mené la LNH pour la majorité de la saison au chapitre du nombre de dégagements tentés depuis son territoire défensif. Comme mentionné ci-haut, le pourcentage d’arrêts de Montréal face aux tirs provenant du bas de l’enclave fut proche de la moyenne de la ligue au cours de ce mois, celle-ci étant alors de ,755. Le Canadien a poursuivi sa domination en zone neutre, se classant 3e dans la LNH pour la récupération de rondelles en zone neutre.

Décembre

Le Canadien de Montréal a conclu le mois de décembre avec une fiche de 3-11-1. Au cours de ce mois, le groupe de joueurs réguliers ayant manqué plusieurs parties inclut Carey Price, Jeff Petry, Torey Mitchell, Tom Gilbert et Brendan Gallagher.

Nombre de chances de marquer générées en moyenne : 14,6 (14e)
Nombre de chances de marquer accordées en moyenne : 13,5 (12e)
Temps passé en possession du disque en zone offensive : 5:05 (5e)
Temps passé sans la possession du disque en zone défensive : 3:55 (5e meilleur)
Pourcentage d’arrêts face aux tirs provenant du bas de l’enclave : ,731

Montréal a continué de faire un excellent travail en limitant le temps passé dans sa zone défensive sans la possession de la rondelle, tout en se classant au cinquième rang de la LNH pour le temps passé en possession du disque en zone adverse. Seulement quatre équipes de la LNH ont dégagé la rondelle avec plus de régularité que Montréal lors de ce mois. Cependant, le taux de revirements commis par Montréal en zone défensive est passé du deuxième plus faible au huitième plus faible lors des deux premiers mois du calendrier. En décembre, le Canadien se classa au 13e rang de la LNH à ce chapitre. Alors que les totaux de Montréal concernant les chances de marquer sont demeurés stables au cours de ce mois, son nombre de tirs décochés depuis l’enclave a chuté substantiellement. Le CH se classait au 3e rang pour les tirs frappant la cible depuis l’enclave lors du mois de novembre, il s’est classé au 19e rang lors du mois décembre à ce chapitre. Ce fut également le premier mois où le pourcentage d’arrêts de Montréal face aux tirs provenant du bas de l’enclave chuta sous la moyenne de la LNH, ce qui était un aperçu de ce qui attendait l’équipe dans cette facette du jeu à partir du mois de janvier.

Janvier

Le Canadien de Montréal a conclu le mois de janvier avec une fiche de 3-7-1. Au cours de ce mois, le groupe de joueurs réguliers ayant manqué plusieurs rencontres inclut Carey Price, Daniel Carr et Tom Gilbert.

Nombre de chances de marquer générées en moyenne : 14,5 (13e)
Nombre de chances de marquer accordées en moyenne : 12,5 (4e)
Temps passé en possession du disque en zone offensive : 4:36 (15e)
Temps passé sans la possession du disque en zone défensive : 3:39 (1er)
Pourcentage d’arrêts face aux tirs provenant du bas de l’enclave : ,558

Ce fut le premier mois où Montréal a réellement ressenti le fait que ses gardiens n’ont pas su voler de partie. Lors du mois de janvier, seulement trois équipes de la LNH ont accordé moins de chances de marquer que Montréal, alors qu’aucune autre équipe n’a passé moins de temps dans son territoire défensif sans avoir la possession de la rondelle. Malgré les chiffres impressionnants que Montréal a maintenus en défense, le pourcentage d’arrêts de l’équipe face aux tirs provenant du bas de l’enclave a chuté à 20 points sous la moyenne de la LNH lors du mois de janvier, le CH ayant maintenu un pourcentage d’arrêts d’à peine .558. Encore une fois, le système de jeu efficace du Canadien en Montréal a permis de limiter le nombre de chances de marquer accordées au cours de ce mois, mais il y a eu des baisses au chapitre des jeux complétés en échec avant, des entrées de zone effectuées en possession du disque et des récupérations de rondelle effectuées en territoire adverse. Ceci a véritablement limité l’habileté du Tricolore à augmenter son temps passé en possession du disque en zone offensive.

Février

Le Canadien de Montréal a conclu le mois de février avec une fiche de 6-6-1. Au cours de ce mois, le groupe de joueurs réguliers ayant manqué plusieurs rencontres inclut Carey Price, Daniel Carr, Tom Gilbert, David Desharnais, Jeff Petry, Paul Byron et Brian Flynn.

Nombre de chances de marquer générées en moyenne : 14,3 (20e)
Nombre de chances de marquer accordées en moyenne : 14,8 (15e)
Temps passé en possession du disque en zone offensive : 4:32 (16e)
Temps passé sans la possession du disque en zone défensive : 4:08 (8e meilleur)
Pourcentage d’arrêts face aux tirs provenant du bas de l’enclave : ,707

Ce fut le premier mois où l’on a été en mesure de constater que les blessures ont commencé à influencer la capacité de Montréal à générer des chances de marquer et à limiter de telles chances. Le temps passé en possession de la rondelle fut aussi limité au cours de ce mois, alors que le temps passé en zone défensive par le CH sans la possession du disque a légèrement augmenté. Cependant, il demeura plus bas (ce qui est une bonne chose) que toutes les autres équipes de la LNH, à l’exception de sept d’entre elles. Montréal fut en mesure de limiter le temps passé dans son territoire défensif en continuant de bien faire en zone neutre. Lors du mois de février, le Canadien se classa au premier rang pour les jeux défensifs complétés en zone neutre et au cinquième rang au chapitre des récupérations de rondelle effectuées en zone neutre. L’impact des blessures s’est manifesté au chapitre du taux de rejets en territoire offensif tentés par Montréal, alors que seulement sept équipes de la LNH ont rejeté le disque dans le territoire offensif (au lieu de le transporter) avec plus de régularité que le Canadien lors du mois de février. Encore une fois, le pourcentage d’arrêts de l’équipe face aux tirs provenant du bas de l’enclave fut dommageable au cours de ce mois, se situant 5 points de pourcentage sous la moyenne de la LNH.

Mars

Le Canadien de Montréal a conclu le mois de mars avec une fiche de 5-9-1. Au cours de ce mois, le groupe de joueurs réguliers ayant manqué plusieurs rencontres inclut Carey Price, Daniel Carr, Tom Gilbert, David Desharnais, Jeff Petry, P.K. Subban, Brendan Gallagher et Brian Flynn.

Nombre de chances de marquer générées en moyenne : 12,1 (29e)
Nombre de chances de marquer accordées en moyenne : 15,6 (17e)
Temps passé en possession du disque en zone offensive : 4:09 (23e)
Temps passé sans la possession du disque en zone défensive : 4:30 (12e meilleur)
Pourcentage d’arrêts face aux tirs provenant du bas de l’enclave : ,650

La perte du meilleur patineur de Montréal, PK Subban, s’est réellement ressentie lors du mois du mars. Montréal s’est seulement classé au 29e rang pour les chances de marquer générées au cours de ce mois, alors que le nombre de chances de marquer accordées a grimpé à 15,6 en moyenne par rencontre, un sommet cette saison. La perte de ce talent exceptionnel s’est également ressentie à travers un manque de temps passé en possession du disque en zone adverse, alors que le temps passé sans la possession de la rondelle en territoire défensif a augmenté, bien qu’il demeura suffisamment bas pour que Montréal se classe parmi les 12 meilleures équipes de la LNH à ce chapitre. Lors du mois de mars, la perte de talent brut dans la formation de Montréal se fit remarquer par une augmentation du taux de rejets en zone adverse et une baisse substantielle du nombre de tirs décochés depuis l’enclave frappant la cible. En effet, Montréal décoché en moyenne seulement 7,1 lancers sur le filet adverse depuis l’enclave lors du mois de mars, se classant au 27e rang de la LNH à ce chapitre.

À première vue, les ennuis ou les succès d’une équipe peuvent facilement être exprimés à l’aide de clichés ou de mots vides de sens. Cependant, la réalité est que les équipes de la LNH connaissent des ennuis à différents moments de la saison pour diverses raisons. Les réponses faciles sont parfois fondées, mais il est paresseux de toujours se rabattre sur de telles réponses pour juger la totalité de la saison. Alors que les systèmes de jeu influencent la partie de façon importante dans plusieurs facettes, les blessures et l’échelle de talent feront toujours la différence entre la victoire et la défaite dans la LNH. La vérité se révèle dans l’analyse chronologique de ces facteurs.