MONTRÉAL – Quand les joueurs du Canadien ont posé leurs valises au retour d’une escale à Chicago, début novembre, les sources d’optimisme étaient nombreuses et justifiées.

 

Après avoir complété une spectaculaire remontée à Winnipeg, le Tricolore venait de blanchir les Blackhawks sur leur propre patinoire et revenait à la maison pour deux semaines complètes. Six matchs consécutifs à domicile constituaient leur avenir à court terme et on se disait « Ça y est, fini les folies ». Après le passage raté des Golden Knight de Vegas au Centre Bell, les hommes de Claude Julien se sont retrouvés à un seul petit succès d’une fiche paritaire, symbole du proverbial seuil de la respectabilité.

 

L’automne commençait à peine à se faire incisif, mais ça sentait le long printemps à Montréal. Aujourd’hui, la première neige n’est pas encore tombée que le Canadien a l’air d’une équipe morte et enterrée.

 

Fraîchement humilié par les Maple Leafs de Toronto, le CH vient de conclure son séjour à domicile avec une fiche de 2-3-1. À ses cinq derniers matchs, il a été blanchi à deux reprises et s’est incliné contre un club qui n’avait jusque-là remporté que deux petites parties.

 

Le capitaine Max Pacioretty a refusé d’inclure la plus récente défaite des siens dans une perspective plus globale. « Je me soucie uniquement de ce qui est arrivé ce soir », a-t-il préféré répondre avant de faire la triste analyse de la performance du jour.

 

« Quand les équipes adverses viennent au Centre Bell, ils doivent avoir l’impression qu’il n’y a pas un endroit où il est plus difficile de jouer. Dernièrement, ça n’a pas été le cas », a accepté de résumer, de manière on ne peut plus parfaite, le gardien Charlie Lindgren.

 

Le dossier de 8-11-2 du Canadien fait dur, mais pas autant que le différentiel entre ses buts marqués et ceux accordés qui se chiffre à -23, le troisième pire de toute la Ligue. On a beau vouloir tourner les chiffres de toutes les façons, il faut se surpasser pour trouver du beau présentement dans l’univers des Glorieux.

 

« C’est inacceptable, on le sait tous, a dit l’attaquant Phillip Danault. Surtout aujourd’hui, à la maison, ça ne se fait pas. Il faut qu’on se serre les coudes et qu’on trouve un moyen de se rassembler parce que ça ne sera jamais facile. Il faut trouver un moyen de gagner. »

 

Après avoir publiquement vilipendé ses joueurs pour la première fois de la saison après la défaite contre les Coyotes de l’Arizona jeudi, Claude Julien doit maintenant trouver une autre façon – plus efficace, de préférence - de stimuler ses troupes. Comment s’y prendra-t-il?

 

« Après un match comme celui-là, la dernière chose à faire est de répondre à cette question. Il faut espérer que la nuit porte conseil, il faut prendre la bonne décision. Ça ne veut pas dire que ça sera une décision facile, mais au bout du compte, il faut trouver une façon d’être une meilleure équipe de hockey. »

 

Lindgren surtaxé?

 

Les récents déboires du Canadien sont aussi, par association, ceux de Charlie Lindgren. Après une introduction impeccable à la LNH – il est devenu le premier gardien du Canadien depuis Wayne Thomas en 972-73 à remporter les cinq premiers départs de sa carrière – le cerbère de 23 ans démontre présentement ses premiers signes de vulnérabilité.

 

À ses deux dernières sorties, Lindgren a accordé dix buts sur 59 lancers. Contre les Leafs, sa générosité a incité Claude Julien à confier à Antti Niemi son premier mandat dans l’uniforme du Canadien.

 

Malgré des statistiques peu reluisantes, il serait injuste de désigner le jeune portier comme l’un des responsables de la déroute tricolore. Le niveau de talent collectif du Canadien devrait être suffisant pour lui permettre de survivre à l’absence d’un joueur clé. Si ce n’est pas le cas, c’est dans les bureaux des patrons, et non entre les deux poteaux, que toute recherche pour un coupable doit commencer.

 

Mais devant l’absence de progrès visible dans la guérison du gardien numéro un, il est au moins naturel de se demander si le jeune auxiliaire est assez solide pour résister à une charge de travail grandissante.

 

« Mentalement, je vais bien, a rassuré Lindgren. Je le répète, c’est une période excitante pour moi. Je veux en profiter et batailler avec ces gars-là. Ça prend des victoires et c’est mon travail de les aider. »

 

Le Canadien disputera deux matchs en 24 heures, mardi à Dallas et le lendemain à Nashville, cette semaine. Julien profitera peut-être de l’occasion pour donner un peu de répit à un gardien qui montre des signes d’essoufflement après avoir obtenu sept départs consécutifs.

 

« Physiquement, je me sens bien, a ajouté Lindgren. Je suis habitué de jouer beaucoup de matchs, il n’y a pas de problème. » ​