Il y a peu de temps, on n’aurait jamais cru émettre une telle réflexion. Mais avec un peu de recul, il est à se demander si l’absence prolongée de Brendan Gallagher n’aura pas plus d’effet sur le rendement du Canadien que celle de Carey Price récemment.

Comprenons-nous bien! Il est impossible de remplacer à moyen et long terme le meilleur gardien au monde. C’est bien évident. Mais pour une courte période d’à peine une dizaine de matchs, le Canadien a très bien survécu à la blessure de son gardien étoile. Il y eut, bien sûr, le rendement de Mike Condon, qui fut globalement plus qu’à la hauteur des attentes raisonnables. Mais la grande différence entre le Canadien de cette saison et celui de 2014-2015, c’est l’attaque et c’est elle qui a su principalement prendre la relève au cours du séjour de Condon devant le filet. L’équipe lui a donné cinq matchs de quatre buts ou plus et a marqué sept fois en supériorité numérique. Ce n’est pas rien.

Lourde perte pour le Canadien

Or, bien que tous les attaquants du Canadien aient mis l’épaule à la roue depuis le début de la saison, Brendan Gallagher a contribué de façon gigantesque à la cause de son équipe. Non seulement a-t-il maintenu jusqu’ici une moyenne de près d’un point par match (ce qui est déjà remarquable), mais il s’est carrément défoncé à chacune de ses présences sur la patinoire. De toutes les manières possibles. La façon dont il s’est blessé, dimanche, en est d’ailleurs la preuve éloquente. Il s’est courageusement placé devant l’un des meilleurs tireurs de la LNH, Johnny Boychuk, et n’a jamais hésité à en subir les conséquences. Avec le résultat que l’on connaît, malheureusement.

Si Max Pacioretty fut choisi capitaine de l’équipe avant le début de la saison pour toutes les bonnes raisons et si Carey Price s’avère encore et toujours l’outil principal de cette confiance collective qui anime le Canadien de Montréal, je crois sincèrement que Brendan Gallagher est en voie de s’établir comme l’âme et le cœur du Tricolore sur la patinoire, en situation de match. Celui qui donne l’exemple et qui inspire le plus, de la première mise en jeu jusqu’à la dernière sirène. Il est le grand leader sur le terrain et place lui-même la barre à une hauteur supérieure, pour lui et pour les autres. Fait remarquable, il démontre ces qualités autant à l’étranger qu’à domicile, quel que soit l’adversaire.

On parle beaucoup de « profondeur » chez le Canadien depuis le début de la saison. Plus que jamais on aura besoin de la contribution de tous dès mercredi contre les Rangers. Il sera intéressant de voir si on peut combler, en bonne partie du moins, ce trou béant créé par l’absence prolongée de Brendan Gallagher.

Galchenyuk : vitesse et… responsabilité?

À la question de Marc Denis, à propos des raisons expliquant son excellent match contre les Islanders, dimanche au Centre Bell, Alex Galchenyuk a répondu sans hésiter : « la vitesse de mes ailiers »!

On savait déjà que Lars Eller en possédait une bonne dose mais c’est la première fois qu’on donnait un essai à Sven Andrighetto aux côtés du jeune joueur de centre. Et force est d’admettre que ce fut concluant, du moins pour l’espace d’une rencontre. Car à n’en pas douter, Andrighetto peut aussi patiner à un rythme très élevé. Et il possède un bon sens de l’attaque.

On a d’abord cru qu’il fallait un vétéran aux côtés de Galchenyuk, un vétéran de même souche ethnique en plus. Mais « l’expérience Semin » s’est avérée catastrophique jusqu’ici, autant pour les individus concernés que pour le trio dans son ensemble. On a aussi pensé qu’il lui fallait plutôt un ailier agressif et au fort gabarit, pour créer de l’espace en zone offensive mais malgré quelques bons moments ici et là, Devante Smith-Pelley ne fut pas la solution idéale non plus. Pas plus que Paul Byron, qui manque un peu de ressources sur le plan hockey.

Bref, Galchenyuk aura connu son meilleur match avec un joueur de la Ligue américaine à sa droite. Un joueur rapide, certes, mais un joueur de la LAH néanmoins. Peut-être qu’il n’y a pas que la vitesse d’Andrighetto qui a fait la différence, aux côtés de Galchenyuk, finalement. Peut-être s’est-il senti aussi plus responsable de l’allure générale de son trio et qu’il en a tiré une plus grande confiance. Quand ce jeune surdoué aura appris à conjuguer talent brut et exécution, qu’il croira véritablement en ses moyens tout en gardant les pieds sur terre, il y a tout lieu de croire qu’il deviendra l’étoile qu’on voyait en lui le jour où il fut repêché au troisième rang en 2012. Il peut faire tellement de choses remarquables sur une patinoire…

Et Semin?

On jase: Semin ne doit pas remplacer Gallagher

Il y eut un bref moment d’espoir vendredi à Brooklyn, en début de rencontre. Mais c’est tout. Quand Brendan Gallagher a quitté la rencontre de dimanche, je suis de ceux qui croyaient qu’Alexander Semin allait sauter sur cette merveilleuse occasion d’évoluer au sein du premier trio, avec Tomas Plekanec et Max Pacioretty, et qu’il allait démontrer qu’il appartient encore à l’élite de la LNH. Ce fut tout le contraire!

Incapable de suivre le rythme, il s’est vu encore piégé bêtement en repli défensif et a écopé d’une pénalité qui aurait pu coûter la victoire à son équipe. Le visage de Michel Therrien a failli s’étirer jusqu’au sol! On ne peut qu’endosser sa décision de l’avoir cloué au banc pour le reste du match.

Je ne sais pas ce que la direction du Canadien compte faire dans le cas de Semin mais je crois sincèrement qu’il est nettement préférable de donner une occasion de se faire valoir à un jeune joueur du club-école que d’espérer « l’impossible ». Sven Andrighetto a été beaucoup plus utile à l’équipe dimanche que le vétéran de 31 ans ne l’a été. Et même si Smith-Pelley revient, Andrighetto mérite de jouer aux côtés de Galchenyuk, mercredi à New York, contre les Rangers.

Semin, lui, mérite de retourner sur la galerie de la presse!