Un vol signé Carey Price
Canadiens vendredi, 17 janv. 2014. 01:06 samedi, 14 déc. 2024. 08:41Auteur de trois, cinq, sept peut-être même dix vols de grand chemin aux dépens des Sénateurs, Carey Price devrait avoir passé la nuit en prison et non dans un chic hôtel de Toronto. Et au lendemain de cette nuit en prison le cautionnement réclamé en échange de sa remise en liberté aurait pu être salé.
Mais peu importe ce montant, le Canadien l’aurait payé sans rechigner afin de s’assurer sa présence devant le filet samedi soir.
Et si Geoff Molson avait manqué de liquidité, il n’aurait eu qu’à faire signe aux dirigeants d’Équipe-Canada qui auraient glissé les mains dans leurs poches profondes sans la moindre hésitation afin de pouvoir compter sur le gardien du Canadien aux Jeux de Sotchi.
Car avec une performance comme celle réalisée aux dépens des Sénateurs, Price a maximisé ses chances de mettre la main sur le poste de gardien numéro un.
Carey Price a réalisé 40 arrêts hier soir, dont 34 au cours des deux premières périodes, pour garder ses coéquipiers dans le match. Des coéquipiers qui ne le méritaient pas, mais alors là pas du tout, tellement ils ont abandonné leur gardien au cours des 40 premières minutes de jeu.
Des coéquipiers qui l’ont toutefois récompensé en troisième alors que Tomas Plekanec, le meilleur joueur du Canadien hier soir, a nivelé les chances à mi-chemin du dernier tiers pour pousser le match en prolongation.
Après une soirée difficile, P.K. Subban a propulsé son équipe vers une victoire de 5-4 en déjouant le gardien Craig Anderson qui devra porter le bonnet d’âne dans ce revers. Subban a surpris la défensive des Sénateurs et s’est rendu jusqu’au gardien qu’il a déjoué à l’aide d’un tir faible. Presque raté. La rondelle a glissé lentement entre les jambières d’Anderson pour à peine traverser la ligne rouge.
Mais elle l’a traversée.
«Ce n’était pas un bon tir du tout et j’ai été chanceux, mais c’est le résultat qui compte et nous avons gagné. Il y a des soirs où nous jouons très bien et rentrons au vestiaire les mains vides. D’autres fois, et c’est le cas ce soir, on ajoute deux points au terme d’un mauvais match. On a quand même pris l’avance 3-0. Mais une fois en avant, on a cessé de porter attention aux détails. On les a laissés contrôler le jeu et ils ont su en profiter», a commenté Subban qui a célébré avec exubérance son huitième but de la saison. Son premier but gagnant.
Comme tous ses coéquipiers, son entraîneur-chef et même son directeur général Marc Bergevin qui a attendu que les journalistes quittent le vestiaire pour aller féliciter son gardien, Subban a ensuite imputé la victoire à la performance phénoménale de Carey Price.
«Il a volé le match un point c’est tout», a tranché Subban.
«Carey ! Carey ! Carey !», m’a ensuite répondu Tomas Plekanec dans un coin du vestiaire lorsque je lui ai demandé d’expliquer la victoire.
Pendant que ses coéquipiers ont marqué les trois premiers buts de la rencontre sur leurs cinq premiers tirs, Carey Price s’est mis à voler ses adversaires. Un arrêt de la mitaine ici, une sortie de la jambière là, un plongeon sur la gauche, une autre, deux autres, trois autres arrêts de la mitaine.
Au lieu de tirer de l’arrière 0-3, les Sénateurs auraient dû être largement en avance. Des buts de Clarke MacArthur et Erik Karlsson ont ravivé les espoirs des Sens et de leurs partisans en fin de première.
Deux autres de Bobby Ryan et Kyle Turris ont remis les pendules à l’heure dans ce match que les Sénateurs auraient dû facilement dominer.
Après deux périodes, Price avait affronté 38 tirs. Plus que ce nombre imposant, c’est la quantité et la qualité des occasions de marquer offertes aux Sens qui sautaient aux yeux. Car des 38 tirs, certainement 12 à 15 se sont traduits par de très bonnes occasions de marquer.
Sur les médias sociaux, on se demandait ce que Price ferait une fois rentré au vestiaire après la période médiane. En fait non. On se demandait quelle serait l’intensité de la colère qu’il piquerait, le vocabulaire qu’il adopterait et le nombre de bâtons qu’il casserait.
«Il s’est dit des choses c’est bien évident. Le genre de choses qui se disent quand on perd une avance et qu’on ne joue pas de la façon dont on devrait», a admis Price sans toutefois lever le voile sur ce qui s’est dit et ce qui s’est fait.
Après la victoire, sa 22e de la saison, et une troisième période au cours de laquelle il n’avait affronté que six tirs, Price affichait un calme désarmant. Comme s’il avait connu une petite soirée tranquille.
«On se fait canarder lors des entraînements pour être en mesure de faire face à des matchs comme celui de ce soir», a simplement répondu Price quand on lui a demandé comment il se sentait après une soirée aussi mouvementée.
«Je verrai comment je me sentirai demain, mais pour l’instant tout va bien», a ajouté Price lorsqu’on lui a demandé s’il comptait réclamer un vendredi de congé.
Messages à passer
Même si son équipe a gagné, Michel Therrien ne pouvait célébrer et mettre de côté les deux périodes atroces que son équipe a disputées avant de se réveiller un brin ou deux en troisième. Et bien que la victoire ait apaisé la colère qui le ravageait après 40 minutes de jeu, l’entraîneur-chef a reconnu qu’il s’assurerait de mettre rapidement certaines choses au clair.
«Il y a des messages qui doivent être passés en dépit de la victoire et ils le seront», a tranché Therrien comme s’il en faisait une promesse.
«C’est évident qu’il y a bien des choses qu’on n’a pas aimées ce soir lors des deux premières périodes. Sans Carey et sa performance, nous ne sortirions pas d’ici avec des points au classement», a reconnu l’entraîneur-chef du Tricolore.
«Je ne sais pas ce qui nous arrive depuis un certain temps, mais on laisse bêtement filer des avances qui devraient être pourtant suffisantes. Je ne sais pas si c’est un manque de concentration, d’effort ou d’implication, mais ça ne peut plus durer», a indiqué Plekanec qui a inscrit les premier et quatrième buts de son équipe au terme d’échappées.
La première a été obtenue lors d’un désavantage numérique alors que Travis Moen a servi une passe parfaite à son coéquipier qui a filé seul du centre de la patinoire jusqu’au gardien Anderson qu’il a déjoué d’un bon tir bas sous le bouclier.
Josh Gorges, en bloquant un tir avec son patin, a permis à Moen de se retrouver avec la rondelle à la ligne bleue. Gorges a d’ailleurs obtenu une passe qui l’a aidé à composer avec la douleur.
Plekanec a obtenu sa deuxième échappée en milieu de troisième lorsque Brian Gionta l’a repéré au centre de la patinoire.
Plekanec a tenté de déjouer Anderson qui a toutefois eu le dessus sur lui. Arrivant en repli, le défenseur Jared Cowen a ensuite poussé la rondelle derrière son gardien.
Max Pacioretty, à l’aide d’un tir sur réception d’une passe parfaite de David Desharnais, et Desharnais, qui a mystifié la défensive des Sénateurs avec deux belles feintes, ont marqué les deuxième et troisième buts du Canadien.
Rene Bourque?
Des messages qu’il aura à livrer au lendemain de cette victoire volée aux Sénateurs, Michel Therrien devra en consacrer quelques-uns à Rene Bourque qui a une fois encore été lamentable hier soir.
Malgré ses 20 présences totalisant plus de 15 minutes d’utilisation, Bourque n’a rien fait de bon. Il n’a pas même été foutu d’obtenir un tir au but. De fait, il n’en a même pas tenté un seul.
Pourquoi l’avoir autant utilisé alors que Daniel Brière, Michael Bournival et même Travis Moen ont passé plus de temps que Bourque sur le banc ?
«C’était un match physique et nous voulions avoir plus de poids sur les ailes», a plaidé Michel Therrien.
Du poids ! On veut bien. Et il est vrai que Bourque a asséné quatre mises en échec. Mais quand même. Ce joueur doit en donner beaucoup plus qu’il n’en donne actuellement. Surtout qu’il semble profiter d’une immunité face aux réductions de temps de glace qui sont réservées aux autres.
Lars Eller a aussi connu un match lamentable. Brandon Prust n’a rien cassé non plus.
Remarquez que les joueurs du Canadien n’ont pas cassé grand-chose. Exception faite de Carey Price qui a cassé les reins et le moral de bien des joueurs des Sénateurs avec ses arrêts sensationnels et ses vols de grand chemin.
Chiffres du match
2 – les défenseurs Jared Cowen et Eric Gryba sont les seuls patineurs des Sénateurs à ne pas avoir obtenu au moins un tir sur Carey Price hier…
5 – Max Pacioretty a permis à l’attaque à cinq du Canadien de freiner à cinq sa série de matchs consécutifs sans avoir su profiter des attaques massives. Avec un but marqué en une occasion, le Tricolore est 1 en 18 à ses six derniers matchs…
6 – Le premier but de Tomas Plekanec était le 6e du Canadien marqué à court d’un homme cette saison et le sixième accordé par les Sénateurs lors d’attaques massives…
8 – Sans tambour ni trompette, Brendan Gallagher a obtenu 8 des 23 tirs du Canadien hier…
13 – Beaucoup plus actifs que les joueurs du Canadien hier, les Sénateurs ont volé 13 rondelles au cours du match d’hier…
40 – C’était la quatrième fois cette saison que Carey Price faisait face à 40 tirs ou plus au cours d’un match. Il a remporté une victoire de 4-1 à Vancouver (40 tirs) et encaissé des défaites en prolongation contre Tampa Bay (45 tirs) et en Caroline (42 tirs)…
55 – C’est à Nashville, en 2009, que Carey Price a connu sa soirée la plus occupée en carrière alors qu’il avait réalisé 53 arrêts dans un revers de 2-0 aux mains des Predators…
57 – C’est le triste record du Canadien en matière de tirs accordés à un adversaire. Les Penguins de Pittsburgh l’ont établi en mars 1974 dans le cadre d’une rencontre que le Tricolore avait malgré tout gagnée 5-4…
80 – les joueurs des deux équipes ont asséné un total de 80 mises en échec hier : 36 pour le Canadien – Alexei Emelin a donné le ton avec 7 – et 44 pour Ottawa alors que Mark Stone a égalé le total du défenseur du Canadien…