À ce moment-ci de l'année, les partisans du Canadien souhaitent que Marc Bergevin et ses acolytes effectuent une évaluation adéquate et réaliste des besoins de l'équipe et des décisions qui doivent en écouler durant l'entre-saison.

Une première signature d'importance a été réalisée, alors que les services du convoité défenseur Jeff Petry ont été retenus pour six autres saisons. Mais si Petry constituait la grosse prise de la haute direction du CH, quoi donc peut-il faire d'autre afin de faire passer ses effectifs à l'échelon supérieur?

La semaine dernière, j'ai suggéré que le Canadien doit tenter de dénicher des joueurs de plus grande taille, mais pas sans égard à la position du joueur. Les chiffres recueillis pointaient vers une nécessité d'ajouter de grands joueurs parmi les attaquants, surtout ceux sur qui l'on mise pour une production accrue de buts. Le texte publié proposait une courte liste de joueurs autonomes qui pourraient s'avérer des ajouts intéressants pour le Tricolore en raison de leur grandeur.

Cette semaine, je me suis plutôt penché sur les facteurs qui pourraient potentiellement augmenter l'efficacité des Montréalais en termes de possession de rondelle. Alors que la série finale de la Coupe Stanley a pris son envol, il est pertinent de noter que quatre des cinq derniers champions se sont retrouvés dans le top-5 des clubs de la LNH quant au ratio Corsi en saison régulière. Et cette saison, ce ne sera pas différent.

Les Blackhawks de Chicago ont terminé au deuxième rang à ce chapitre (à forces égales), tandis que le Lightning de Tampa Bay s'est classé quatrième. Le Canadien, loin derrière, a pris la 23e place dans le circuit Bettman cette année. C'était la troisième fois lors des quatre dernières campagnes que les hommes de Michel Therrien figuraient parmi le troisième tiers de la ligue dans cette facette du jeu.

Tout dépend du contexte

Pour ceux à qui l'on doit le rappeler, le ratio Corsi permet de déterminer la fréquence à laquelle un joueur - ou ses partenaires de jeu - ont le contrôle de la rondelle durant ses minutes passées sur la patinoire à égalité numérique. Pour ce faire, on calcule le nombre de tirs décochés (ceux qui ont touché la cible comme ceux qui l'ont ratée et ceux que l'adversaire a bloqués). Simplement dit, plus le nombre de tirs tentés est élevé et que le nombre de lancers permis sur son propre filet est bas, mieux s'en portera le ratio Corsio d'un patineur.

Dans cette analyse, je passerai en revue les statistiques propres à deux dimensions. La première est celle du ratio Corsi à cinq contre cinq. La deuxième donnée sera de déterminer la fréquence à laquelle un joueur amorce un jeu en zone offensive, toujours à égalité numérique. Ainsi, on pourra comparer le nombre de mises en jeu prises en territoire ennemi comparativement à celles tenues en zones neutre et défensive.

Bien qu'il n'y ait pas de vérité absolue, généralement, les entraîneurs tendance à envoyer leurs joueurs aux habiletés offensives lorsque les mises en jeu se font près de la cage adverse. Inversement, les patineurs reconnus pour leur fiabilité défensive seront présents plus fréquemment lors des jeux amorcés dans leur propre territoire. Un pourcentage bas de jeux commencés en zone offensive combiné à un ratio Corsi élevé indiquent que le joueur en question est apte à prendre possesssion du disque en zone défensive et à le transporter jusqu'au territoire adverse. Logiquement, les joueurs ayant plus de difficultés à déplacer le jeu d'une zone à l'autre auront un pourcentage de jeux amorcés en territoire offensif plus élevé que la moyenne, afin de contrer leurs lacunes.

À titre d'exemple, j'utiliserai le tableau ci-dessous afin de dresser le portrait des statistiques compilées par les patineurs du Canadien au cours des trois dernières saisons. Les joueurs situés au-dessus de la ligne ont tendance à connaître des ratés en contrôle de rondelle - souvent en dépit de plusieurs mises en jeu en zone offensive - tandis que les joueurs se situant sous la ligne ont connu une possession de rondelle avantageuse.

Corsi

Torrey Mitchell exemplifie à la perfection la raison pour laquelle on ne peut se fier au Corsi en observant une seule dimension. Mitchell présente le deuxième ratio le plus bas du CH depuis 2012-2013. Toutefois, aucun joueur durant cette période n'a débuté un aussi haut pourcentage de jeux en zone défensive que Mitchell, ce qui rend son ratio plus acceptable.

Les joueurs identifiés par un point vert ont des ratios Corsi faibles, mais seulemement si l'on omet de s'attarder à l'emplacement des mises en jeu. À l'opposé, ceux qui sont identifiés par un point rouge sont assurément avantagés par le nombre de jeux commencés en territoire offensif. Imaginez combien de buts Max Pacioretty aurait pu ajouter à sa récolte si ses coéquipiers et lui avaient contrôlé le disque plus souvent.

On se demande aussi si Lars Eller et Brandon Prust ne devraient pas bénéficier de plus de temps de glace en raison de leurs habiletés en ce qui a trait au jeu de transition. Afin de réaliser des progrès à cet égard la saison.

Dans l'optique d'améliorer leurs chiffres en contrôle de la rondelle, Bergevin et son personnel de décideurs devront identifier des joueurs autonomes dont le ratio Corsi ressort du lot par rapport à l'emplacement des mises en jeu, et se tenir loin de ceux qui n'offrent pas un bon ratio.

Le deuxième graphique recense chaque joueur autonome ayant disputé au moins 100 parties dans la LNH depuis 2012. Une fois de plus, j'ai identifié avec du vert les joueurs dont le ratio est affaibli par la régularité avec laquelle ils débutent le jeu en zone défensive, et en rouge les joueurs pour lesquels la situation est inversée.

Corsi

Il y a trois principaux types de joueurs dont il faut se méfier : l'homme fort (Brian McGrattan et John Scott), le joueur actuel ou ancien porte-couleurs des Sabres de Buffalo (Andrej Meszaros et Chris Stewart), de même que le joueur offensif dont le ratio Corsi ne serait pas si élevé si ce n'était pas du fait qu'il est souvent présent sur le jeu pour des mises en jeu en territoire adverse (Mike Ribeiro et Brad Richards).

Cependant, Montréal bénéficierait de se tourner vers des joueurs qui tirent le maximum de situations difficiles. Je parle ici de joueurs qui se démarquent par leur échec-avant ou leur niveau d'énergie soutenu, tels qu'Erik Condra, Kyle Brodziak et Brad Richardson. Une fois de temps à autre, on peut même dénicher la perle rare, comme le gagnant du trophée Conn-Smythe en 2014, Justin Williams, des Kings de Los Angeles.

Il est crucial que les équipes telles le Canadien utilisent à bon escient les statistiques à leur disposition afin de faire des choix éclairés durant la saison morte. Mais cette analyse démontre bien que se donner trop d'importance à une seule donnée est un jeu dangereux. Elle doit toujours être remise en contexte afin d'en tirer des conclusions sensées. Finalement, il faut aussi se rappeler que le contrôle de la rondelle est évaluée d'une ligne des buts à l'autre, de la zone défensive à la zone offensive.