Même si j’étais à Orlando et non au Centre Bell, même si je suivais le match avec une oreille collée sur le petit haut-parleur de mon ordi au lieu de le voir se dérouler sous mes yeux du haut de la galerie de presse, il était facile d’imaginer Carey Price multiplier les arrêts devant son filet. Facile de voir Price garder son équipe dans le match. Facile de voir la pierre angulaire du Canadien transformer une fois encore ce qui, pendant deux périodes, avait toutes les allures d’une défaite bien méritée en victoire improbable.

Une victoire de 2-1 arrachée en prolongation.

Une victoire, une autre, signée Carey Price qui ne pouvait pas trouver une meilleure façon de démontrer que la blessure qui l’a gardé à l’écart du jeu contre les Sénateurs et les Islanders n’étaient vraiment pas sérieuse.

Pour être bien honnête, il n’y a que le spectacle saisissant – une première pour moi de visu – de l’ascension vers l’espace de la fusée Atlas V dans le ciel clair et étoilé du centre de la Floride et quelques phrases bien senties du discours à la nation de Barack Obama qui m’ont sorti de la bulle dans laquelle j’étais plongé en écoutant la description du match Canadien-Predators, la description des 36 arrêts du gardien du Tricolore.

Pas question de minimiser la contribution de P.K. Subban qui a marqué le but de la victoire. Un P.K. dominant qui a aussi préparé le but égalisateur en effectuant un tir-passe qui a permis à Alex Galchenyuk d’inscrire son premier but après un passage à vide de neuf rencontres.

Pas question de minimiser la qualité de l’attaque massive qui a donné au Canadien les deux buts dont il a eu besoin pour vaincre des Predators de Nashville qui – et c’est une statistique phénoménale – encaissait hier un deuxième revers de suite pour la toute première fois cette saison.

Mais sans les arrêts de Carey Price en première et deuxième périodes, il aurait fallu bien plus qu’un P.K. impérial, bien plus qu’une attaque massive qui a maintenant donné sept buts au Tricolore à ses quatre derniers matchs pour permettre au Canadien d’amorcer le long congé de la pause du match des étoiles avec une victoire, une autre, une deuxième de suite, une troisième en quatre matchs, une 12e lors des 16 dernières parties, une 29e en 45 matchs disputés jusqu’ici cette saison.

« Sans les arrêts de Carey, l’issue de la rencontre aurait peut-être été différente », a d’ailleurs convenu l’entraîneur-chef Michel Therrien dans ses commentaires d’après-match.

Non Michel Therrien n’a pas oublié d’encenser P.K. Subban et le reste de l’équipe. S’il ne se gêne pas pour rabrouer son défenseur vedette de temps en temps – et il faut admettre que P.K. lui a donné souvent l’occasion de le faire depuis le début de la saison – Therrien a louangé son défenseur vedette après la partie soulignant sa grande implication face aux Predators mardi et aux Islanders samedi.

Deux gros adversaires, deux grosses équipes, deux clubs de premier plan que le Canadien a battus relevant ainsi de brillante façon le défi qu’il n’avait pu complètement relever en première portion de saison : celui de battre les gros clubs.

En passant, P.K. qui joue depuis deux matchs à la hauteur de son talent, de sa réputation et du contrat qu’il a obtenu est rendu à quatre buts gagnants sur les 11 qu’il a marqués cette saison. Subban a aussi établi un record pour un défenseur du Canadien – selon le Elias Sports Bureau – avec son 4e but en prolongation depuis que la LNH a instauré les périodes supplémentaires.

Comme quoi ceux qui le pointaient du doigt en raison de la nonchalance qu’il affichait trop souvent depuis le début de la saison en revendiquant des efforts plus soutenus avaient bien raison de le faire.

Parce que je ne voyais pas le match et qu’il est impossible de se fier aux commentaires des coachs qui sont soit lésés ou favorisés dans ces situations et moins encore aux médias sociaux, je ne peux me prononcer sur le fait que la pénalité décernée aux Predators en prolongation était justifiée ou non.

Mais comme il y a une semaine à peine on se moquait sans retenue de « l’attaque passive » du Canadien, avançant même que Michel Therrien devait songer à refuser supériorités numériques tant son club était plus menaçant à cinq contre cinq, il serait bête de prétendre que cette pénalité à vraiment tout changer. Même si elle a sans doute aidé la cause du Canadien un brin ou deux.

Mais un fait demeure : après sa remontée victorieuse de mardi face aux Predators, le Canadien affiche maintenant une récolte de 11 points (5-12-1) dans le cadre de matchs au cours desquels il tirait de l’arrière après 40 minutes de jeu.

Comme il l’a fait encore hier, et c’est pour cette raison qu’il passera la fin de semaine avec les autres étoiles de la LNH à Columbus et qu’il est un sérieux candidat aux trophées Hart et Vézina, Carey Price a certainement permis à son équipe d’effectuer ces remontées en privant ses adversaires de quelques buts qui auraient mis toutes ces parties hors de portée. Mais ce sont ses coéquipiers qui ont marqué les buts qui ont couronné ces remontées de victoires.

Comme quoi le Canadien n’a pas seulement un gardien pour le garder dans le match, mais il a aussi un club qui trouve le moyen d’en profiter.

Est-ce que ça durera?

Impossible de répondre à cette question. Mais dans le sport, parfois, la logique tend à pointer dans une direction alors que les résultats pointent dans une direction inverse.

Et comme en fin de compte ce sont les résultats qui comptent vraiment, le Canadien et ses fans ont de bonnes raisons d’en profiter pour célébrer et jouir d’un long congé bien mérité.

Je suis à Orlando pour assister au salon annuel international du golf où avec les autres membres de l’équipe de l’émission « Au 19e » je prépare la prochaine saison qui sera présentée sur RDS dès le printemps.