Quand une équipe accorde le premier but, qu’elle tire de l’arrière après une période et plus encore lorsqu’elle accuse un retard après 40 minutes de jeu, elle perd beaucoup plus souvent qu’elle ne gagne.

La saison est encore bien jeune, c’est vrai, mais après sept matchs, le Canadien fait mentir ces statistiques. Et comment!

L’an dernier, le Canadien a remporté neuf victoires (9-23-5) dans le cadre des matchs au cours desquels il a accordé le premier but.

Après sept matchs cette année, il affiche déjà cinq victoires et un seul revers.

L’an dernier, le Canadien a remporté six victoires seulement (6-11-4) lorsqu’il tirait de l’arrière après 20 minutes de jeu. Son bilan après cinq matchs est déjà de cinq victoires. À ce rythme, il surpassera les 13 gains signés par les Sharks de San Jose qui affichaient le meilleur dossier de la LNH (13-9-1) alors qu’ils tiraient de l’arrière avec une période.

Mieux encore!

L’an dernier, le Canadien s’est contenté d’une fiche de 3-24-4 (24e fiche dans la LNH) dans le cadre des matchs au cours desquels il accusait un retard après deux périodes.

Au lendemain de sa remontée orchestrée au dernier tiers aux dépens des Wings, le Tricolore revendique déjà le même nombre de gains (3-1) cette année. Sept de moins que les Islanders de New York qui ont été les meilleurs de la LNH en pareilles circonstances.

On ne se contera pas d’histoire :

Le Canadien finira sans doute par se brûler s’il maintient cette tendance amorcée depuis le début de saison d’attendre longtemps, parfois très longtemps, avant de jouer à la hauteur de son potentiel pour finalement renverser ses adversaires.

Mais il est impératif de reconnaître le caractère et la confiance affichée en dépit de ces reculs au pointage. Une confiance que P.K. Subban attribuait après la rencontre aux succès remportés le printemps dernier en séries éliminatoires. « Nous avons effectué ce genre de remontées lors des séries et cela nous aide à garder confiance cette année. Il faut croire en nos chances pour réaliser ces remontées et quand je regarde autour de moi dans ce vestiaire, je vois plein de joueurs qui savent que nous sommes maintenant capables de revenir dans n’importe quel match », assurait Subban qui s’est fait complice, avec Max Pacioretty, du but gagnant enfilé par David Desharnais 56 secondes après le début de la période de prolongation.

Il fallait voir le visage de Desharnais grimaçant de plaisir en regardant ses coéquipiers qui filaient vers lui après avoir quitté rapidement le banc pour réaliser que les joueurs du Tricolore prennent un malin plaisir à savourer ce genre de remontée.

Une remontée qui semblait pourtant improbable après deux périodes malgré le fait que les Wings ne profitaient que d’une avance de 1-0.

Detroit en plein contrôle

Mardi matin alors qu’ils étaient seuls sur la patinoire du Centre Bell, les Red Wings étaient étourdissants à regarder aller. Rapides sur leurs patins, ils multipliaient les passes en zigzaguant dans tous les sens sur la surface glacée. Les passes étaient vives. Les passes étaient précises. L’impact des rondelles frappant les lames des bâtons résonnait en pétarades aux quatre coins du domicile du Canadien.

Pendant deux périodes, les joueurs de Mike Babcock jouaient comme ils avaient pratiqué en matinée. Ils multipliaient des passes tout aussi vives et précises malgré la présence des joueurs du Canadien devant eux. Ils contrôlaient le jeu. La LNH ne comptabilise pas le temps de possession de la rondelle, mais après 40 minutes de jeu, à vue de nez du haut de la galerie de presse, on aurait juré que ce temps de possession favorisait les Wings. Et pas mal à part ça.

Des preuves : après deux périodes, les Wings avaient décoché 46 tirs en direction de Carey Price. 23 cadrés, 18 bloqués en défensive, cinq seulement ayant raté la cible. Le Canadien en revendiquait alors 34 : 21 cadrés, neuf bloqués, quatre hors cible.

Autre preuve, le Canadien avait asséné 16 mises en échec alors que les Wings s’étaient commis à neuf reprises.

Pour tirer 12 fois de plus que l’adversaire et pour encaisser le double – ou à peu près – de mises en échec, il faut avoir la rondelle plus que l’autre équipe. Et c’est exactement ce qui se déroulait sur la patinoire du Centre Bell.

Carey Price, avec de solides, importants et opportuns arrêts a fait ce qu’il devait faire : garder son équipe dans le match en limitant les Wings à un tout petit but.

À l’autre bout de la patinoire, son vis-à-vis Jimmy Howard se démenait pas mal lui aussi. Car bien qu’il avait la rondelle moins souvent que les Wings, bien qu’il semblait incapable de compléter des passes précises à l’image des Wings et qu’il multipliait des hors-jeux attribuables à de très vilaines entrées en zone adverse, le Canadien a plusieurs fois frappé à la porte du filet défendu par Howard qui n’avait rien à envier à Carey Price en fait de qualité de performance offerte.

Une troisième renversante

Puis, il y a eu la troisième période.

Une troisième période au cours de laquelle le Canadien s’est une fois encore mis en marche pour orchestrer une remontée. Une autre remontée. Et quelle remontée.

Bon! Le but refusé à Pavel «le magicien» Datsyuk sur un tourniquet complété dans l’enclave avant de décocher un tir du revers qui a mystifié Carey Price a gardé le Tricolore dans le match. C’est évident. Et bien que dans le camp des Wings on imputait au gardien du Canadien la responsabilité de l’impact avec Justin Abdelkader, un impact que l’arbitre Greg Kimmerly a relevé pour immédiatement annuler le but, la décision de l’officiel me semblait justifiée.

Remarquez que Price devra se méfier. On l’a vu effectuer ce genre de jeu à quelques reprises l’an dernier. Sentant la soupe chaude autour de son filet, le gardien de Canadien ne s’est pas gêné à quelques occasions pour aller au-devant des coups pour ensuite attirer l’attention des arbitres qui ont penché en sa faveur. C’est de bonne guerre. C’est même permis quand on s’en tient à la lettre du règlement. J’en conviens. Mais s’il développe cette habitude au point de devenir un joueur marqué par les arbitres, les décisions pourraient faire un jour faux bond au gardien du Canadien.

Au-delà ce but refusé – et je répète que je considère que c’était la décision juste – le Canadien a vraiment changé du tout au tout au dernier tiers. Il ne jouait pas mal jusque-là. Il avait même connu quelques bons moments en deuxième portion de la période médiane. Mais il ne jouait pas assez bien pour échapper à la couverture défensive serrée et efficace des Wings. Pour se sauver de l’échec avant teigneux du rival venu de Detroit.

Mais en troisième, le Canadien a donné l’effort supplémentaire pour échapper aux griffes des Wings.

Le trio de Tomas Plekanec, une fois encore le meilleur de la rencontre, a donné le ton. P.A. Parenteau a frappé à la porte sans arriver à l’ouvrir. Alex Galchenyuk a démontré une fois encore l’éventail de son talent. Il a aussi démontré de la hargne en se mesurant physiquement à Kyle Quincey en fin de deuxième période. Un corps à corps que le meilleur attaquant du Canadien a perdu.

Mais Galchenyuk s’est repris. De brillante façon. Avec moins de quatre minutes à jouer, Galchenyuk s’est vengé en remportant une bataille à un contre un aux dépens de ce même Quincey dont il s’est défait avant de surprendre Jimmy Howard en revenant devant le filet des Wings.

Sur ce jeu, Galchenyuk a bien sûr confirmé la rapidité et la précision de ses mains ; la rapidité et la précision de ses exécutions. Mais Galchenyuk a fait bien plus. Il a démontré qu’il est en train de devenir un homme. Ce qui lui permettra avant longtemps de faire reculer ses couvreurs pas seulement parce qu’ils redouteront son talent et sa vitesse, mais aussi parce qu’ils redouteront sa puissance.

Et ça, c’est une grande nouvelle pour le Canadien et ses fans. Car si, à 20 ans seulement, Alex Galchenyuk se hisse déjà au rang de meilleur attaquant du Tricolore et que les équipes adverses établiront leur stratégie défensive pour tenter de le contenir, imaginez une seconde ce qu’il pourra accomplir dans quelques années lorsqu’il sera rendu à maturité.

Il fera peur.

Tout en faisant grand plaisir à ses coéquipiers, à ses patrons, à ses fans…

Entre les lignes

Max Pacioretty méritait-il une pénalité mineure pour avoir fermé la main sur une rondelle qui l’a atteint à la gorge alors qu’il se trouvait dans la zone réservée à Carey Price ou les Wings auraient-ils dû obtenir un tir de pénalité ? Que la rondelle soit dans les airs ou qu’elle repose sur la patinoire, le même règlement s’applique : si un joueur en défensive ferme la main sur une rondelle qui se trouve dans la zone réservée au gardien, un tir de pénalité doit être accordé à l’adversaire. Sur le jeu survenu en début de deuxième période, il est clair que Pacioretty se trouvait dans la zone réservée lorsqu’il a été atteint à la gorge. Mais la reprise démontre qu’il était peut-être sorti de cette zone lorsqu’il a lancé la rondelle dans le coin. Il appert que c’est justement parce qu’il tentait de déterminer l’endroit où l’infraction a été commise que l’arbitre a mis une seconde ou deux avant de siffler l’arrêt de jeu et de finalement décerner une pénalité mineure et non un tir de pénalité...

Manny Malhotra maintient le rythme. Avec sept mises en jeu remportées sur les neuf disputées mardi, il a maintenu une efficacité sensationnelle de 79 %...

De retour au sein de l’alignement, Dale Weise a disputé un bon match en compagnie de Lars Eller et Rene Bourque au sein du troisième trio. Il a obtenu trois tirs en plus de s’imposer avec six mises en échec, le plus haut total chez le Canadien qui a totalisé 24 coups d’épaule assénés aux joueurs des Wings...

On ne peut toutefois pas écrire des commentaires aussi élogieux sur le compte de Rene Bourque qui malgré deux tirs cadrés et quatre mises en échec, n’a rien fait de vraiment concret pour lui permettre de marquer un premier but cette saison, voire de réduire au moins un peu son différentiel de moins-7 qu’il traîne en ce début de saison...

Avec Bourque qui s’enlise et Travis Moen dont l’efficacité se fait presque uniquement sentir en désavantage numérique, il est permis de se demander si le temps n’est pas venu d’offrir un premier match à Michaël Bournival samedi lors du prochain match du Canadien qui recevra les Rangers de New York au Centre Bell...

Je ne savais pas grand-chose de Riley Sheahan avant le match Canadien-Wings de mardi. Après la rencontre, je comprenais beaucoup mieux pourquoi Ken Holland a accepté de le sélectionner en première ronde (21e sélection) en 2010. Imposant physiquement, Sheahan a obtenu cinq tirs sur Carey Price. Il en a ajouté un qui a été bloqué en défensive et deux qui ont raté la cible...

C’est congé mercredi chez le Canadien. Avec une fiche de 6-1 qui lui confère le premier rang de l’Association Est et trois jours de répit avant la visite des Blue Shirts d’Alain Vigneault, il est facile de comprendre la décision de Michel Therrien de récompenser ses joueurs...