Une belle leçon de hockey
Le Canadien s'est fait culbuter 5-1 par le Lightning qui lui en a mis plein la poire samedi soir.
Il a encaissé une troisième défaite consécutive en temps réglementaire pour la première fois de la saison.
Limité à deux victoires à ses huit derniers matchs, le Tricolore vient de glisser sous la barre des ,500 pour la troisième fois seulement de la saison.
Il s'est fait poivrer le premier but dans un cinquième match de suite. Il n'a gagné qu'une fois lors de ces cinq matchs.
Il s'est retrouvé avec un recul de 0-2 pour la quatrième fois à ses cinq dernières parties.
Il a essuyé un barrage de trois buts consécutifs de l'adversaire pour la sixième fois à ses huit dernières rencontres. Sans surprise, il a perdu ces six parties.
Il a été victime de deux buts en désavantage numériques pour la deuxième fois à ses trois derniers matchs.
Toujours aussi indisciplinés, les joueurs du Tricolore ont offert six attaques massives à l'adversaire samedi. Ils sont rendus à 25 supériorités numériques offertes lors de leurs quatre derniers matchs.
Histoire d'illustrer le niveau d'indiscipline des joueurs du Canadien, ils ont accordé quatre attaques massives et plus à leurs adversaires dans 16 des 31 matchs disputés jusqu'ici cette saison.
Inversement, ils ont obtenu quatre attaques massives et plus lors de neuf fois seulement.
Et comme l'a convenu l'entraîneur-chef Martin St-Louis après la rencontre de samedi : « ce n'est pas toujours à cause des arbitres... »
Malgré toutes ces tendances qui ne témoignent rien de très bon, il serait bête de baisser la tête et de conclure que le revers de samedi, aussi cinglant soit-il, confirme que les espoirs soulevés par les quelques victoires imprévues acquises par le Canadien en début de saison sont en voie de tourner au cauchemar.
Ce serait bête, car au-delà ces victoires qui ont gonflé les espoirs, le Canadien demeure un club en reconstruction. Il ne faudrait pas l'oublier. Un club qui n'a pas d'affaire en séries. Un club qui ne devait pas même être inscrit dans la course aux séries.
Un club dont les meilleurs éléments sont jeunes, voire très jeunes, en plus d'être entourés de vétérans qui pour la plupart n'ont pas grand-chose à leur apprendre et qui ne seront plus avec eux lorsque le Canadien aura assez gagné en maturité pour être considéré comme un club pouvant reluquer avec séries les séries.
Un club qui va perdre plus souvent qu'il va gagner cette année et peut-être l'an prochain encore. Un club qui devrait être bien plus préoccupé par la manière de bien jouer au hockey que par le fait de gagner. Un club qui devrait bénéficier de votre patience.
C'est pour cette raison qu'au-delà un score final désolant et au-delà des espoirs qui se dissipent lentement, il y a quelques bonnes choses à tirer du revers de samedi.
Et je ne fais pas référence ici au fait que malgré le score tout à l'avantage de l'ennemi, les partisans du Tricolore ont lancé une vague qui a déferlé plusieurs fois autour du Centre Bell en troisième période.
Pas plus qu'au fait que le chandail bleu poudre ne soit finalement pas aussi maudit que plusieurs le prétendent puisque le Canadien est également capable d'encaisser une sévère correction en rouge... ou même en blanc!
Je fais référence au fait que les joueurs du Canadien, les plus jeunes surtout, se sont fait offrir toute une leçon de hockey.
La bonne façon de jouer au hockey
Bien qu'ils soient déjà bien installés au sein de l'élite de la LNH, les Nikita Kucherov, Steven Stamkos, Brayden Point, Anthony Cirelli, Victor Hedman et Andrei Vasilevskiy ont disputé un match que les jeunes du Tricolore devraient tous voir et revoir plusieurs fois afin de bien l'analyser et de mémoriser ce qu'ils ont appris afin de le mettre en application pour les années à venir.
Et attention! Cette leçon dépasse de beaucoup les buts marqués par les vedettes des « Bolts ». Les mentions d'aide qu'elles ont récoltées. Et même les jeux spectaculaires réalisés au cours des 60 minutes qu'a duré la leçon.
Car c'est d'abord et avant tout par leur manière de jouer que les grands leaders du Lightning ont donné une leçon de hockey aux jeunes du Canadien.
Même si les Dieux du hockey leur ont fait cadeau de mains agiles, de visions aiguisées et de sens du hockey hors du commun, les vedettes du Lightning refusent de se contenter de simplement profiter de leurs atouts en attendant que le jeu tourne de leur bord. Ils prennent tous les moyens nécessaires pour que cela arrive.
Incisif à l'attaque, Point l'est plus encore en défensive. Nick Suzuki, Cole Caufield et Josh Anderson qui obtenait une autre chance de se faire valoir au sein du premier trio l'ont appris à leurs dépens alors que Point, ses ailiers Brandon Hagel et Kucherov, leur ont compliqué la vie tout le match durant.
Vrai que Suzuki a marqué au terme d'un jeu sensationnel de Kaiden Guhle en tout début de troisième période aux dépens de Point et du premier trio du Lightning, mais le match était déjà hors de portée pour le Tricolore qui tirait de l'arrière par quatre buts. Et j'ajouterais que ces 16 secondes ont été les meilleurs du premier trio du Canadien. Un premier trio qui a été bien tranquille dans un deuxième match de suite.
Sans compter qu'après ce but, le Lightning n'a rien offert d'autre. Même que Kucherov a marqué le seul autre filet de la rencontre.
Plus tôt dans le match, alors qu'ils ne menaient que par un ou deux buts, les vedettes des « Bolts » multipliaient les jeux de base. Les jeux importants. Ceux qui font très souvent la différence dans un match. Ceux qui permettent de fermer la porte aux remontées et même de consolider des avances.
Quand Hedman plonge devant un tir frappé, les autres défenseurs n'ont pas d'autres choix que l'imiter. Erik Cernak a compris.
Quand Point, Kucherov et Hagel s'installent devant des rondelles tirées par l'adversaire, les autres peuvent difficilement se défiler.
Quand Point ou Cirelli plongent pour sortir une rondelle de la zone défensive alors que le match semble déjà bien en contrôle, ils lancent les messages qu'il n'y a que deux façons de joueur au hockey : la bonne et la mauvaise.
Et le Lightning applique la bonne. Avec les résultats obtenus samedi.
Des exemples à suivre
Vrai que le Canadien n'est pas aussi bien nanti que le Lightning en matière de talent, d'expérience et de cohésion pour ne nommer que ces trois critères.
J'en conviens.
Mais la façon dont les joueurs du Lightning défendent leur territoire, les façons dont ils s'y prennent pour prendre possession du territoire ennemi, leur manière de s'installer autour du but adverse et de gagner les batailles à un contre un méritent d'être étudiées et copiées.
Et que dire de leur attaque massive!
Le Canadien n'a pas de Hedman pour orchestrer les supériorités numériques. J'en conviens.
Mais en regardant Hedman prendre le contrôle de la situation à la ligne bleue, il était facile de réaliser qu'il ne cherchait pas à tirer des bombes en direction de Jake Allen. Il s'assurait simplement de placer des rondelles au filet ou deux joueurs les attendaient pour les dévier, pour récupérer un retour ou pour simplement compliquer le travail du gardien et des défenseurs et ainsi offrir des options à leurs coéquipiers.
Hedman a fait ce que le Canadien n'est pas arrivé à faire encore samedi. Ce que le Canadien ne fait pas assez souvent cette année. Il a permis à l'attaque massive de son équipe de marquer. Pas juste une fois, mais bien deux.
Encore hier, l'attaque massive du Canadien a été facilement muselée parce que le Tricolore aide la cause de ses adversaires plus encore que la sienne.
Jonathan Drouin, qui a globalement disputé un autre bon match – il a généré deux attaques massives en poussant des joueurs du Lightning à la faute – ne soulève pas la crainte chez l'ennemi. Parce qu'on ne craint pas son tir, parce que tout le monde sait maintenant qu'il faut se méfier d'abord et avant tout de Suzuki et Caufield, les adversaires font un parapluie devant lui pour maximiser leurs chances de couper des passes.
Ce qui arrive souvent. Trop souvent. Avec comme fâcheuse conséquence que les rondelles ne se rendent pas assez souvent au filet ennemi.
Et à moins que les tirs ne viennent des lames des bâtons de Caufield ou Suzuki, les chances de marquer sont minces.
Les conséquences néfastes associées au fait d'avoir cinq attaquants en même temps lors d'une attaque massive sont revenues hanter le Canadien lorsque Drouin s'est fait prendre une fois encore avec un cafouillage de rondelle à la ligne bleue ennemie.
Les Bolts en ont profité pour contre-attaquer. Ils ont surtout profité de l'absence de défenseur alors que Drouin, Suzuki et les autres attaquants dépêchés à cinq contre quatre ont permis à un joueur du Lightning de monter sa tente dans l'enclave et d'y attendre une passe qui est finalement venue.
On se reverra le 5 janvier...
Le Canadien reviendra au Centre Bell l'an prochain seulement : le 5 janvier alors que les Rangers de New York viendront « casser » l'année 2023.
D'ici là, il jouera sept matchs à l'étranger dans le cadre d'un voyage entrecoupé par la pause de Noël.
St-Louis a indiqué samedi que son équipe devait profiter de ce voyage pour se trouver. Que ses joueurs devaient profiter de ce voyage pour retrouver de la discipline.
Et il ne faisait pas référence au respect du couvre-feu, mais bien plus au fait que son club ne peut se permettre « de tuer des pénalités sans arrêt », comme ça arrive bien trop souvent depuis le début de la saison.
Si la tendance se maintient, le Canadien reviendra de ses escales à Phoenix (Tempe), Denver, Dallas, Tampa, Fort Lauderdale (Plantation), Washington et Nashville avec une fiche qui le rapprochera plus du dernier rang du classement général que d'une place en séries.
Ce ne sera pas la fin du monde.
Il faudra simplement alors se rappeler que le mot d'ordre des partisans en début de saison était la patience. Et se convaincre surtout de la mettre en application.