MONTRÉAL – Si les paroles de Marc Bergevin n’avaient pas convaincu les plus optimistes la veille, la tiède performance de ses joueurs mardi soir aura au moins permis de donner de la crédibilité à sa prudence.

Le directeur général du Canadien s’était sagement gardé d’encenser son équipe lors de sa plus récente sortie publique, alors qu’une séquence de six victoires consécutives venait de la propulser dans les hauteurs du classement général de la Ligue nationale. « Ça ne veut absolument rien dire », avait clamé le grand patron.

Ceux qui le trouvaient rabat-joie le savent maintenant réaliste.

Le Canadien est revenu sur Terre lors de la visite des Penguins de Pittsburgh au Centre Bell. Une équipe qui a mérité le statut de référence dans l’Association Est au cours de la dernière décennie a ramené à l’ordre celle qui aspire justement à faire partie de la même élite.

« C’est le genre de match qui te donne une bonne dose d’humilité, a observé avec justesse l’entraîneur-chef Michel Therrien après la défaite de 4-0 de son club. Ça met les choses en perspective. On réalise qu’il nous reste quand même énormément de travail à faire. »

Le Canadien n’a pas nécessairement été déclassé lors de cette première partie d’une série de quatre en six soirs. Il a répondu au son de la cloche et a suivi le rythme d’un début de match endiablé au cours duquel le premier coup de sifflet s’est fait attendre pendant près de cinq minutes. Qui peut prédire la suite si Marc-André Fleury n’a pas le dernier mot sur l’irrésistible poussée de Jiri Sekac dans les premières minutes du duel?

Les erreurs n’ont pas été si nombreuses – statistiquement, Montréal a même commis moins de revirements que ses rivaux- mais elles ont été coûteuses.

ContentId(3.1105886):Penguins 4 - Canadiens 0
bellmedia_rds.AxisVideo

« C’est la marque des bonnes équipes, faisait remarquer P.K. Subban. Ça a été un match serré, mais ça s’est quand même terminé 4-0. Ils ont trouvé des façons de marquer. »

Subban, le joueur le plus occupé des deux camps, croit que le Canadien s’est tiré dans le pied en s’éloignant de son plan de match.

« Ça ne pardonne pas contre des équipes de cette qualité. Que ce soit les Penguins, les Blues de St. Louis ou les Kings de Los Angeles, ces formations vont vous rentrer dedans pendant 60 minutes et vous êtes mieux d’être prêts pour ça. Elles vont patienter, traquer vos erreurs et quand vous en commettrez, elles vont en profiter. On l’a fait à plusieurs équipes cette année, alors c’est normal que ça nous arrive. Mais il faut apprendre notre leçon. »

La victoire de la profondeur

Au gré des victoires successives qui ont agrémenté la première moitié de son mois de novembre, le Canadien a profité d’une contribution bien répartie de son effectif. Le retour au jeu de Jiri Sekac et la promotion offerte à Brandon Prust ont eu pour effet de ranimer le trio pivoté par Lars Eller. Dale Weise s’est donné le droit de rêver à la prochaine tranche de la Coupe Molson. Pierre-Alexandre Parenteau a inscrit deux buts vainqueurs. Brendan Gallagher a mis fin à la plus longue léthargie de sa carrière. Personne n’a eu à soutenir à lui seul le poids du succès collectif.

Contre les Penguins, le Canadien a fait une indigestion en avalant sa propre recette. Prêt à affronter une équipe munie de vedettes établies, il a été battu par une brochette de joueurs de soutien.

« Épluchez leur alignement, vous verrez qu’ils ont beaucoup de profondeur. Ils sont bâtis pour gagner la coupe Stanley, ils l’ont gagnée dans le passé », constatait Subban lorsque placé devant le constat.

Les échos d'après-match

« La profondeur en attaque, c’est probablement l’atout le plus important qu’une équipe doit posséder, ajoutait Max Pacioretty. Vous pouvez suivre un gars comme son ombre tant que vous voulez, vous pouvez confronter un trio à un autre toute la soirée, mais quand une équipe peut vous faire mal avec ses quatre lignes, elle possède le plus de chances de l’emporter. »

« La bonne nouvelle, c’est que je crois qu’on peut se vanter d’avoir tout autant de profondeur qu’eux, a-t-il immédiatement ajouté. On ne l’a pas démontré ce soir, mais on l’a fait depuis le début de la saison et on souhaite pouvoir continuer à le faire. »

Ironiquement, le Canadien doit maintenant se préparer à affronter les Blues, une équipe dont les succès actuels sont principalement basés sur la production d’un trio enflammé, celui de Vladimir Tarasenko, Jaden Schwartz et Jori Lehtera.

Et les Blues arriveront à Montréal avec le même goût amer en bouche que ses hôtes : pendant que les Penguins ne concédaient rien au Centre Bell, l’équipe du Missouri était blanchie par les Bruins à Boston.

« On n’a pas fini d’affronter des bonnes équipes cette saison, alors il faut s’assurer de bien se préparer pour les matchs comme ceux-là », réalise Subban.

« Si une seule contre-performance réussit à affecter notre confiance, alors on ne mérite pas d’être dans la position qu’on occupe présentement, avance Pacioretty. Les bonnes équipes savent renverser la vapeur et c’est ce qu’on tentera de faire dès jeudi. »