Lorsqu’on regarde Nick Suzuki depuis le début de la saison, mais particulièrement depuis quelques matchs, on voit un jeune qui a gagné en assurance.

Déjà on pouvait voir qu’il était prêt sur le plan physique et psychologique pour faire le saut cette année dans la LNH. On voit aussi tout son développement et comment chaque moment important l’a préparé à faire face à la réalité du circuit Bettman.

Il a pris confiance avec tous ces matchs où l’enjeu était élevé, par exemple avec le Championnat du monde junior. Je pense que grâce à tout ça, il s’est bien acclimaté à sa nouvelle réalité.

Nous avons devant nous un jeune qui était prêt pour cette nouvelle étape et dans son cas, le bagage d’expérience, l’année supplémentaire dans le junior lui a été bénéfique.

Il a tous les outils pour connaître du succès au plus haut niveau. Nous avons tous remarqué son intelligence sur la patinoire alors qu’il parvient à repérer des coéquipiers avec aisance. Il manie aussi parfaitement la rondelle dans de petits espaces. Son coup de patin me paraît sous-estimé lorsqu’il est question de cet attaquant de 20 ans.

Même si en début d’année, on semblait croire qu’il ne pouvait pas suivre le jeu, mais bien au contraire, il est en mesure de le faire. Avec cette énumération, ce qu’il y a de plus beau dans son cas au final, c’est qu’on ne connaît pas son plafond.

C’est certain qu’il va accumuler sa part de points dans la LNH, mais dans son cas, on peut parler d’un joueur qui rend ses coéquipiers autour de lui meilleurs et ce type de joueur se fait rare.

Il s’est mérité un poste aux côtés d’Ilya Kovalchuk et les opportunités que Claude Julien lui a présentées, Suzuki a su non seulement les créer en lui forçant la main, mais il a aussi été capable d’en profiter.

Il s’est retrouvé dans le rôle d’un joueur de profondeur en début de saison, mais il remplissait bien tous ses mandats sans faire mal sur le plan défensif. Il est d’ailleurs très responsable et je suis d’avis qu’il ne causera pas d’ennui à son entraîneur dans son territoire.

C’est évident qu’il va continuer à faire des erreurs de « jeunesse », mais on ne le voit pas tricher et être paresseux, donc c’est encourageant. C’est d’ailleurs de cette façon que Claude Julien lui a donné des responsabilités sur le plan offensif.

On est peut-être peu habitué à Montréal de voir de jeunes joueurs dans cette position où on veut en quelque sorte les voir produire, mais Suzuki s’est créé un tel environnement où il a la confiance de son entraîneur.

Pas de panique avec Kotkaniemi

Vous me voyez arriver, si la confiance est à son apogée pour Suzuki actuellement, ce n’était plus le cas pour Jesperi Kotkaniemi qui s’est retrouvé avec le Rocket de Laval.

Lorsque j’ai dit un peu plus tôt que Suzuki avait gagné en bagage d’expérience au fil des années, il faut comprendre que chaque joueur est différent, donc on ne peut pas appliquer la situation de Suzuki directement à Kotkaniemi.

La seule chose dans le cas du Finlandais, c’est qu’on peut entrevoir en quelque sorte son plafond. Ce n’est pas un désaveu envers Kotkaniemi, il n’a que 19 ans et je suis d’avis qu’il va jouer dans le top-6 du Canadien.

On est toutefois en droit de se demander s’il représentera le premier centre qu’on croyait qu’il pouvait être. Je ne suis pas inquiet qu’il pourra avoir une longue carrière avec le Canadien et si c’est comme deuxième centre, ce sera comme deuxième centre. Ce sera à lui de prouver ce qu’il peut apporter.

Je pense aussi que Kotkaniemi est arrivé à Montréal parce que la direction se cherchait un joueur de centre. Il n’était peut-être pas encore le meilleur joueur disponible à son repêchage au moment où il a été sélectionné. Évidemment, Brady Tkachuk vient immédiatement à l’esprit, mais il y a aussi le défenseur des Canucks de Vancouver Quinn Hughes.

Le genou au sol, le CH refuse d'abandonner

Le Canadien a cependant comblé un besoin au centre et Kotkaniemi a connu un très bon camp et une bonne première moitié de saison. J’ai toutefois l’impression qu’il a frappé son mur à Noël et il ne s’en est peut-être pas encore remis un an plus tard.

Je crois surtout que de son côté, à 19 ans, il était encore un adolescent et dans son approche aussi. On le sentait toujours heureux et je dirais même parfois un peu naïf. C’est une belle approche, mais lorsque ça commence à moins bien aller, c’est plus difficile à l’occasion et on l’a bien vu.

C’est maintenant une chance pour KK de se refaire une confiance avec le Rocket dans la Ligue américaine.

Joël Bouchard va sûrement lui donner beaucoup temps de glace et il pourra contrôler le jeu en avantage numérique.

Il lui reste encore beaucoup à apprendre, pas uniquement pour le hockey, mais aussi sur la préparation d’un joueur professionnel.

Il est retourné en Finlande l’été dernier pour s’entraîner, alors que le Canadien aurait très certainement souhaité pouvoir suivre d’un peu plus près son développement. Je ne suis pas certain que l’approche était la meilleure si je compare avec les résultats actuels.

Il n’est pas plus solide sur ses patins cette année, donc c’est de savoir si l’entraînement est à corriger ou s’il n’était simplement pas prêt physiquement. Je pense que c’est un mélange qui nous offre une réponse.

Je vais cependant le répéter, un joueur avec autant de talent, il faut prendre notre temps et ne pas lancer la serviette. S’il doit passer le reste de la saison, la moitié de la prochaine dans la Ligue américaine, qu’il le fasse. Il faut penser à ce qu’il y aura de mieux pour son développement en pareille situation.

*Propos recueillis par Maxime Tousignant