Il se peut que vous ne l’ayez pas remarqué, mais Nathan Beaulieu connaît une saison digne de mention. Malheureusement, il semble que le Canadien de Montréal ne s’en soit pas rendu compte alors que Beaulieu continue de bénéficier du temps de glace d’un défenseur évoluant sur une troisième paire, étant même parfois laissé sur la galerie de presse au profit de joueurs performant à un niveau nettement inférieur au sien.

En effet, Beaulieu se classe présentement au deuxième rang chez les défenseurs réguliers du Tricolore pour les points récoltés en avantage numérique et à égalité numérique proportionnellement à son temps d’utilisation. Il se classe au troisième rang pour le pourcentage de buts comptés en faveur de son équipe à armes égales. Il est également le défenseur du CH, parmi ceux ayant joué plus de 40 parties, qui a été le moins souvent sur la patinoire lorsque l’équipe adverse a marqué un but proportionnellement à son temps de jeu.

Comme le fait d’évoluer fréquemment en compagnie de P.K. Subban gonfle les chiffres d’Andrei Markov, il est possible et raisonnable d’avancer que Beaulieu fut le deuxième meilleur défenseur du Canadien offensivement cette saison. De plus, Subban a été plus efficace lorsqu’il fut jumelé à Beaulieu qu’il ne le fut en compagnie de Markov. Lorsque Beaulieu et Subban évoluaient sur la même paire, le Canadien a généré 56,9 % des tentatives de tir à égalité numérique et 63,6 % des buts. En présence de Markov et Subban, le pourcentage de tentatives de tir générées par le CH chute à 52,7 % et le Canadien marque 55,9 % des buts.

On peut aller encore plus loin en observant comment Beaulieu se compare aux autres défenseurs du Canadien, tout en accordant une attention particulière au groupe évoluant du côté gauche avec lequel Beaulieu est en compétition pour une place dans la formation.

Andrew BerkshireIl faut garder à l’esprit qu’il n’y a qu’un petit échantillon de données recueillies pour Mark Barberio, les résultats de celui-ci devant donc être pris avec un grain de sel, mais il y a plusieurs choses qu’il est possible d’apprécier dans son jeu à partir de ces données. De même, Beaulieu fait extrêmement bien comparativement à ses collègues. Il complète davantage de jeux lors des poussées offensives qu’Andrei Markov et Alexei Emelin, il récupère un grand nombre de rondelles libres et il quitte plus fréquemment son territoire défensif avec le contrôle de la rondelle que tous les autres défenseurs réguliers à l’exception de Jeff Petry.

Malheureusement, les deux défenseurs évoluant à gauche paraissant les plus faibles sont également ceux bénéficiant d’un plus grand temps d’utilisation. L’entraîneur-chef Michel Therrien s’en est beaucoup remis à ses vétérans lors de la léthargie du Canadien qui a vraisemblablement mis un terme à la saison du Tricolore.

Cependant, il faut regarder au-delà de ce que les joueurs font avec succès. Quelles sont leurs erreurs?

Andrew BerkshireAu moment d’observer les taux de revirements, la chose importante à savoir est que plus un taux est bas, meilleur il est. Les présents taux ne se basent pas sur les revirements répertoriés sur NHL.com, ceux-ci étant subjectifs et grandement imprécis puisque chaque aréna relève de façon différente les revirements. Nos taux de revirements se basent sur le nombre de fois qu’un joueur effectue un jeu en possession de la rondelle et sur le nombre de fois que l’adversaire prend possession du disque à la suite d’un tel jeu.

Nous pouvons constater que Markov commet peu de revirements en zone offensive, mais que tous les autres défenseurs gauchers y commettent plus de revirements que Beaulieu. En zone défensive et neutre, tous les défenseurs gauchers commettent plus de revirements que Beaulieu.

Les critiques formulées à l’égard de Beaulieu ne sont plus fondées. Si Beaulieu cause moins de revirements que ses coéquipiers et que le Canadien alloue moins de buts lorsqu’il est sur la patinoire que pour tout autre défenseur gaucher, où ses faiblesses se situent-elles en regard de ses coéquipiers?

Il est toujours possible de ramener à la surface des couvertures défensives ratées, mais chaque joueur du Canadien a connu de telles séquences ces deux derniers mois. En somme, il faut reconnaître que le jeu général d’un joueur importe davantage que des événements isolés ayant marqué votre mémoire. La question que le Canadien doit se poser est à quel point serait-il profitable à long terme pour Markov d’avoir un rôle plus effacé, en présumant que Beaulieu jouerait ces minutes difficiles en compagnie de Subban? Les données dont nous disposons suggèrent que ces deux joueurs, et l’équipe, bénéficieraient de cette stratégie.