Maintenant que plusieurs semaines se sont écoulées depuis l’élimination du Canadien aux mains de Henrik Lundqvist et des Rangers de New York en première ronde, les états d’âme des amateurs commencent à se dissiper. Il est désormais temps de faire une introspection.

Sur papier, le Canadien de Montréal était une bien meilleure équipe que ne l’étaient les Rangers de New York. Ceci ne repose pas que sur ma propre analyse, mais également sur les cotes des preneurs aux livres, de même que sur l’analyse de plusieurs autres pronostiqueurs intelligents dans les médias couvrant le hockey. Malgré cela, le Canadien a été seulement en mesure de gagner deux parties contre les Rangers.

Il est tentant, au moment d’analyser la répartition des tirs et des chances de marquer dans cette série, de simplement dire que le Canadien a été battu par un seul joueur, Lundqvist, alors que Carey Price a été très bon sans être étincelant, ce qui est partiellement vrai. Nous pouvons aussi dire que le Canadien a besoin de plus d’offensive, ce qui est également vrai, mais ce qui ne résume pas tout. Je crois que nous devons décortiquer davantage ce qui est survenu lors de cette confrontation, ne se limitant pas à une analyse en surface, pour savoir ce qui s’est réellement produit.

Les différentiels quant aux chances de marquerEn se référant aux outils traditionnels mesurant la qualité des tirs, le manque d’offensive du Canadien dans cette série n’est pas attribuable à un manque d’effort. Pour toutes les données, il a mieux fait que les Rangers, la plupart du temps par une marge significative, surtout quant aux chances de marquer cadrées à haut risque.

Cela pourrait en mener plusieurs à blâmer Carey Price, mais l’histoire est un peu plus complexe, ce sur quoi je reviendrai plus tard. Premièrement, je veux aborder dans quelle mesure ces données brutes peuvent être trompeuses dans une série de sept parties.

Il est vrai que le Canadien a généré une tonne de chances de marquer face aux Rangers. Bien qu’il semble avoir dominé ce duel en surface, la plupart de ces chances de marquer sont survenues lors des parties deux et trois, rencontres que le Canadien a remportées. Le Tricolore a aussi bien fait dans la quatrième partie, mais encore une fois, la plupart de ses chances de marquer dans ce match ont été générées en première période, après quoi les Rangers ont été la meilleure équipe. En effet, mis à part pour les deux parties que le Canadien a remportées, dans lesquelles il a été absolument dominant, les Rangers ont en réalité dominé Montréal quant aux tirs et aux chances de marquer dans quatre duels âprement disputés. Que cela signifie que le Canadien n’était tout simplement pas assez fort ou que l’entraîneur adverse a fait un meilleur travail est matière à débats. La réalité est que le CH a échoué au moment de remporter des parties serrées en séries, ce qu’il avait fait avec succès tout au long de la saison.

La composition de l’alignement

Une autre manière de voir les choses est de décortiquer l’alignement du Canadien pour voir comment chaque ligne et chaque paire défensive ont performé à égalité numérique, question de savoir ce qu’il en ressort.

Les performances du Canadiens en séries face aux RangersC’était prévisible, c’est la profondeur du Canadien qui l’a essentiellement trahi en séries éliminatoires, Nathan Beaulieu connaissant des ennuis et la quatrième ligne s’avérant l’un des pires résultats émanant des décisions prises à la date limite des transactions. Le bas de l’alignement des Rangers s’est révélé supérieur à celui du Canadien.

Aussi énervant que cela soit pour les amateurs au moment d’analyser cette série, comme la majorité des difficultés du Canadien étaient imputables à son désir de se grossir physiquement au détriment des habiletés, cela signifie que le quatuor à la ligne bleue et que les trois premières lignes ont rempli leur mandat, même si la production offensive n’a jamais été à la hauteur de leurs performances dans cette série de six rencontres.

Le fait que le haut de l’alignement du Canadien ait fait le travail face à une équipe aussi équilibrée que les Rangers est assez encourageant en vue de la prochaine saison. Malgré les déboires d’Alex Galchenyuk, l’un des quatre meilleurs attaquants du Canadien selon toute statistique, le CH s’est bien défendu. Malgré ce qui est peut être qualifiée de la plus faible ligne de centre de la ligue, les problèmes du Canadien en séries n’étaient pas attribuables à cette problématique à la lumière des performances qu’il a livrées.

Ceci ne veut pas dire que le Canadien ne devrait pas rectifier son problème de joueur de centre pour pivoter la première ou la deuxième ligne. Cela nous mène à la principale raison voulant que le Canadien ait perdu face aux Rangers.

Manque de créativité et de mobilité

De la manière dont est bâti le Canadien actuellement, il est en mesure d’avoir l’avantage sur les autres équipes quant à la possession du disque et aux données portant sur les chances de marquer brutes. Cependant, avec un manque de talent au centre et un corps défensif relativement lent, il a eu des difficultés dans deux facettes, ce qui lui a fait mal assez souvent : la circulation du disque avant de générer une chance de marquer et couper les passes dangereuses dans sa propre zone.

Circulation du disque avant un tir en toutes situationsAlors que le Canadien a généré des chances de marquer à un rythme effréné face aux Rangers, il était assez rare que ces chances soient précédées par une passe forçant Lundqvist à se déplacer latéralement ou à changer de position.

Pour leur part, les Rangers ont démantibulé le Canadien à l’aide de passes dangereuses, tant en contre-attaque qu’une fois bien installés en zone du Canadien, forçant Carey Price à faire d’importants déplacements latéraux et marquant à plusieurs reprises à l’embouchure du filet.

Le joueur chez le Canadien qui est le plus friand de créer ce genre de jeux est Alex Galchenyuk, lui qui semble avoir souffert d’une importante perte de confiance après avoir été muté à l’aile en fin de saison, avant d’être placé sur la quatrième ligne. Il n’a jamais été en mesure de retrouver sa touche offensive de manière significative.

Toutefois, même si Galchenyuk avait joué son meilleur hockey, se fier à lui et Radulov pour générer la plupart des jeux de passe n’est simplement pas suffisant, et cela ne remédie en rien aux problèmes défensifs.

Clairement, le Canadien doit améliorer sa créativité en attaque. Cela commence par le retour d’Alex Radulov et en trouvant la bonne chaise pour Galchenyuk (pour information, il serait à sa place au centre de Gallagher et Lekhonen sur la deuxième ligne), mais le Canadien doit aussi améliorer son alignement (Charles Hudon est un joueur valant la peine d’être mentionné ici).

Ce que je crois être le plus encourageant est qu’en regardant l’historique de Claude Julien comme entraîneur, ses équipes sont généralement très bonnes pour générer et défendre ce genre de jeux. Il est vrai qu’il a perdu les rennes en séries, mais il a répété à maintes reprises qu’il ne voulait pas changer trop de choses si tardivement dans la saison.

Si l’implantation du système de Julien a été imparfaite cette saison, nous pouvons nous attendre à des améliorations offensivement et défensivement lors du prochain camp d’entraînement qui sera totalement sous sa gouverne.

Il ne fait aucun doute que la sortie expéditive de cette année s’est avérée une déception énorme pour une équipe qui n’a pas d’autre choix que de gagner maintenant, mais cette déception n’est pas en soi une fin tragique.