MONTRÉAL – Après avoir terminé la saison régulière avec neuf points à ses neuf dernières rencontres, Mika Zibanejad était l’un des nombreux joueurs des Rangers de New York qui n’avaient pas encore donné signe de vie après les quatre premiers matchs de leur série contre le Canadien.

Jeudi soir, l’attaquant suédois a démontré que son cœur battait encore en brisant celui de l’équipe locale. Alors que Derick Brassard, contre qui il avait été échangé dans une intrigante transaction l’été dernier, déchire tout pour les Sénateurs d’Ottawa, Zibanejad est sorti de sa coquille en donnant la victoire à son équipe en prolongation.

Son premier but des séries a transformé en immense déception la tension à couper au couteau qui régnait dans le Centre Bell. Disons qu’Alexander Radulov avait été un héros beaucoup plus populaire dans des circonstances similaires lors du match numéro deux.

«Pour être honnête, on dirait que j’en ai perdu des bouts après avoir marqué, racontait Zibanejad, tout sourire, dans le vestiaire des vainqueurs. J’ai l’impression qu’on vient de prendre notre revanche après ce qui s’était passé lors de notre dernier match ici. C’est tout un feeling. »

Comme son entraîneur Alain Vigneault l’a fait quelques minutes plus tard en conférence de presse, Zibanejad a admis que les Rangers ont joué de chance sur le but vainqueur. En effet, pour que la passe de Chris Kreider se rende jusqu’à l’auteur du but décisif, elle a d’abord dû dévier sur le bâton d’Alexei Emelin, qui disputait son premier match de la série.

« Kreids semblait avoir une bonne ligne de tir, alors j’ai simplement tenté de faire mon chemin jusqu’au filet et la rondelle a fait un bond favorable. Quand elle est finalement arrivée, j’ai simplement essayé de l’envoyer dans la bonne direction et quand je l’ai vue rentrer, j’ai perdu la carte! »

Zibanejad et Kreider n’étaient pas destinés à unir leurs forces dans cette série. D’entrée de jeu, le premier s’est retrouvé au centre de Jimmy Vesey et Rick Nash tandis que l’autre formait un trio avec Derek Stepan et Mats Zuccarello. Mais quand Vigneault, pour secouer son attaque, a retiré Tanner Glass de sa formation pour y insérer la recrue Pavel Buchnevich avant le match numéro 4, les deux léthargiques se sont retrouvés aux côtés du jeune Russe.

Si Kreider n’a encore rien montré du poison avec lequel il avait mordu le Canadien lors la dernière confrontation printanière entre les deux équipes, il y a trois ans, Zibanejad a assurément disputé son meilleur match du tournoi actuel jeudi. Il a notamment préparé avec brio le premier but des siens, celui de Jesper Fast, sur une belle descente en désavantage numérique en première période.

« J’ai trouvé ce trio très efficace, particulièrement en troisième période et en prolongation, a apprécié Vigneault. Non seulement il créait des choses avec la rondelle, mais leur effort en replis défensif était solide et en prolongation, il a passé beaucoup de temps en zone adverse. »

Le momentum grâce aux unités spéciales

Si le Canadien a su répliquer rapidement au but de Fast en marquant son premier but en avantage numérique au Centre Bell depuis le début de la série, c’est l’unité de désavantage numérique des Rangers qui a réellement su faire pencher la balance dans cette rencontre.

En début de deuxième période, Ryan McDonagh et Zuccarello ont écopé de deux pénalités mineures successives qui ont donné aux locaux quatre minutes presque ininterrompues avec l’avantage d’un homme, mais les spécialistes des Rangers n’ont rien cédé.

ContentId(3.1229961):Le Canadien trop passif en prolongation
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Puis avec 5:47 à faire en troisième période, J.T. Miller a mis son équipe dans le pétrin a assénant un coup de hache au poignet de Brendan Gallagher alors qu’il retraitait au banc. Encore une fois, les pompiers des visiteurs ont éteint le feu sans qu’il n’y ait de dommages.

« Tout le monde a fait du gros travail, reconnaissait Zibanejad, qui s’est vu confier 90 secondes de mission défensive. On en avait beaucoup parlé, c’était important d’être tous sur la même longueur d’onde et on l’a été ce soir. Ça a fait une grosse différence. »

« Bien souvent, c’est là qu’un match va se jouer, a soulevé Henrik Lundqvist, auteur de 34 arrêts. On l’a vu dans la troisième partie, l’importance de tenir leur jeu de puissance en échec. Ils sont bons. Même quand ils ne marquent pas, ils sont capables de provoquer plusieurs bonnes occasions. Il nous faut être alertes pour les neutraliser mais quand on réussit à le faire, ça peut être une grosse source de confiance. Je pense que ce soir, on s’est réellement mis en marche après avoir survécu à nos deux pénalités en deuxième.

Lundqvist a lui-même fait sa part pour garder les voiles du navire new-yorkais bien en poupe. En troisième période, avec un score égal à 2-2, le vétéran gardien a sorti la jambière droite pour frustrer Max Pacioretty sur une échappée.

« Ce n’était pas la première fois qu’il s’échappaient vers moi dans cet amphithéâtre, a dit Lundqvist en souriant. C’était un bon tir, j’ai simplement essayé de patienter le plus possible pour prendre une bonne lecture de l’angle qu’il prendrait. Ça m’a fait du bien parce que je n’avais pas vu d’action depuis un bon moment et par la suite, j’ai bien vu que ça nous a permis de prendre notre erre d’aller. »

« C’est du hockey de séries, a remarqué Vigneault. Le momentum change constamment. Ça a été le cas avec l’arrêt de Lundqvist. Même chose avec notre but tard en deuxième. Ça inspire nos joueurs, ça leur donne confiance. Quand tu l’as, tu espères le garder. Et quand tu ne l’as pas, tu espères le retrouver le plus rapidement possible. »

À l’aube du sixième match, qui aura lieu samedi soir à Manhattan, ce fameux momentum est clairement dans le camp des Rangers, qui viennent de renverser la vapeur avec deux victoires consécutives.

« Tout le monde va s’envoler pour New York demain, se reposer et préparer un plan de match pour le prochain match, a tenté de minimiser Vigneault. Les deux équipes vont faire ce qu’elles font depuis cinq matchs et donner tout ce qu’elles ont. C’est ce à quoi je m’attends de nous et c’est ce à quoi je m’attends d’eux. »

« Ils vont revenir avec beaucoup d’énergie et il nous faudra être à notre meilleur, mais on fera tout en notre pouvoir pour ne pas revenir ici », a promis Henrik Lundqvist.