MONTRÉAL - On ne voudrait pas frapper sur un gars qui est déjà au tapis, mais le Canadien ne s’en tire pas trop mal en l’absence de Rene Bourque.

Et si les résultats engendrés par la décision de Michel Therrien de le retirer de la formation font des petits, il faudra que la malchance frappe l’un de ses coéquipiers pour qu’on revoit le mystère de Lac La Biche en uniforme.

Samedi soir, la nouvelle mouture du troisième trio du Canadien a fait des flammèches. Flanqué de Jiri Sekac, qui a disputé son meilleur match dans la Ligue nationale, et de Brandon Prust, engagé et inspiré en zone offensive, Lars Eller a semblé libéré d’un boulet. Impliquée, imaginative et menaçante, la combinaison a fourni 10 des 31 tirs dirigés sur le filet du Wild du Minnesota.

Sur la séquence qui a mené au but décisif, le deuxième du Canadien, chaque membre du trio a provoqué un revirement en zone adverse avant qu’Eller ne fasse bouger les cordages. Et pour rendre possible le but de Sekac, Prust a payé le prix en prenant la barre transversale en pleine gueule, gracieuseté d’un double-échec de Nino Niederreiter.

« Ma gorge a donné contre le poteau, j’ai reçu un bâton dans le visage, un gant dans le visage… J’en ai encaissé pas mal ce soir! », récapitulait Prust en souriant à pleines dents devant son casier après la rencontre.

La douloureuse contribution du colosse, qui a passé plus de 15 minutes sur la patinoire pour la première fois de la saison, n’est pas passée inaperçue aux yeux de ses compagnons plus talentueux.

« Il est un joueur intelligent, surtout profondément en territoire offensif. Il sait quand passer la rondelle et sait exactement où aller se placer pour la recevoir par la suite. Il n’a pas peur de foncer au filet et ça nous a donné deux buts ce soir », a vanté Eller.

« Chimie instantanée »

De toutes parts en zone offensive, Sekac s’est avéré un danger constant pour le Wild. En première période, son bon travail le long des rampes lui a permis de servir une belle passe à Tomas Plekanec, qui en a profité pour cogner à la porte de Darcy Kuemper.

En deuxième, Sekac a donné du mal au gardien du Wild lors d’une présence effectuée avec David Desharnais et Max Pacioretty. Puis, de retour avec ses complices réguliers, il a fendu l’air en tentant de frapper au vol un retour de lancer de Prust dans l’enclave.

« Le 3e trio a été très bon »

En troisième, sa vitesse lui a permis d’arriver seul devant le filet adverse, seulement pour être volé par la mitaine du dernier homme pouvant le freiner.

« Bien avant le début de la saison, je vous avais dit que je pensais qu’il allait surprendre beaucoup de gens, a rappelé Eller. Il a du talent, il est intelligent et il travaille fort. Si vous possédez ces qualités, de bonnes choses vont finir par vous arriver. Je suis sûr qu’il n’a pas fini de nous épater. »

« Il avait un bon match dans le corps, a vanté Prust. Il patinait bien et profitait de sa vitesse pour bien faire circuler la rondelle. On a connu une bonne soirée et j’espère maintenant qu’on pourra continuer à bâtir là-dessus. »

« Parfois, une chimie instantanée se crée sur un trio. Les choses cliquent immédiatement et j’ai l’impression que c’est ce qui s’est produit ce soir », ressentait Eller.

Pour Michel Therrien, Sekac profite présentement du congé forcé qu’il lui a imposé en le laissant sur la galerie de presse pour sept rencontres.

« Il était ici pour le camp des recrues, puis pour notre camp d’entraînement. Pour un jeune comme lui, c’est exigeant. En début de saison, je voyais un joueur qui n’avait pas autant d’énergie. Maintenant, c’est comme s’il avait refait le plein. »

Malheureusement pour Bourque, la nouvelle combinaison formée par Therrien devrait obtenir la chance de prouver que ses récents succès ne sont pas le fruit du hasard.

« Moi, je n’ai toujours pas mon premier but. J’attends encore ce grand soulagement! », rigolait Prust après sa solide performance.

Gallagher n’est pas un tricheur

En face du casier voisin, on avait l’impression que Brendan Gallagher aurait pu répondre aux questions portant sur la fin de sa léthargie pendant toute la soirée.

Échos de vestiaire du CH

« Il était temps! », s’est exclamé le petit attaquant, qui a inscrit le Tricolore au tableau avec son premier but en dix matchs.

« Dernièrement, je sentais que j’avais un paquet de chances, mais que rien ne voulait rentrer. J’essayais de ne pas me laisser gagner par la frustration, mais je suis humain, je sentais la pression monter. Ça a fait du bien de voir celle-là toucher la cible », a admis Gallagher.

« Les joueurs offensifs sont tous pareils, ils veulent amasser des points, ils veulent marquer. Mais ce qui m’a plu de Gallagher, c’est qu’il n’a pas changé sa façon de jouer, a vanté Therrien. Parce que parfois, un joueur dans sa situation va commencer à tricher, mais lui ne s’est jamais éloigné de son style habituel, dans les deux sens de la patinoire. Ce soir, il a été récompensé. »

Reste maintenant aux compagnons de trio de Gallagher de suivre le pas. Tomas Plekanec est sans but depuis sept matchs, Alex Galchenyuk depuis quatre.