S’il subsistait certains doutes quant aux chances de Carey Price de se tailler une place au sein de l’équipe olympique canadienne, il vient certainement de les dissiper avec sa prestation magistrale contre le Lightning de Tampa, mardi soir.

C’est simple, le gardien du Canadien a transporté son équipe sur ses épaules pendant de larges portions du match pour conserver l’écart d’un seul but. Je crois que c'est ce genre de performance qui lui servira d’argument de poids lorsque viendra le temps pour Steve Yzerman et ses adjoints de trancher sur l’identité du gardien partant pour le Canada à Sotchi. Lorsqu'il visionnera le match qu'a disputé son équipe contre le Canadien, Yzerman, qui était à Toronto pour une réunion des directeurs-généraux, verra que Price a permis à lui seul aux siens d'être compétitifs, surtout dans les 40 premières minutes, alors que le CH était à plat.

On a vu un athlète en pleine possession de ses moyens, qui a réservé certains de ses plus beaux arrêts pour la toute fin de la rencontre et la prolongation, lorsque cela compte le plus, pour donner une chance aux siens de récolter deux points au classement. Depuis le début de la campagne, il me semble mieux préparé et plus concentré sur le travail à accomplir pour chacun de ses départs, ce qui est tout à son mérite. Price démontre qu’il continue de gagner en maturité à sa septième saison dans la LNH.

Malheureusement, les patineurs du Tricolore n’en ont pas assez fait offensivement contre Tampa, mais ça n’enlève absolument rien au brio de Price.

Le manque de finition fait mal

Si le Canadien passe à travers une séquence aussi ardue (rendement de 1-3-2 à ses six derniers matchs), c’est en grande partie attribuable à son attaque souvent anémique, à mon avis. Ça me semble de plus en plus évident qu’il manque un franc-tireur. Max Pacioretty nous a déjà prouvé qu’il détient le potentiel pour marquer plus de 30 buts, mais il se fait silencieux depuis son retour au jeu.

Entretemps, le manque de production de certains vétérans fait en sorte qu’on en demande énormément au trio des jeunes, qui a fait flèche de tout bois durant le premier quart de la saison. Si ça se poursuit, la situation pourrait rapidement devenir problématique car on va se mettre à surveiller étroitement Eller, Galchenyuk et Gallagher, sachant pleinement que c’est la seule unité du CH capable de générer des buts. Les équipes adverses n’hésiteront pas – et plusieurs le font déjà – à envoyer dans la mêlée leur meilleur duo de défenseurs et leur premier trio afin de contrer le trio d’Eller. On aura beau rappeler régulièrement de nouveaux jeunes de la filière d’Hamilton en renfort, ces ajouts à l’alignement ne règleront pas la facette qui fait défaut : l’absence de buts depuis une dizaine de parties.

Parmi ceux dont le rendement est décevant jusqu’à présent, il y a Rene Bourque. Ce n’est pas nécessairement une question de travail dans son cas, mais il demeure qu’il y a un manque flagrant d’opportunisme dans son jeu. Il est trop souvent pris hors position. Tout comme Brian Gionta, qui peine lui aussi à trouver le fond du filet avec régularité, il faut possiblement revoir à la baisse nos attentes dans son cas en termes de production offensive.

D’ailleurs, dans le cas du capitaine, des informations circulent à l’effet que Marc Bergevin n’aurait aucune intention de discuter d’un nouveau contrat et que Gionta ne figurerait pas dans les plans de l’organisation pour la saison 2014-15. Bien que personne ne remettra en question sa volonté de gagner à Montréal et son dévouement pour le club, je crois sincèrement que c’est l’avenue à emprunter. À 34 ans, les services qu’il peut rendre au Tricolore sont limités et ne justifient plus la place occupée par son contrat sur la masse salariale.

Pour sa part, Brandon Prust pourrait disputer un premier match depuis le 19 octobre, vendredi ou samedi. Bien qu'on ne se fie pas à lui pour remplir le filet, sa présence dans la formation fera le plus grand bien au Canadien. En tant que joueur robuste, Prust est l'étincelle qui pourrait faire une différence sur n'importe lequel des quatre trios avec sa fougue. À preuve, lorsque Therrien l'a employé avec ses meilleurs joueurs offensifs l'an dernier, Prust a toujours répondu avec de solides performances. Avec la polyvalence qu'on lui reconnaît, il a déjà contribué à faire débloquer certains coéquipiers. Rien ne dit qu'il ne pourrait pas répéter maintenant qu'il a retrouvé la santé.

Des changements prévisibles

Mercredi matin, les Sabres de Buffalo ont pointé la sortie à leur directeur-général Darcy Regier, de même qu’à leur entraîneur chef Ron Rolston, et ils ont embauché Pat LaFontaine à titre de directeur des opérations hockey, de même que Ted Nolan pour diriger le vestiaire. Bien que Regier ait fait du boulot honnête comme gestionnaire à Buffalo pendant plusieurs saisons, cette décision des propriétaires ne prend personne au dépourvu. Non seulement le rendement de l’équipe était-il lamentable (4-15-1), mais un changement de culture s’imposait.

La direction qu’avait prise l’équipe se précisait de plus en plus, avec les transactions envoyant Jason Pominville et Thomas Vanek, deux piliers offensifs des Sabres, à l’étranger en retour d’espoirs et de moins hauts salariés.

On parle ici d’une formation qui n’a jamais représenté une destination de choix pour les agents libres. À moins d’offrir des salaires démesurés l’été prochain, ce qui m’étonnerait grandement, on voudra rebâtir en s’appuyant sur de bonnes années de repêchage à Buffalo. Du côté positif, par les années passées, certaines équipes se sont relevées plus rapidement que prévu de ce genre de reconstruction.

*Propos recueillis par Maxime Desroches