Après avoir vu le trio Pacioretty-Plekanec-Gallagher abattre tout le boulot lors des derniers matchs à Columbus et Ottawa, Michel Therrien a une fois encore ressorti son boulier. Et c’était loin d’être un caprice de la part de l’entraîneur-chef. Therrien n’avait pas le choix. Il ne pouvait hypothéquer son attaque en confinant ses seuls éléments capables de produire au sein d’un même trio.

Je ne sais pas combien de temps Michel Therrien a jonglé avec ses trios, combien de fois il a tourné son boulier, mais les chiffres qui sont tombés lui ont donné raison une fois encore. Car les nouvelles combinaisons concoctées ont donné de bons résultats.

J’aimerais avoir autant de chance avec mes sélections à la loterie...

On sera tous d’accord, du moins je l’espère, pour écrire, dire et convenir, que Dale Weise n’a rien d’un joueur de premier plan et/ou de premier trio.

Mais comme je l’ai déjà écrit cette saison, ce diable de joueur semble le parfait plombier ou pompier chez le Canadien. Quand il y a un trou à boucher, quand il y a un feu à éteindre, Weise sort sa clef à molette ou l’extincteur et il fait le travail.

Combatif, rapide, Weise n’a peut-être pas les meilleures mains du vestiaire. Mais il a un bon sens du hockey. Et en prime, il réalise surtout ce qu’on attend de lui selon les mandats qu’on lui donne et il sait prendre les moyens pour les relever avec succès.

Ce n’est pas donné à tout le monde. Il y a bien des joueurs, des joueurs meilleurs que Weise, qui sont incapables de donner à leur coach ce qu’ils demandent simplement parce qu’ils ne comprennent – ou refusent de comprendre parce qu’ils voudraient remplir des rôles plus flamboyants – ce qu’on attend d’eux.

Je suis convaincu que Weise amorcera le prochain match, mardi, contre les Predators de Nashville, à la droite de Tomas Plekanec et de Max Pacioretty. Il y restera une, deux ou trois périodes? Je ne sais pas. Il y restera deux, trois cinq matchs? Je ne sais pas non plus. Mais je sais que tant qu’il donnera à son coach ce que son coach exige de lui, il sera récompensé.

Si Weise dispute le prochain match au sein du premier trio, ce sera aussi la conséquence du rendement irréprochable des trois autres trios.

Après avoir dénoncé le fait que sept de ses 12 attaquants n’avaient pas obtenu le moindre tir, jeudi, à Ottawa, Michel Therrien a vu 11 des 12 attaquants toucher la cible samedi contre les Islanders.

Et ce n’est pas parce que les Islanders ont rendu le travail du Canadien facile en levant le pied au lendemain de leur brillante victoire aux dépens des Penguins de Pittsburgh.

Si les quatre trios du Canadien ont contribué aux succès de l’équipe, c’est parce qu’ils ont patiné, qu’ils ont travaillé, qu’ils ont été impliqués, qu’ils ont dicté l’allure de la rencontre – leurs trois buts marqués au tout début des première, deuxième et troisième périodes en témoignent avec éloquence – au lieu de se remettre à Max Pacioretty, Brendan Gallagher et celui qui se retrouve au centre d’eux, peu importe son nom.

Oui le premier trio a fait le travail comme le confirment les quatre points (deux buts) de Tomas Plekanec qui a atteint ce plateau pour une sixième fois en carrière, les deux passes de Max Pacioretty – sa série de matchs avec au moins un but s’arrête donc à six – et le but de Dale Weise.

Desharnais c. Galchenyuk

Mais David Desharnais, de retour au centre flanqué d’Alex Galchenyuk (un but, différentiel de +2) et Brendan Gallagher (une passe, différentiel de +3) s’est distingué avec un but et une passe. Mais plus encore que ses points, c’est l’implication personnelle en défensive – il a coupé une sortie de zone des Islanders pour aller marquer son but – qui m’a le plus sauté au visage au cours de ce match.

Après avoir relevé le défi qu’on lui a confié en le mutant à l’aile pour donner un essai à Alex Galchenyuk, Desharnais semblait très heureux de retrouver sa place naturelle au centre.

J’espère qu’il le restera encore longtemps. Car s’il joue comme il l’a fait samedi soir, il y restera encore un bon bout de temps.

Pas question ici de minimiser les chances d’Alex Galchenyuk d’un jour prendre sa place au centre, là où tout le monde souhaite le voir briller à un moment donné. Mais donnons-lui le temps. Il n’a que 20 ans. Son séjour, bien que trop court aux yeux de plusieurs, lui a permis de comprendre ce qui l’attend, de réaliser ce qu’il doit encore apprendre, ce qu’il doit encore développer pour devenir ce premier joueur de centre sur qui le Canadien souhaite compter.

Il serait bête de ne pas lui offrir le temps de bien se préparer. Surtout que Plekanec est en mesure de faire du très bon boulot au sein du premier trio, il l’a prouvé plusieurs fois au cours de sa carrière, et que Desharnais, malgré toutes les critiques qu’il essuie – dont plusieurs sont exagérées, voire injustes – est capable de s’imposer au centre d’un deuxième trio.

On verra.

Et attention : peut-être qu’au fil des matchs, on réalisera tous, Galchenyuk le premier, qu’il est peut-être plus en mesure d‘étaler son talent sur le flanc gauche qu’au centre.

D’où l’importance de prendre bien son temps.

Des quatre trios, c’est celui de Lars Eller avec Jiri Sekac et Christian Thomas qui a été le plus discret. Ça ne veut pas dire qu’il a été mauvais pour autant. Sekac a eu des chances et Thomas a obligé le défenseur Thomas Hickey à écoper une pénalité à ses dépens tant il a été surpris par la vitesse du petit attaquant du Canadien.

Le quatrième trio?

Manny Malhotra a été efficace aux cercles des mises en jeu (8 en 12) et il est même passé très près d’un premier but cette saison.

Brandon Prust, en plus de jeter les gants, a sorti ses mains du dimanche avec une belle poussée vers le filet des Islanders. Il a déjoué Jaroslav Halak avec un bon tir, mais la barre horizontale l’a privé d’un but.

Michaël Bournival est le seul attaquant à ne pas avoir obtenu de tir. Il a quand même disputé un bon match avec ses compagnons de trio.

L’attaque massive

Pour un troisième match de suite, la passive attaque massive du Canadien s’est faite très active.

Et c’est tant mieux.

Andrei Markov, à qui on semble avoir redonné le mandat de tout orchestrer, a obtenu trois passes. Rien de moins. Il est rendu à 20, au premier rang de son équipe.

P.K. Subban a encore marqué à l’aide de son puissant tir. Pourquoi? Parce qu’il atteint la cible, de un, mais aussi, mais surtout, parce que la rondelle bouge rapidement en zone ennemie ce qui permet à Subban de tirer avant que deux ou quatre jambières se retrouvent dans sa ligne de tir.

Ça aide mettons...

Et n’oublions pas la présence de Gallagher, Desharnais ou quiconque est envoyé devant le filet pour aider la cause de l’attaque massive en nuisant à celle du gardien adverse.

Si Tomas Plekanec a déjoué Jaroslav Halak avec un tir sur réception qui n’avait rien de très, très menaçant, c’est parce que Gallagher voilait la vue de l’ancien gardien du Canadien.

Un gardien qui a cédé sous la pression un brin ou deux hier et qui, après quatre victoires étincelantes aux dépens de son club, a été chassé du match après avoir accordé six buts sur 33 tirs.

L’attaque à cinq ne marquera pas tous les soirs. Ça non. On l’a d’ailleurs vu jeudi à Ottawa. Mais après avoir été lamentable lors des quatre premières tentatives mercredi soir à Columbus, le Canadien a profité de ses trois attaques suivantes contre les Blue Jackets, des quatre contre les Sénateurs et des quatre contre les Islanders pour créer de l’attaque, pour s’offrir des occasions de marquer. Des occasions qui ont donné cinq buts, certes, mais des occasions qui ont surtout aidé le Canadien à garder le rythme, même à Ottawa où le Tricolore n’a pas été en mesure de revenir de l’arrière.

Pour gagner, ça prend de l’équilibre au sein d’un trio, entre les quatre trios, entre l’attaque et la défensive. Samedi face aux Islanders de New York, le Canadien brillait par son équilibre.

Pas surprenant alors qu’il ait gagné dans le cadre de l’un sinon de son meilleur match de la saison.

Tout ça sans Carey Price et contre l’un des bons clubs de la LNH en première moitié de saison.

Ce n’est pas rien.