En avant 3-0 dans la série, le Canadien n’avait pas beaucoup de pression. Beaucoup moins que les Sénateurs qui, en plus de faire face à l’élimination, tenaient à éviter d’être balayés en quatre petites parties devant leurs partisans.

« On avait notre fierté à protéger », a d’ailleurs convenu Jean-Gabriel Pageau après la victoire de 1-0 des Sénateurs aux dépens du Canadien.

Et vous savez quoi? En avant 3-1, le Canadien n’a pas encore beaucoup de pression. Il retourne devant ses partisans qui vont faire vibrer le Centre Bell sans bon sens vendredi soir. Mais si, et c’est un gros si, les Sénateurs devaient surprendre le Tricolore encore vendredi, eh bien là on se retrouvera les deux pieds dans une vraie série.

Dans le vestiaire du Canadien, Max Pacioretty a convenu que les Sénateurs avaient joué avec l’énergie du désespoir alors que lui et ses coéquipiers se sont contentés de jouer avec énergie. Sans plus.

Il a toutefois balayé du revers de la main les prétentions selon lesquelles le Canadien a simplement fermé les livres en troisième alors qu’il se rendait compte que les Sénateurs avaient pris le contrôle de la rencontre et que cette fois, ils ne l’échapperaient pas. « Les matchs sont bien trop importants pour prendre une chance de les échapper », a sèchement répliqué Pacioretty.

Une chance que je ne lui a pas demandé ce qu’il pensait des prétentions de certains à l’effet que le Canadien était somme toute très heureux d’avoir perdu cette partie puisque cela l’assurait des revenus astronomiques d’un autre match de séries à la maison…

Encore le premier but

Plus sérieusement, le Canadien n’a pas perdu mercredi soir parce qu’il a lancé la serviette en se disant qu’il serait facile de faire mieux vendredi.

Ça non!

Le Canadien a perdu parce qu’après deux bonnes périodes de hockey, il n’a pas suivi le rythme imposé par les Sénateurs. Un rythme qui a permis à Ottawa de marquer le premier but pour une quatrième rencontre de suite dans cette série. Mais comme ce but a été enfilé en milieu de troisième période – un très bon tir dans la lucarne de Mike Hoffman qui a été l’un des meilleurs de son camp mercredi – les Sénateurs n’ont pas vraiment eu le temps – ou la mauvaise idée – de se contenter de protéger cette avance.

ContentId(3.1131530):Hoffman brise la glace en 3e
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« On a enfin disputé un vrai match de hockey. Pour une fois, on a joué 60 minutes de hockey », a commenté Mark Stone après une soirée de trois tirs dirigés sur Carey Price et de trois rondelles volées au Tricolore.

« Ils ont joué du très gros hockey ce soir. Particulièrement en troisième période, une période au cours de laquelle nous avons été terribles. Terribles », s’est assuré de répéter Brandon Prust.

Bon! Je ne suis pas prêt à dire que le Canadien a été si mauvais au dernier tiers que Prust le laisse entendre. Mais c’est vrai qu’il a baissé sa garde et son niveau d’énergie. C’est vrai qu’il est soudainement devenu deuxième sur les rondelles alors que le jeu était beaucoup plus partagé au cours des deux premiers engagements. Oublié par ses coéquipiers pour la première fois de la série, Carey Price a effectué quelques très gros arrêts pour garder son club dans le match. Mais à l’autre bout, un Craig Anderson moins occupé s’est assuré de ne pas commettre la moindre erreur. Après avoir accordé le but de la victoire en prolongation dimanche, il a réalisé 28 arrêts pour blanchir le Canadien.

Est-ce que c’est Anderson qui a été trop fort pour le Canadien ou le Canadien qui ne l’a pas assez mis à l’épreuve? Je vous suggère que c’est le Canadien qui a commis cette bévue. Une erreur monumentale selon Prust, même pour un club en avant 3-0 dans une série quatre de sept.

« On se devait de vouloir les sortir autant qu’ils voulaient demeurer en vie. On ne l’a pas fait », a ajouté Prust qui a obtenu la meilleure occasion de marquer du match pour le Canadien. Pendant une attaque massive des Sénateurs, Prust a obtenu une longue échappée. Il a servi une, deux, trois feintes à Craig Anderson qui a dû sortir la jambière droite pour fermer le petit espace entre son patin et le poteau. Un espace dont Prust n’a pu profiter.

« J’ai manqué de glace. J’ai fait tout ce que je pouvais pour l’obliger à bouger, mais j’étais presque rendu à égalité avec la ligne des buts lorsque j’ai pu tenter de marquer », a raconté Prust.

Où est passée l’attaque massive?

Si Prust et les autres spécialistes du désavantage numérique ont excellé pour le Canadien – bien qu’ils aient bien contrôlé la rondelle en zone ennemie, les Sénateurs n’ont obtenu que quatre tirs en quatre minutes à cinq contre quatre – les spécialistes de l’attaque massive eux ont une fois encore multiplié les bourdes.

Et ce n’est pas comme s’ils manquaient d’entraînement. Blanchis en six occasions lors du match de dimanche, les spécialistes de l’attaque massive du Tricolore ont fait chou blanc à trois reprises dans le quatrième match. Après quatre rencontres face aux Sénateurs, le Canadien n’a marqué qu’une fois en 16 avantages numériques. C’est loin d’être fort…

ContentId(3.1131521):Du positif dans la défaite
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Et ce qui est pire encore, c’est que pour un quatrième match de suite, le Canadien n’a pas trouvé le moyen de s’établir en zone des Sénateurs. Il n’a pas trouvé le moyen de garder ses adversaires sur les talons, de pousser leur gardien à multiplier les miracles.

Bon! Il n’y a pas de vent de panique à soulever, car le Canadien a encore le plein contrôle de la série, mais comme l’a clairement reconnu Max Pacioretty, cette disette commence à être « très préoccupante ».

On pourrait ajouter que la prestation du trio de Pacioretty est elle aussi un brin ou deux inquiétante. Le meilleur franc-tireur du Canadien a obtenu cinq tirs sur Craig Anderson mercredi. Ce qui devrait être un gage de succès en guise d’analyse de sa soirée de travail. Mais honnêtement, tous ces tirs m’ont semblé anodins. Et la majorité des présences du trio de Pacioretty, Desharnais et Smith-Pelly d’abord qui a ensuite été remplacé par Dale Weise m’ont semblé également anodines.

Peut-être suis-je trop sévère. Mais j’ai vraiment l’impression que les statistiques sur la feuille de pointage ne sont pas à l’image de la qualité de la performance de ce premier trio.

Pacioretty serait-il encore ennuyé par les contrecoups de sa blessure subie en fin de saison en Floride? La question mérite d’être posée. Pas sûr que le Canadien répondra…

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En passant : Pierre-Alexandre Parenteau est remis de sa blessure. Il est en pleine santé. Peut-être que ce pourrait être à son tour de relancer le premier trio. Ou tenter d’y arriver….

Si le Canadien stagne en avantage numérique, il faut aussi imputer une partie de ses ennuis au fait que les Sénateurs se démènent comme des diables dans l’eau bénite devant eux. Marc Methot et Eric Gryba en défense, Mark Stone, Milan Michalek et Jean-Gabriel Pageau ont été sensationnels autant dans la quantité que dans la qualité des efforts déployés à quatre contre cinq.

« On prend une fierté à faire ce qu’on fait. On a eu du succès ce soir, mais il ne faut pas triompher trop vite. Le Canadien a une attaque à cinq redoutable. Il ne faut pas baisser notre énergie. C’est ça le point tournant du match. On a joué comme on est capable tout le match et non seulement pendant une ou deux périodes. On était poussé par l’énergie du désespoir et par l’énergie que nous transmettaient nos partisans », a analysé Pageau.

Si l’énergie des partisans soufflera dans le nez des Sens vendredi soir et non dans leur dos, l’énergie du désespoir devrait être encore présente. Car ils seront toujours acculés au pied du mur : une autre défaite et ils seront en vacances. Il sera intéressant de voir si, une fois loin de leurs partisans, ils seront plus enclins à baisser pavillon ou s’ils prendront tous les moyens pour prolonger une série que plusieurs considéraient déjà finie.

Ce qui n’est pas le cas. Du moins pas encore…