BROSSARD – La vie fait parfois drôlement les choses. Vous pouvez en parler à Guillaume Asselin, qui a été invité au camp des recrues du Canadien six ans après avoir été échangé contre Louis Leblanc, qui avait été repêché en première ronde par l’organisation montréalaise un an plus tôt.

C’est donc dire que le joueur qui avait été sacrifié pour faire de la place à Leblanc au sein du Junior de Montréal se retrouve maintenant dans la famille du Tricolore.

L’ironie ne s’arrête pas là. Non seulement Leblanc a choisi de se retirer du hockey, mais Asselin avait été expédié aux Saguenéens de Chicoutimi en compagnie de choix au repêchage qui ont notamment permis aux Bleus de repêcher Charles Hudon. Ainsi, Asselin et Hudon ont fini par aboutir avec le CH, alors que le parcours de Leblanc s’est arrêté.

Extrêmement heureux de profiter de cette occasion, Asselin sourit quand on lui rappelle ce concours de circonstances particulier.

« J’en ai parlé un peu avec Charles, c’est juste drôle qu’on finisse par être les deux avec le Canadien », a réagi le sympathique droitier.

L’histoire d’Asselin dépasse bien davantage le lien avec le cheminement de Leblanc. En effet, ses choix de carrière pourraient inspirer plusieurs hockeyeurs de la relève. Après cinq saisons dans la LHJMQ, il a goûté au hockey professionnel dans la ECHL, mais la sensation n’a pas été agréable.

Le patineur originaire de Québec s’est donc tourné vers le hockey universitaire où il a raffiné son art en deux saisons et demie avec les Patriotes de l’UQTR.

« J’ai gagné en maturité parce que tu es laissé à toi-même. À 20 ans, quand je me suis retrouvé dans la ECHL, je n’ai pas aimé ça, je pense que je n’étais pas assez mature. Maintenant avec le hockey et l’école que je dois combiner, ça exige une discipline vraiment stricte. J’ai aussi appris à ne pas trop m’en faire avec les choses », a exposé l’attaquant.

Le Canadien n’a pas hésité à se tourner vers Asselin pour combler l’absence de Martin Reway étant donné que le Québécois s’est illustré avec une récolte de 27 buts et 20 passes (47 points) en 28 matchs la saison dernière. Cela dit, Asselin ne s’attendait plus à voir cette porte s’ouvrir parce qu’il a été convoqué tardivement.

« Pour vrai, je m’attendais zéro à ça, c’était une surprise totale pour moi. Je vais avoir fini les cours de mon diplôme à Noël alors je voulais pousser pour jouer dans la Ligue américaine de hockey après ça et mon agent (Stéphane Fiset) sondait le terrain pour que ça se produise. Mais d’avoir une chance là, je ne peux pas demander mieux », a précisé celui qui a connu trois saisons de plus de 25 buts dans la LHJMQ.

Par un beau hasard, Asselin a appris le jour de son 24e anniversaire qu’il aurait la chance d’impressionner les dirigeants du Canadien.

« J’étais vraiment content, je capotais. J’étais à l’école quand je l’ai su, vendredi passé. C’était un numéro de Montréal qui m’appelait et j’étais dans mon cours de comptabilité. Je me demandais si je répondais ou non. Finalement, j’ai répondu, je suis sorti du cours et c’était Serge Boisvert (un recruteur du CH). Il ne pouvait pas m’assurer que je viendrais au camp, mais il me disait que j’étais une belle option pour remplacer un joueur et que Trevor Timmins pourrait m’appeler. Son coup de fil est arrivé et j’ai dit que j’acceptais », a raconté l’étudiant en administration des affaires.

Plus tôt dans sa carrière, Asselin avait vécu des déceptions de promesses qui ne s’étaient pas matérialisées pour participer à des camps professionnels. Ainsi, comme il l’a confié au collègue Thierry Bourdeau, il a attendu avant de l’annoncer aux membres de sa famille. Lors de son souper de fête, il les a surpris en les invitant à l’accompagner à London pour le tournoi des recrues.

Un passage universitaire bénéfique

Nul doute, Asselin n’a pas choisi le chemin traditionnel pour atteindre la LNH. Au lieu de s’armer de patience et essayer de gravir les échelons en passant par la ECHL et la LAH, il a opté pour le circuit universitaire et les études qui l’accompagnent.

La perception semble unanime, Asselin a été gagnant d’emprunter cette voie.

Guillaume Asselin« Ce fut bénéfique pour lui de privilégier le hockey universitaire. C’est un joueur aux habiletés offensives naturelles sauf qu’en s’entraînant beaucoup plus souvent qu’en jouant, son jeu est devenu plus mature », a déterminé un dépisteur d’une équipe de l’Ouest dans la LNH.

« Il avait déjà une très bonne tête de hockey offensivement, mais il a amélioré sa force physique dans ses jambes et il est plus fort que dans le junior pour la protection de rondelle, en particulier le long des bandes », a ajouté cet intervenant.

Cette observation a été confirmée par Asselin qui a sonné très réaliste à propos de ses forces et faiblesses.

« C’est vrai, je veux miser là-dessus. Dans le hockey d’aujourd’hui, c’est important. Je ne suis pas le plus gros donc je ne peux pas tasser tout le monde. Ça fait que je dois être solide sur mes jambes et mon explosion est nettement meilleure que dans le junior », a opiné le deuxième plus vieux patineur au camp des recrues derrière Ryan Johnston.

En dépit de la perception générale, Asselin a prouvé que le hockey universitaire ne rime pas avec la fin du rêve d’une carrière professionnelle. Dans son cas, cette direction lui convenait hors de tout doute.

« Il est allé chercher des éléments qu’il n’était pas capable de développer dans le junior. Ça se voit dans son jeu, ses premières enjambées sont meilleures même si ça ne sera jamais sa première force », a convenu le recruteur sondé.

Asselin a épaté au point d’être nommé le joueur de hockey universitaire par excellence au pays en 2015-2016. Plusieurs étapes restent à franchir dans le but d’accomplir une réussite semblable à celle de Mathieu Darche qui a joué pour l’Université McGill avant de percer dans la LNH.

Cependant, il détient quelques outils susceptibles de lui ouvrir les portes du hockey professionnel.

« Définitivement, il pourrait faire sa place dans un club de la Ligue américaine, s’établir comme un joueur efficace en avantage numérique et devenir un bon vétéran à ce niveau », a proposé le dépisteur.

Advenant une belle suite des choses avec le Canadien et une proposition de contrat pour la Ligue américaine, Asselin renoncerait à sa saison universitaire.

« Je pense que j’accepterais leur offre, ça pourrait ne pas arriver deux fois dans une vie et surtout avec le Canadien. Pour mes cours, je peux les finir durant l’été », a conclu l’athlète de cinq pieds onze pouces et 190 livres avec une étincelle dans les yeux.