MONTRÉAL – On n’écrit pas l’histoire à tous les jours quand on joue pour une équipe qui en est à son deuxième siècle d’existence.

C’est pourtant ce que l’édition actuelle du Canadien a fait jeudi soir au Centre Bell. La troupe dirigée par Michel Therrien a amorcé sa saison avec une cinquième victoire consécutive, une première dans l’histoire de la concession, en battant les Rangers de New York 3-0 lors de l’inauguration de sa saison locale.

Tomas Fleischmann a inscrit son deuxième but vainqueur de la saison. Le Tchèque a coupé une sortie de zone à la ligne bleue des Rangers pour ensuite compléter une attaque avortée de David Desharnais à 8:46 de la deuxième période.

« Je n’ai pas l’habitude de célébrer mes buts, mais je l’ai fait cette fois. C’est l’effet que ça fait de jouer devant plus de 20 000 spectateurs », a commenté Fleischmann, un ancien des Panthers de la Floride qui disputait un premier match au Centre Bell dans l’uniforme de l’équipe locale.

Dale Weise a officiellement déclenché les célébrations en doublant cette avance avec un peu plus de deux minutes à faire en troisième. Le numéro 22 du CH a pris en défaut Henrik Lundqvist, jusque-là magistral, d’un tir sournois entre les jambières. Fleischmann et Desharnais ont chacun été crédités de leur deuxième point du match sur la séquence.

« On avait eu plusieurs bonnes chances où on avait visé le haut du filet. On s’était dit qu’on devrait peut-être essayer de lui en passer une entre les jambes, mais c’est généralement plus facile à dire qu’à faire. De l’angle que j’avais, je crois que je l’ai surpris en décochant un tir assez rapidement », a expliqué Weise.

Tomas Plekanec a complété le pointage avec son quatrième de la campagne. Son dégagement a roulé jusque dans un filet désert sous le regard attentif de Max Pacioretty.

« Si la rondelle avait ralenti, j’aurais terminé le travail en la poussant dans le but, mais comme Tomas a plus d’ancienneté que moi, j’ai décidé de lui laisser celui-là », a blagué le 67.

Carey Price a réalisé 25 arrêts pour signer son premier blanchissage de la saison, son septième en carrière contre les Blue Shirts.

Un palpitant face-à-face

Price et Lundqvist se sont donné la réplique dans une épatante démonstration de leur talent.

Juste après avoir ouvert la marque, le Canadien s’est vu offrir une occasion en or de doubler son avance quand Rick Nash s’est fait envoyer au cachot pour la deuxième fois de la soirée. Mais Lundqvist s’est assuré d’éviter l’effondrement. Brendan Gallagher et Pacioretty sont venus se mettre le nez dans la vitrine, mais se sont butés à une porte close.

Ce fut ensuite au tour des visiteurs d’attaquer la forteresse tricolore grâce à un avantage numérique de deux hommes. Sous pression pendant 1:42, le Canadien a résisté grâce à un triangle défensif hermétique et le droit de veto de son gardien, qui a réalisé cinq arrêts, son plus joli aux dépens de Derek Stepan, avant que les deux équipes ne se battent de nouveau à forces égales.

Mais Price avait gardé sa plus belle parade en réserve pour Nash, qui a vu son tir sur réception atterrir dans la mitaine d’un gardien désespéré.

Les échos de la satisfaction de la foule avaient à peine diminué quand Lundqvist a repris le plancher pour l’acte suivant. Alex Galchenyuk et Andrei Markov, lors du cinquième jeu de puissance improductif du CH, ont été ses victimes.

Lundqvist a gardé son équipe dans le match en troisième. Il n’a pas bronché sur une échappée de Brian Flynn, a anéanti les espoirs de Pacioretty au terme d’une belle percée et a utilisé son gant pour frustrer David Desharnais et Devante Smith-Pelly.

« Hank a donné une véritable clinique ce soir, a pu observer Price à l’autre bout de la patinoire. Il a gardé son équipe dans le match. Je crois qu’il a dû faire une bonne douzaine d’arrêts spectaculaires. »

« Les deux gardiens nous ont donné tout un spectacle, n’a pu que constater Therrien. Carey a été phénoménal, une fois de plus, et Lundqvist a été très, très bon. »

L’acharnement des locaux aura finalement eu raison du Suédois, qui a terminé sa soirée d’ouvrage avec 29 arrêts, dont 12 au dernier tiers.

« Si vous regardez le match, vous allez bien sûr voir tous les arrêts de Carey, mais on a aussi eu beaucoup de bonnes chances et c’était bien de voir un gars comme Weisy nous libérer de cette pression à la toute fin », a apprécié Pacioretty.

De Carbo à Pacio

Le match a été précédé de vibrantes cérémonies à la hauteur de ce que le Canadien a l’habitude de préparer pour donner le coup d’envoi à sa saison locale.

Pacioretty a été le premier à surgir de l’ombre, quittant l’obscurité des coulisses du Centre Bell pour traverser la patinoire et venir accepter un flambeau de Guy Carbonneau à proximité du banc de l’équipe. D’un ancien capitaine au plus récent de la lignée, la flamme a été transportée au centre de la glace, où elle est lentement passée entre les mains de tous les joueurs en uniforme.

Price a fermé la marche, partageant l’honneur de la plus assourdissante ovation avec P.K. Subban avant d’aller remettre la torche à Michel Therrien.

« Je pense que je suis rendu à mon sixième match d’ouverture et quand j’ai vu Max Pacioretty, notre nouveau capitaine, et la réception que les partisans lui ont donné... J’en ai encore des frissons chaque fois que je vois ça », a confié Therrien.

« C’est ma huitième cérémonie du genre et je trouve ça toujours aussi excitant, a ajouté Price. Dès que le premier gars met le pied sur la patinoire, on sent l’énergie s’emparer de l’édifice et on commence à avoir hâte que notre tour arrive. J’ai des papillons dans le ventre à chaque fois.

Subban s’est retrouvé bien malgré lui au centre d’un gag aussi réussi qu’inattendu de son complice Andrei Markov. Doté d’un sens de l’humour semble-t-il sous-estimé, le Russe a déridé la galerie en en y allant d’un petit tour d’honneur de son cru avant d’accepter le relais de son jeune dauphin.

« Il est capable de rire, hein! », a rigolé Therrien avant de prendre congé des journalistes.