OTTAWA – Les Sénateurs devaient gagner ce troisième match pour espérer revenir dans la série qui les oppose au Canadien. Cette victoire était cruciale. Presque impérative.

ContentId(3.1130961):Dale Weise sonne la charge
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Pendant plus de 68 minutes, le gardien Craig Anderson a donné une chance réelle à son équipe de gagner. Avec ses 47 arrêts sur les 48 premiers tirs du Canadien, le vétéran donnait pleinement raison à Dave Cameron de l’avoir appelé en renfort. Car après les 48 premiers tirs du Tricolore et en dépit du but de Dale Weise qui a envoyé la rencontre en prolongation avec un peu plus de cinq minutes à faire en troisième, Anderson avait réussi là où Andrew Hammond avait échoué lors des deux premières rencontres : il avait non seulement réalisé des arrêts difficiles et importants, mais il n’avait pas accordé de cadeau au Tricolore. Ce que Hammond a fait trois fois lors du premier match. Ce qu’il a fait aussi en prolongation lors de la deuxième rencontre.

Mais sur le 49e tir, un tir anodin décoché par Dale Weise alors qu’il se trouvait loin dans le cercle des mises en jeu à sa droite, Anderson a commis sa seule erreur de la soirée. Mais voilà. Quand un gardien commet une erreur, ça donne un but à l’adversaire. Et quand cette erreur est commise en prolongation, elle coûte la défaite.

Pis encore pour Anderson et les Sénateurs, c’est qu’en faisant cadeau de ce but gagnant à Dale Weise, Craig Anderson vient sans doute aussi de faire cadeau de la série au Tricolore.

Weise qui a fait preuve d’une belle concentration sur son premier but – il a habilement saisi la rondelle avec sa main avant de la déposer sur la patinoire pour tirer dans une cage désertée par le gardien des Sens – semblait aussi médusé que les joueurs des Senateurs lorsqu’il a vu la rondelle toucher le fond du filet.

« J’ai perdu la rondelle de vue. C’est frustrant pour tout le monde dans ce vestiaire» , a indiqué Craig Anderson, qui a gâché une très bonne soirée de travail avec ce cadeau qui scelle pratiquement l’issue de la série maintenant que le Canadien est en avant 3-0.

Moins occupé que son vis-à-vis, Carey Price a réussi là où Anderson a échoué : en début de prolongation, le gardien du Canadien a réalisé un très bel arrêt de la mitaine aux dépens de Mark Stone, gardant son équipe dans le match. Le gardien des Sénateurs a offert son cadeau quelques minutes plus tard.

S’il est évident qu’Anderson aurait dû effectuer l’arrêt, il est impératif d’offrir à Dale Weise et à ses compagnons de jeu du quatrième trio le mérite qui leur revient.

Quatrième étoile de la saison chez le Canadien – titre confirmé par le trophée Jacques-Beauchamp qui lui a été remis en fin de saison – Weise n’a certainement pas volé ce cadeau. Il a relevé plusieurs défis au cours de la saison au sein des premiers trios avant de reprendre un rôle plus obscur au sein des trios de soutien.

C’est d’ailleurs après un remaniement de ces trios de soutien – Weise s’est retrouvé au sein du 4e trio alors que Brian Flynn est allé rejoindre Lars Eller et Jacob De La Rose qui en arrachaient pas mal il faut dire – que la quatrième étoile du Canadien a marqué ses deux buts.

Une quatrième étoile qui scintille dans le firmament du Tricolore.

En passant, le Canadien qui n’a pu compter cette saison sur l’appui offensif de ses trios de soutien, a obtenu quatre buts du quatrième trio et un du troisième en trois matchs. Donc cinq sur les neuf marqués depuis le début de la série.

Ce n’est pas rien...

Mauvaises habitudes

Bien qu’ils se retrouvent acculés au pied du mur avec cette troisième défaite de suite et un deuxième revers consécutif en prolongation, les Sénateurs ont chèrement vendu leur peau lors de cette troisième rencontre.

Sortis en force dès le début de la rencontre, les Sénateurs ont frappé rondement le Canadien. Ils ont pris le contrôle de la rondelle et surtout de la patinoire en multipliant les mises en échec.

« Il faut gagner le prochain match »

Au total, les Sénateurs en ont distribué 61 et en ont encaissé 36. Cet aspect a joué un rôle crucial lors des deux premières périodes – 46 mises en échec après 40 minutes de jeu – alors que le Tricolore ne pouvait orchestrer des sorties de zone aussi rapides qu’il le désirait en raison de la pression exercée par les Sens. Et quand tu enlèves la vitesse d’exécution au Canadien, tu l’amputes de son arme la plus dangereuse, en attaque bien sûr.

En troisième, les Sénateurs ont baissé leur garde un brin ou deux en atténuant la pression qu’ils exerçaient sur les joueurs du Canadien qui ont finalement su en profiter.

S’il s’est couché heureux encore hier soir, Michel Therrien devra trouver une façon de rappeler ses joueurs à l’ordre.

Car en dépit de la victoire de dimanche, le Canadien a une fois encore affiché les vilaines habitudes de la saison régulière.

Pour une troisième fois depuis le début de la série, le Canadien a concédé le premier but. Oui, il est encore revenu de l’arrière, mais cette manie pourrait lui causer des ennuis plus loin en séries.

À titre de comparaison, le Canadien a été victime du premier but 43 fois au cours de la dernière saison régulière. Il a maintenu un dossier de 18 victoires, 19 revers et 6 défaites en prolongations ou tirs de barrage.

Autre piège dans lequel le Canadien s’est pris les deux pieds hier : l’attaque massive.

En six supériorités numériques – totalisant 10:08 – le Canadien n’a pas trouvé le moyen de marquer. Il aurait pu le faire en fin de rencontre lorsque Mark Borowiecki s’est retrouvé au cachot en fin de troisième période en tirant la rondelle directement dans la foule. Le Canadien a aussi obtenu une occasion en or en prolongation lorsque les arbitres se sont montrés très sévères à l’endroit de Curtis Lazar chassé pour une mise en échec par-derrière aux dépens d’Alexei Emelin.

Lors de ses six attaques massives – les Sénateurs en ont obtenu deux – le Canadien a été une fois encore très passif. Vrai qu’il a obtenu un total de 11 tirs, mais deux ou trois de ces tirs seulement se sont traduits par des occasions de marquer.

Par ailleurs, les Sénateurs ont tiré cinq fois sur Carey Price alors qu’ils écoulaient des pénalités. Milan Michalek et Jean-Gabriel Pageau ont été particulièrement efficaces pour éteindre l’attaque à cinq du Tricolore.

Il ne serait pas faux d’ajouter que les joueurs du Canadien eux-mêmes ont trouvé le moyen d’éteindre leurs supériorités numériques.

Karlsson-Beaulieu

Dans un match au cours duquel les joueurs des deux camps ont multiplié les mises en échec, le capitaine des Sénateurs a fait revivre l’assaut d’il y a deux ans d’Erik Gryba aux dépens de Lars Eller. En début de deuxième période, Karlsson a profité d’une passe dans les patins servie par Tom Gilbert à Nathan Beaulieu pour frapper solidement le jeune défenseur du Canadien en sortie de zone.

Plus tôt en première, Karlsson avait servi le même genre de mise en échec à Beaulieu, mais c’est le capitaine des Sens qui s’est retrouvé sur le dos.

À sa deuxième tentative, Karlsson a nettement eu le dessus.

Bien que la tête de Beaulieu ait été touchée lors de l’impact et que les patins de Karlsson aient quitté la glace après la collision, l’entraîneur-chef du Canadien Michel Therrien était d’accord pour dire que le coup était tout à fait légal.

En dépit des nombreuses doléances des partisans du Canadien sur les médias sociaux lors du match, la LNH considérait elle aussi que la mise en échec était légale.

Nathan Beaulieu a effectué quelques présences après la mise en échec dont il a été victime. Il a d’ailleurs tenté de se venger plus tard en période médiane. Mais après avoir effectué cinq présences au cours du deuxième tiers – neuf en première période – il a été cloué au banc en dernière période et en prolongation.

Après la rencontre, Michel Therrien a simplement indiqué que Beaulieu avait été blessé au haut du corps et que son état serait réévalué lundi.

Le prochain match étant mercredi seulement, Nathan Beaulieu pourra subir des traitements d’ici là. Et s’il n’est pas en mesure d’endosser l’uniforme, le vétéran Sergei Gonchar ou le jeune Greg Pateryn pourront le remplacer.