Maintenant qu’il est acquis qu’il ratera les séries pour une troisième année de suite et pour la quatrième fois en cinq ans, le Canadien devrait s’assurer de jouer à qui perd gagne pour maximiser ses chances de remporter la loterie en vue du prochain repêchage.

C’est la froide vérité.

Et s’il est vrai que Nick Suzuki et les autres jeunes de l’organisation ont beaucoup à apprendre dans la défaite pour s’assurer de mieux gagner et de gagner souvent dans quelques années, les Brendan Gallagher, Shea Weber, Carey Price et autres vétérans qui en ont assez de perdre en ont rien à cirer de jouer à qui perd gagne.

Ils veulent gagner. En fait, ils veulent surtout perdre le moins souvent possible.

Ils l’ont démontré hier soir en tenant tête à l’une des bonnes équipes de la LNH. Je sais! Les Capitals avaient perdu six de leurs neuf derniers matchs. Mais avec la possibilité de permettre à leur capitaine Alexander Ovechkin d’atteindre le plateau des 700 buts en carrière devant ses partisans, on était en droit de s’attendre à une solide performance des Caps.

Ovi a marqué tôt dans le match. Sur son tout premier tir de la rencontre. Il a marqué après que le Canadien eut très bien amorcé la rencontre, s’offrant pas une, mais bien deux échappées sans oublier deux descentes en surnombre. Mais comme c’est souvent arrivé cette saison, le Tricolore n’a pas su profiter de ses chances alors qu’Ovechkin lui, n’a pas raté la sienne.

Après ce but, le Canadien aurait pu fermer les livres. Surtout que Jonathan Drouin a écopé une pénalité qui a ouvert toute grande la porte à la possibilité qu’Ovi et sa bande doublent leur avance.

Mais ce n’est pas arrivé.

Au contraire.

Loin de se décourager, le Canadien s’est bien battu. Vraiment. Il a non seulement nivelé les chances en fin de période – quel plomb de Weber pour marquer son 14e de la saison –, mais il a su résister à un autre but tardif accordé en fin de deuxième période.

Encore un but en fin de période? Oui encore!

En plus, c’est l’ancien du Canadien Lars Eller qui a su profiter d’une combinaison d’erreurs d’exécution et de jugement des Petry, Kulak, Drouin et Suzuki pour relancer les Caps en avant.

Mais Gallagher a effacé ce but 94 secondes plus tard.

On l’a dit souvent, mais on ne dira jamais assez souvent à quel point Gallagher est essentiel aux succès du Canadien.

Gallagher, qui joue en dépit de mille et un bobos, petits et gros, et Weber dont certains osaient même remettre la carrière en question la semaine dernière, ont donné le ton en disputant du gros hockey encore jeudi.

Au-delà son but, Gallagher a bourdonné autour du filet adverse toute la soirée et il a terminé le match, comme ses compagnons de trio Phillip Danault et Tomas Tatar, avec un différentiel de plus-3.

Au-delà son but, Weber a passé 24 min 25 s sur la patinoire. Solide en défensive, il a aussi obtenu cinq bons tirs sur la cage défendue par Brendan Holtby.

Chariot de feu

Après deux bonnes périodes, les partisans étaient en droit de s’attendre à un autre effondrement du Tricolore tant cette équipe s’est écrasée au fil des cinq derniers matchs. Cinq matchs que le Tricolore a perdus, dont trois après qu’il se soit offert des avances des deux et même trois buts.

Ô surprise! Ce n’est pas arrivé.

Ben Chiarot s’est même permis de jouer les héros avec un but qui a lancé son équipe en avant dès la 30e seconde du dernier tiers et un autre venu sceller l’issue de la rencontre après 58 secondes en prolongation.

Car oui! Le Canadien a donné un autre but en fin de troisième période. Mais celui-là, les Caps l’ont marqué alors qu’ils évoluaient à six contre cinq. Ça faisait peur de voir les six joueurs des Caps virailler en zone du Canadien. Six joueurs, tous menaçants en raison de leur talent de marqueur, de leur talent de passeur, de leur talent tout court.

Mais pour la troisième fois de la rencontre, au lieu de s’écraser face au défi, le Canadien s’est relevé. Pour le meilleur? Pour le pire?

Chacun aura sa réponse. Et chaque réponse aura une portion de vérité sur laquelle s’appuyer.

Lehkonen chassé de la formation

En cette période de grande incertitude – le couperet sur les transactions tombera à 15 h lundi est-il besoin de le rappeler – le retrait d’Artturi Lehkonen après la période d’échauffement a soulevé une valse de spéculations sur son avenir avec le Canadien. Le Finlandais venait-il d’être échangé? Était-il sur le point de passer à une autre équipe?

La réalité était bien plus ordinaire.

Parce qu’il considère que Lehkonen, qui est solide défensivement et à qui personne ne peut reprocher qui que ce soit quant aux efforts qu’il déploie sur la patinoire, doit malgré tout en donner davantage, Claude Julien l’a simplement rayé de sa formation.

Un affront que Lehkonen subissait pour la première fois de la saison. Pour la première fois de sa carrière.

Méritait-il cette sanction?

En punissant Lehkonen, Claude Julien a envoyé un message au reste de l’équipe comme l’a candidement reconnu Gallagher après la rencontre.

En plus, bien qu’ils soient mal aimés par les partisans qui trouvent le coach bien trop généreux à leur endroit en matière de temps de jeu de qualité, Jordan Weal et Nick Cousins jouent du bon hockey par les temps qui courent.

Il fallait bien les récompenser. Sans oublier qu’il n’est pas mauvais de permettre aux équipes qui s’intéressent à eux – si des équipes s’intéressent à eux – de voir qu’ils sont capables de coller quelques bons matchs ensemble et non de se contenter d’une bonne présence ici et là.

Points positifs

– Chiarot a inscrit ses huitième et neuvième buts de la saison. C’est énorme pour un gars que le Canadien a acquis bien plus pour ses épaules que pour ses mains. De fait, Chiarot a inscrit neuf buts en 61 matchs avec le Tricolore alors qu’il en avait marqué neuf au fil de ses trois dernières saisons (en 194 parties) à Winnipeg et 12 depuis le début de sa carrière (305 parties) avec les Jets...

– Chiarot, à qui il est bien difficile de reprocher quoi que ce soit cette saison, a été le joueur le plus utilisé des deux formations effectuant 31 présences totalisant près de 28 minutes (27 :56) d’utilisation...

– Autre point positif pour Chiarot, quatre de ses neuf buts ont permis au Canadien de prendre les devants par un but et trois se sont traduits par des buts gagnants. En prolongation à Washington, jeudi, mais aussi aux dépens des Sénateurs d’Ottawa le 11 décembre, au Centre Bell, dans une victoire de 3-2. Chiarot a aussi brisé une égalité de 4-4 le 5 novembre contre Boston, pour donner une victoire de 5-4 au Tricolore...

– Parlant de prolongation, le Canadien a signé ses quatre dernières victoires au-delà les 60 minutes réglementaires : trois fois en prolongation, une fois en tirs de barrage. Après avoir perdu cinq des six premières prolongations de la saison, le Canadien vient de gagner six des huit dernières...

– Bien qu’il ait été victime du 699e but d’Ovechkin qui a eu souvent du succès à ses dépens, Price, a disputé une solide performance à Washington jeudi pour éviter de passer à l’histoire à titre de victime du 700e but en carrière d’Ovi, mais surtout pour freiner à cinq la séquence de revers consécutifs de son équipe tout en signant sa 25e victoire de la saison...

– Bien qu’il ait encaissé neuf revers (17-5-4) lorsqu’il profite d’une avance après 40 minutes de jeu – la pire fiche de la LNH – le Canadien n’a perdu que cinq fois (8-3-2) lorsque des 12 rencontres au cours desquelles il était à égalité avec ses adversaires après deux périodes...

– Les deux buts rapides de Chiarot étaient les 13e et 14e (en 12 rencontres) marqués dans la première minute d’une période par le Canadien jusqu’ici cette saison. Il a maintenu un dossier de 8-2-2 lors de ces 12 parties...

Points négatifs

– Le défenseur Xavier Ouellet qui jouait du hockey solide depuis son dernier rappel du Rocket de Laval a été victime d’une commotion cérébrale dès sa première présence jeudi. Frappé solidement, mais légalement, alors qu’il récupérait une rondelle dans le coin de la patinoire, Ouellet est allé frapper durement contre la bande après l’impact. C’est la tête qui a encaissé le gros du choc. C’était très évident alors que Ouellet semblait complètement perdu sur la patinoire après s’être relevé...

Ilya Kovalchuk a été blanchi de la feuille de pointage dans un sixième match de suite. Il ne revendique qu’un but à ses 11 dernières rencontres. Plus encore que ces statistiques, ses charges beaucoup moins incisives vers les filets adverses et ses tirs beaucoup moins menaçants que lors des premiers matchs à son arrivée avec le Canadien pourraient faire fluctuer à la baisse l’intérêt des autres équipes à son endroit et surtout les compensations offertes au Canadien advenant la conclusion d’une transaction d’ici 15 h lundi...

– Drouin a connu un autre match timide jeudi à Washington. Peut-être est-il encore ennuyé par la blessure au poignet subie lors de la dernière visite du Canadien dans la capitale américaine le 15 novembre dernier. Mais après six rencontres, Drouin est toujours en quête d’un premier point, il n’a obtenu que cinq tirs au but et il affiche un différentiel de moins-9...

– Parce que les Maple Leafs ont blanchi les Penguins 4-0, le Canadien malgré sa victoire ne s’est pas rapproché d’une place en séries. Des fois que certains ou certaines y croiraient encore. Pis encore, la victoire lui a permis de gagner une place au classement général. Il pourrait toutefois en perdre plusieurs au cours des prochains jours puisque la majorité de ses « rivaux » impliqués dans la loto-Lafrenière, ont deux, trois, voire quatre matchs de plus à disputer. Reste à savoir laquelle de ces équipes saura le mieux jouer à qui perd gagne...