MONTRÉAL - Le Canadien a gagné : il était temps! Il était même grand temps!

Et je ne fais pas référence ici seulement au fait qu’il s’agissait de la première victoire du Tricolore au SAP Center depuis le 23 novembre 1999. Je fais surtout référence au fait que le Canadien a enfin disputé un match de hockey solide.

Vrai que Jake Allen a changé le cours de cette partie; qu’il a fait bien plus que simplement donner une chance de victoire à son équipe. Avec ses 45 arrêts, dont plusieurs vraiment pas commodes, le gardien qui a réalisé son premier jeu blanc dans l’uniforme tricolore – son 22e en carrière – a racheté plusieurs erreurs défensives multipliées autour de lui alors que les Sharks étaient en plein contrôle de la rondelle.

De fait, n’eût été du brio de Jake Allen, les Sharks auraient sans l’ombre d’un doute marqué quelques buts. Ce faisant, ils auraient pu déstabiliser le club fragile qu’est le Canadien depuis le début de la saison.

Mais Allen les a effectués ces arrêts. Il les a même multipliés. Ce qui lui a valu de blanchir les Sharks pour la première fois de sa carrière et d’obtenir, du coup, une première étoile pleinement méritée.

Jake Allen a donné raison à tous ceux et celles qui considèrent que le brio d’un gardien a plus d’impact sur une victoire que les meilleurs, les plus originaux et les plus efficaces des plans de match. Comme il est tout aussi vrai, qu’une performance désolante d’un gardien peut anéantir les meilleurs, les plus originaux et les plus efficaces des plans de match.

Mais au-delà tout ce qu’il a fait de beau, de bien et de bon, son équipe a aussi fait sa part. Elle a travaillé. Elle a bataillé. Elle a pris les moyens pour gagner.

Ça n’a pas été parfait. Loin de là. En regardant le match à nouveau, même en accéléré, il serait facile de relever de longues séquences au cours desquelles le Canadien a été dangereusement sur les talons dans son territoire.

Mais pour une rare fois jusqu’ici cette saison, il n’est pas resté sur les talons. Il s’est secoué. Il s’est démené. Il a affiché un brin de conviction. Peut-être même deux, voire trois... Il en a affiché bien plus que lors de sa victoire de 6-1 aux dépens des Red Wings samedi dernier au Centre Bell.

Contrairement aux Wings qui se sont écrasés au fil de la rencontre, les Sharks n’ont jamais ralenti la cadence. Même qu’en troisième, malgré une avance de 3-0, on sentait qu’un but des Sharks aurait pu totalement renverser le match. Qu’il aurait pu amorcer une remontée susceptible de faire fondre l’avance du Canadien, de transformer ce qui semblait être la fin du calvaire du Tricolore à San Jose en une 13e défaite de suite au SAP Center.

Avec les conséquences qui auraient suivi.

Mais non!

Le Canadien a pris les moyens pour freiner à 12 sa série de défaites consécutives – 10 en temps réglementaire, dont trois par jeu blanc, une en prolongation et une autre en tirs de barrage – 12 défaites au fil desquelles les Sharks ont marqué 50 buts contre seulement 22 pour le CH, et se donner la chance de sauver son voyage dans l’Ouest américain qu’il complétera samedi et dimanche à Los Angeles et Anaheim.

Des plus pour Hoffman, Drouin, Romanov

Outre la performance de Jake Allen il est important de souligner le deuxième but gagnant de la saison de Mike Hoffman qui a marqué dans un troisième match de suite.

Hoffman, dont je suis loin d’être le président de son groupe de supporteurs, fait ce qu’il fait de mieux depuis son retour au jeu. Il marque des buts. Mais il ne se contente pas de les marquer en attaque massive. Il a marqué à cinq contre cinq pour la deuxième fois de la saison à San Jose. Il a aussi distribué de bonnes passes et s’est même permis quelques replis défensifs.

Jusqu’ici, il joue bien. Il faut le souligner.

Jonathan Drouin a ajouté une passe à sa récolte offensive cette saison. Cette quatrième passe, ce sixième point, ne sont pas tombés du ciel. Drouin a travaillé pour l’obtenir. En fonçant dans l’action, il a transformé une mise en jeu perdue en zone ennemie par Christian Dvorak en prise de possession de la rondelle par le Canadien. Alexander Romanov avec un puissant tir frappé a ensuite doublé l’avance (2-0) du Canadien, mais sans l’implication de Drouin, ce tir, Romanov n’aurait jamais pu le décocher.

Romanov a fait bien plus que marquer son premier but de la saison jeudi. Il a disputé un match solide. Mardi, dans les derniers instants de la partie gênante que le Canadien a disputée à Seattle, le défenseur russe a bloqué deux tirs à bout portant. Je me disais qu’il tentait seulement de racheter un autre match difficile. Mais peut-être que ces deux tirs bloqués étaient une façon de se réveiller. De réaliser que la saison était bel et bien commencée.

Car jeudi, Romanov a offert du hockey solide. Je ne crois pas me tromper en affirmant qu’il a disputé son meilleur match de la saison. Le fait qu’il ait franchi le plateau des 20 minutes de temps d’utilisation pour la première fois cette saison semble d’ailleurs me donner raison.

Romanov qui joue trop souvent à l’épouvante, qui se sort de l’action avec des prises de décisions douteuses, a asséné plusieurs bonnes mises en échec jeudi. Il ne s’est pas contenté de tenter d’être partout et nulle part à la fois sur la patinoire. Il s’est appliqué à être au bon endroit, au bon moment, et à faire le bon jeu.

Un signe de progression? Il serait temps!

Les membres du «quatrième» trio méritent aussi des fleurs pour la qualité du jeu qu’ils ont offert. Cédric Paquette, Artturi Lehkonen et Joel Armia ont remporté toutes les batailles qu’ils ont livrées contre les autres joueurs de soutien des Sharks en plus de se distinguer dans les missions défensives lors de désavantages numériques...

Unités spéciales

Moribonde lors des sept premiers matchs – deux buts en 25 occasions -- l’attaque massive a contribué à la victoire aux dépens des Sharks. Après 11 tentatives infructueuses consécutives, le Canadien a marqué un premier but en «Power Play» sur la route cette saison. Il était temps. Cela a permis à Brendan Gallagher de marquer son premier but de la saison. Ça aussi il était temps que ça arrive.

En plus de marquer, les joueurs envoyés sur la glace à cinq contre quatre ont trouvé une façon de s’installer en zone ennemie; de s’échanger la rondelle avec rapidité et précision.

Est-ce que j’oserais ajouter un autre : il était temps? Bien sûr!

Toujours au chapitre des unités spéciales, les spécialistes du désavantage numérique ont écoulé les quatre attaques massives offertes aux Sharks.

Jake Allen a fait plus que sa part puisqu’il a réalisé 13 de ses 45 arrêts pendant les huit minutes au cours desquelles les Sharks qui avaient une efficacité de 25 % avant le match ont tenté de le déjouer. Mais devant Allen, les joueurs envoyés pour l’aider l’ont vraiment aidé.

L’attaque massive qui fait mouche une fois en trois tentatives, le désavantage numérique qui est parfait dans un deuxième match de suite après avoir des buts – neuf au total – dans chacune des six premières parties : des signes que des jours meilleurs s’en viennent?

On le saura bien assez vite.

Car samedi après-midi – le match Canadien-Kings débutera à 16 h – à Los Angeles, le Canadien aura l’occasion de disputer deux bons matchs de suite pour la première fois cette saison.

Il serait temps vous ne trouvez pas?

Entre les lignes

-Le Canadien a marqué le premier but du match pour une deuxième fois seulement cette saison. Il a signé sa première victoire de l’année en pareille circonstance. Lors du premier match de la saison, à Toronto, Jonathan Drouin avait ouvert la marque, mais les Leafs l’ont finalement emporté 2-1...

-En plus de Romanov et Gallagher, Josh Anderson a lui aussi trouvé le fond du filet pour une première fois cette saison. Là encore : il était temps! Mais bien qu’il ait marqué dans un filet désert à l’aide d’un tir décoché du fond de son territoire, Anderson avait peutêtre besoin d’un premier but pour se mettre en marche. On verra. Mais au fil de la partie, Anderson a été remplacé par Tyler Toffoli à la droite de Nick Suzuki. Un signe que le coach commençait à s’impatienter?

-Jeff Petry est le seul défenseur blanchi offensivement depuis le début de la saison. Une vilaine surprise pour les amateurs de pools de hockey qui voyaient en lui une valeur sûre chez les défenseurs de la LNH...

-Petry jouit de l’entière confiance de ses coachs qui l’ont gardé sur la patinoire près de 26 minutes (25 :50) jeudi soir. En plus de jouer à cinq contre cinq, le défenseur numéro un du Canadien a passé 2 min 36 s sur la glace en attaque massive et 4 min 36 s sur la patinoire à court d’un homme. Il s’est rendu coupable de quelques revirements et d’un jeu très dangereux devant son filet qui a obligé Nick Suzuki a écoper une pénalité en lui venant en aide, mais en jouant aussi souvent, un joueur a plus de chance de commettre des bévues qu’un autre cloué au banc...

-Dans les six matchs qu’il a perdus, le Canadien n’a profité d’une avance que pendant 170 secondes ou 2 min 50 s si vous préférez...

-Inversement le Canadien a joué avec une avance pendant 47 min 51 s à San Jose, jeudi, et pendant 43 min 45 s lors de sa victoire aux dépens des Wings samedi dernier...

« Jake a été extraordinaire ce soir »
« Jake a été extraordinaire ce soir »