Le Canadien n’avait pas le choix : après sa défaite gênante aux mains des Flames, à Calgary, il ne pouvait se permettre de gaspiller un deuxième match en deux soirs alors qu’il croisait les jeunes Oilers d’Edmonton.

Bien qu’ils soient menaçants en attaque, les jeunes Oilers ne forment pas encore un club gagnant. Loin de là. Mais comme les Flames l’avaient prouvé mercredi à Calgary, il n’est pas nécessaire de former une grosse équipe de hockey pour battre le Canadien. Il suffit de travailler plus fort, d’afficher plus de conviction, d’être plus discipliné et un brin ou deux plus opportuniste pour faire ressortir les nombreuses failles qui minent le Tricolore.

Parce qu’il ne s’est pas contenté de faire acte de présence, le Canadien a battu les Oilers. Ça n’a pas toujours été beau. De vilaines pénalités en début et en cours de rencontre auraient pu faire bien plus mal au Tricolore si ces jeunes adversaires avaient orchestré des attaques massives dignes de ce nom. Surtout en début de rencontre.

Les Oilers ont malgré tout marqué le premier but forçant Michel Therrien à perdre patience et à chambarder ses trios. Une excellente décision qui a autant contribué à la victoire que le travail efficace de ses jeunes Galchenyuk et Gallagher. Sans oublier Lars Eller qui a été l’attaquant le plus utilisé avec une soirée de travail de 20 bonnes minutes.

Parce qu’il a travaillé davantage et certainement beaucoup mieux que ses jeunes adversaires, parce ses jeunes ont été meilleurs que les jeunes des Oilers, parce que Peter Budaj a été meilleur devant son filet que Devan Dubnyk le gardien des Oilers – les détracteurs de Carey Price diront que Budaj a été meilleur que lui aussi – le Canadien a remporté une victoire importante de 4-1.

Une victoire surtout très apaisante alors qu’un revers aurait attisé le vent de panique soulevé par un début de saison pas très convaincant et surtout la défaite inacceptable de mercredi à Calgary.

Cette victoire donnera aussi un peu de répit à Michel Therrien dont l’avenir avec le Canadien sera remis en question au rythme des insuccès de son équipe.

Ce qui est souvent injuste, mais normal quand on connaît le niveau d’impatience et de bipolarité du partisan du Canadien.

Desharnais déjà au pilori

Apaisante pour le club en général, pour son entraîneur-chef, les jeunes qui brillent et les joueurs de soutien qui donnent ce qu’ils ont à donner, la victoire d’hier n’arrivera toutefois pas à apaiser l’impatience et les critiques à l’égard des performances de David Desharnais. Ou son absence de performance, puisque c’est de ça qu’il est question ici.

Desharnais a assuré son avenir financier l’an dernier lorsque Marc Bergevin lui a consenti un contrat de quatre ans totalisant 14 millions $.

Ce contrat récompensait les années de travail qui ont permis à Desharnais de se hisser jusqu’à la LNH. Il récompensait aussi une saison de 60 points (16 buts) en 81 matchs il y a deux ans alors que le Québécois pilotait le meilleur trio du Canadien flanqué de Max Pacioretty et Erik Cole.

Comme plusieurs, j’étais convaincu que Desharnais, en raison de ses origines modestes, du travail déployé pour se rendre où il est rendu et de sa petite taille, ne serait pas ankylosé par autant d’argent.

Ses détracteurs n’ont jamais été d’accord.

Jusqu’à maintenant, David Desharnais ne fait rien pour aider sa cause et faire taire les critiques lancées à son endroit. Des critiques qui ont fait boule de neige l’an dernier. Des critiques qui n’ont pas fondu au cours de l’été alors que la boule de neige s’est remise à tourner dès le calendrier préparatoire.

Toujours en quête d’un premier point malgré le fait que Michel Therrien l’ait favorablement placé au centre de Max Pacioretty et Daniel Brière, malgré qu’il lui ait offert beaucoup de temps d’utilisation et du temps d’utilisation de qualité en avantage numérique, Desharnais ne fait rien pour aider sa cause.

Rien de rien.

Malgré ses prétentions qu’il soit arrivé au camp du Canadien en grande forme et plus rapide sur patins que l’an dernier, Desharnais est invisible sur la patinoire.

Exception faite de bonnes performances aux cercles des mises en jeu, Desharnais s’est contenté de trop peu. Et si ses ailiers avaient bousillé des tas de belles occasions de marquer, on pourrait facilement défendre le manque à gagner de Desharnais sur le plan de la production offensive.

Mais ce n’est pas le cas.

Apostrophé publiquement par Michel Therrien avant le départ du Tricolore pour l’Ouest canadien, Desharnais n’a pas réagi à Calgary.

Cette réaction timide est inquiétante.

Je ne lapiderai pas Desharnais de critiques acerbes après quatre matchs. C’est encore trop tôt. Mais parce qu’il a déjà miné la patience dont il profitait l’an dernier, il ne peut se permettre un trop long passage à vide.

Un passage à vide qui m’intrigue, je dois dire. Qui m’inquiète même. Desharnais, un gars tranquille, un gars peut-être un peu fragile, a-t-il la couenne assez dure pour réagir aux critiques. Pour les utiliser comme tremplin plutôt que les laisser l’enliser davantage dans une médiocrité qui ne lui va pas bien. Pas bien du tout.

Les prochains matchs le démontreront. Mais pour l’instant, c’est l’impression que ça donne.

Trios chambardés

Discret encore hier soir à Edmonton, Desharnais a forcé Michel Therrien à le rétrograder au sein du troisième trio entre Rene Bourque et Brian Gionta.

Therrien n’avait pas le choix.

Pour déployer une attaque plus diversifiée, l’entraîneur-chef du Canadien a décidé de démembrer son trio de jeunes. Son premier trio.

Une décision osée. Mais une décision qui s’imposait.

Avec Pacioretty et Eller sur ses flancs, Daniel Brière qui est davantage un joueur de centre qu’un ailier de puissance, mettons, pourrait bénéficier de ce changement pour se mettre en marche lui aussi.

Dans une cause gagnée d’avance, il a d’ailleurs récolté une passe, une première cette saison, sur le but de Max Pacioretty. Il en faudra d’autres, beaucoup d’autres pour apaiser les critiques qui n’attendent que deux ou trois autres matchs ordinaires du Gatinois pour condamner son embauche à gros prix l’été dernier.

Parce que Galchenyuk et Gallagher sont ce qu’ils sont, des bourreaux de travail qui savent mettre à profit le talent dont le Bon Dieu leur a fait cadeau, ils ne souffriront pas de la perte de Lars Eller.

Et maintenant qu’il profitera d’un peu de temps avec les deux meilleurs attaquants du club, Tomas Plekanec fera des pieds et des mains pour les alimenter et leur permettre d’accumuler des points.

Envoyé dans la mêlée en lieu et place de Ryan White, Michaël Bournival a offert de meilleurs résultats à son équipe au sein du quatrième trio que le fougueux attaquant de soutien.

Si Travis Moen et Brandon Prust jouent comme ils l’ont fait hier, Bournival sera assez bien encadré pour patiner et aider la cause de son équipe sans craindre que son inexpérience nuise au Canadien.

Et parce que Bournival est meilleur que White sur tous les aspects importants du hockey, il offre à Michel Therrien la possibilité de l’utiliser sur l’un de ses trios de tête en cas de besoin.

J’espère que Bournival pourra le prouver encore samedi alors que le Canadien sera à Vancouver, où les Canucks forment une équipe bien meilleure que les Flames de Calgary ou les Oilers d’Edmonton.

À la ligne bleue?

Au lendemain d’un match difficile, on a donné une chance à Nathan Beaulieu hier. Belle expérience. Beaulieu chassera sans doute un jour Raphael Diaz du Tricolore.

Mais ce jour n’est pas venu encore.

Et comme j’aimerais mieux voir Jarred Tinordi apprendre à la dure, même lorsqu’il connaît des matchs moins solides, comme ce fut le cas mercredi à Calgary, il me semble qu’on devrait lui offrir la chance de jouer d’une manière continue afin d’accélérer son développement.

Quant au gardien, la performance de Peter Budaj relancera les débats inutiles sur la sélection du gardien de match en match.

Mais bon! À moins qu’il ne se blesse d’ici là, Carey Price sera devant le filet samedi à Vancouver. Bien qu’il ne soit pas responsable des défaites aux mains des Leafs et des Flames – il n’a pas été responsable non plus de la victoire aux dépens des Flyers – Price devra s’imposer davantage qu’il ne l’a fait jusqu’ici pour s’assurer de freiner les critiques avant qu’elles ne se lèvent.

Sinon, le gardien se retrouvera rapidement dans la même situation inconfortable que David Desharnais tout en haut de la liste des souffre-douleurs des partisans du Canadien.