De tous les scénarios anticipés dans le cadre du premier match de la série Sénateurs-Canadien, celui qui mettait en vedette les trios de soutien offrant une victoire au Tricolore m’avait échappé.

De fait, je ne crois pas qu’il avait été écrit. Peut-être n’avait-il pas même été envisagé tant il semblait improbable que les trios de soutien du Canadien puissent dominer ceux des Sénateurs.

C’est pourtant ce qui est arrivé.

Privé de Max Pacioretty toujours incommodé par cette commotion qu’on refuse d’appeler par son nom, privé de P.K. Subban qui s’est retrouvé au vestiaire après avoir été chassé pour un coup de bâton à l’avant-bras de Mark Stone, privé de David Desharnais et P.A Parenteau qui se sont faits très discrets lors du premier match, privé aussi de son premier trio qui n’a été à la hauteur non plus, sans oublier que le vétéran défenseur Andrei Markov a connu un match affreux après avoir marqué accidentellement dans son propre but pour permettre aux Sens de prendre les devants 1-0, le Canadien a pu compter sur ses plombiers pour filer vers la victoire.

Un gain de 4-3 qui a non seulement permis au Tricolore de prendre les devants 1-0 dans la série, mais qui lui a permis de percer le mystère Andrew Hammond pour une première fois cette saison.

Défendu par son entraîneur-chef Dave Cameron qui a assuré après la défaite n’afficher aucune inquiétude à l’endroit de son gardien, Andrew Hammond a été ordinaire, voire vulnérable, lors de ce premier match.

Du moins à mes yeux.

Vrai que Hammond a réalisé 35 arrêts ce qui est très bien. Vrai aussi qu’il en a réalisé quelques-uns très solides en plus de composer avec l’appui de ses poteaux à deux reprises.

Vrai aussi que ses coéquipiers, après un bon début de rencontre, ont baissé leur garde devant lui laissant le champ libre aux joueurs du Tricolore.

Mais ça n’excuse pas tout.

Ça n’excuse surtout pas le fait que le «Hamburglar» ait été battu de vitesse par Torrey Mitchell qui a profité du déséquilibre du gardien des Sens – il s’est trop déporté vers la droite de son demi-cercle – pour contourner le filet et marquer en réalisant la passe du grand tourniquet !

Ça excuse encore moins le fait que Hammond, après que Mitchell eut réveillé des partisans alors passablement inquiets dans les gradins, a fait cadeau d’un but à Tomas Plekanec sur un tir presque anodin 15 secondes seulement après la reprise du jeu.

Michel Lacroix n’avait pas encore complété l’annonce du premier but que sa grosse voix a été engloutie dans le tsunami de cris de joie des amateurs qui voyaient soudainement leur équipe en avant.

S’il ne pouvait pas grand-chose sur le but de Lars Eller, marqué au terme d’une longue échappée alors que le Canadien écoulait une pénalité majeure à P.K. Subban (voir autre texte : Après Gryba-Eller, Subban-Stone) Hammond n’a pas été fort sur le but gagnant de Brian Flynn.

Flynn a profité de l’inertie défensive des Sénateurs qui l’ont laissé revenir devant le filet, mais Hammond aurait pu se braquer davantage.

Est-ce que Hammond pourra s’en remettre ?

On verra.

Ce qui est clair, c’est qu’après avoir accordé deux buts ou moins à ses 13 premiers départs, Andrew Hammond a maintenant accordé trois buts ou plus à ses 12 derniers départs : 11 en saison régulière et à son premier match en séries dans la LNH.

Patience récompensée

Si on peut imputer une bonne part de la défaite des Sénateurs au gardien Andrew Hammond et au travail un brin ou deux brouillon de ses coéquipiers en deuxième moitié de rencontre, il est important, essentiel même, de donner le crédit qui leur revient aux artisans de la victoire du Canadien.

Je parle ici des plombiers.

De Devante Smith-Pelly et Dale Weise qui ont été les deux meilleurs attaquants du Canadien en première période, en passant par Torrey Mitchell, Brian Flynn et Brandon Prust qui ont formé le trio le plus dangereux du Tricolore, les plombiers ont fait un travail remarquable lors du premier match.

Après quelques journées d’analyses qui donnaient un net avantage aux membres des 3e et 4e trios des Sénateurs qui, contrairement à ceux du Canadien, pouvaient contribuer offensivement sur une base régulière, les plombiers du Canadien ont fait mentir tout le monde.

Ils ont toutefois donné raison au directeur général Marc Bergevin d’avoir fait leur acquisition à la date limite des transactions.

Bon ! Un match, aussi bon soit-il, ne pourra effacer tous les ennuis qu’ont eue Mitchell – une passe en 14 matchs, Flynn – aucun point en neuf matchs, et un match de 20 secondes d’utilisation – et DSP – trois points en 20 matchs, deux matchs sur la galerie de presse en réflexion et des directives de perte de poids et de remise en forme – après leur acquisition par le Canadien, mais il est clair que leur contribution et implication lors du match de mercredi soulagera le DG du Tricolore.

Sans oublier que son autre acquisition à la date limite des transactions, le défenseur Jeff Petry joue du très gros hockey après quelques matchs timides à ses débuts.

Solide dans sa zone, capable de bien protéger Carey Price et de tenir son bout le long des bandes, Petry est efficace dans ses sorties de zone et en mesure de contribuer offensivement. Bien qu’il ne soit pas spectaculaire, il est très efficace et est en voie de devenir la meilleure acquisition de Bergevin cette saison.

Tout ça en 30 secondes…

Si la première période du premier match Canadien-Sénateurs a laissé les fans sur leur appétit, surtout ceux du Tricolore qui voyaient l’ennemi venu d’Ottawa prendre le contrôle du Centre Bell – la deuxième a marqué d’une explosion de buts alors que six des sept buts ont été enfilés en période médiane.

De fait, il s’est passé plus de choses en 30 secondes au milieu de la deuxième que dans plusieurs matchs complets présentés cette année au Centre Bell.

Au cours de ces 30 secondes, Torrey Mitchell a nivelé les chances ; Tomas Plekanec a donné les devants 2-1 au Canadien. Lars Eller a écopé une pénalité mineure six secondes après la reprise du jeu et P.K. Subban a asséné son coup de hache, ou de Sherwood selon votre préférence, neuf secondes plus tard.

De quoi perdre le nord…

Ajoutez à ça le fait que les Sénateurs ont marqué deux fois lors de cette attaque massive et que le Canadien a répliqué avec un but à court d’un homme entre les deux filets du Tricolore et vous avez là une cascade de faits saillants captés en moins de cinq minutes. Une cascade de faits saillants qui nous annoncent des matchs enlevants d’ici à la fin de cette série Montréal-Ottawa.