Réglons une chose tout de suite : Dale Weise n’est pas un joueur de premier trio. Et si l’état-major du Canadien décide de tourner le dos aux attaquants disponibles pour venir renflouer son flanc droit d’ici la date limite des transactions en raison des récents exploits de Weise, il commettra une erreur.

Il faut toutefois reconnaître que Weise profite à plein de la chance que lui offre Michel Therrien en le joignant à David Desharnais et Max Pacioretty au sein du premier trio. Il faut reconnaître du même souffle que le Canadien profite grandement de cette expérience, disons audacieuse. Il faut dire que Michel Therrien commençait à être à court de munitions...

Car avant qu’Andrei Markov ne catapulte la rondelle dans une cage déserte pour marquer le troisième but qui a confirmé la victoire de 3-1 du Canadien aux dépens des Bruins, à Boston, dimanche, Dale Weise avait participé aux quatre derniers buts marqués par le Tricolore. Il avait même enfilé trois de ces quatre buts.

Avec ses 9 buts et 22 points, Dale Weise ferme la marche au sein du groupe de dix marqueurs comptant au moins 20 points cette saison chez le Canadien.

En plus d’éclipser Lars Eller dont la production offensive stagne à 16 points - le même nombre de Jiri Sekac en passant - Dale Weise fait bien mal paraître Eller en affichant un différentiel positif de plus-14 - le 2e chez le Tricolore sur un pied d’égalité avec David Desharnais, alors que Max Pacioretty domine avec son plus 26 - pendant qu’Eller, à moins-4, est l’un des trois réguliers seulement - avec P.-A. Parenteau et Manny Malhotra - à patiner dans le négatif.

Ajoutez à cela le fait que Weise, dont le mandat est de survolter ses compagnons de trio avec son implication physique et son échec avant soutenu, ne revendique que 18 minutes de pénalité. Soit près de la moitié du total (32) de Lars Eller.

Efficace Weise? Mettez-en!

Tout, ça à un salaire de 1,025 million $ pour cette année avec une ponction sur la masse salariale du même montant. Ce qui en fait une belle aubaine pour le Tricolore derrière Brendan Gallagher qui touche un salaire de 650 000 $ - 828 000 $ sous le plafond en raison de différentes primes - cette année. Le salaire de Gallagher grimpera toutefois à 5,5 millions $ l’an prochain alors que celui de Weise sera encore de 1,025 million $.

Bonne acquisition

Est-ce que les performances de Weise, sa contribution aux récents succès du premier trio, sa contribution aux succès du Canadien depuis le début de la saison sont trop belles pour durer? Trop belles pour être vraies?

Les prochaines semaines, les prochains mois, les prochaines saisons permettront de le déterminer. Mais pour l’instant, Weise, ses compagnons de trio, ses coéquipiers du Canadien et les partisans du Tricolore doivent en profiter.

Même que Michel Therrien devrait sérieusement songer à offrir du temps d’utilisation à Weise en avantage numérique afin de maximiser la séquence de rêve sur laquelle le hockeyeur de 26 ans originaire de Winnipeg surfe présentement.

Mais si Marc Bergevin met la main sur Jaromir Jagr ou un autre attaquant plus susceptible que Weise d’assumer une place régulière au sein du premier - ou du deuxième trio - et que la saveur du mois du Canadien est reléguée au sein d’un troisième trio, le Tricolore sera alors un bien meilleur club. Un club plus en mesure de générer de l’attaque sur une base plus régulière et sur plusieurs fronts. Ce qui a été un de ses problèmes depuis le début de la saison.

On verra. Il sera d’ailleurs très intéressant de voir quelle sera la réaction de Weise face à une éventuelle rétrogradation au sein d’un trio de soutien si jamais l’état-major du Canadien renfloue son attaque.

Cela dit, s’il est clair, du moins à mes yeux, que Dale Weise n’est pas un joueur de premier - ou deuxième - trio au sein d’un club bien nanti à l’attaque, il est tout aussi clair que Weise n’a pas volé l’occasion qui s’offre à lui. Il a travaillé pour l’obtenir.

Il a dû convaincre bien du monde pour se rendre là. À commencer par Michel Therrien qui, est-il besoin de le rappeler, l’a exclu de sa formation trois fois lors des six premiers matchs de la saison. Sans oublier que 24 fois lors des 49 matchs qu’il a disputés, Weise a dû se contenter de moins de 12 minutes d’utilisation.

Avant de convaincre Michel Therrien, Dale Weise n’est pas arrivé à convaincre John Tortorella qui l’a boudé d’abord avec les Rangers de New York qui l’ont repêché en 2008 (4e ronde) et ensuite avec les Canucks de Vancouver.

Après s’être contenté de 10 buts et 26 points en 152 matchs disputés dans la LNH à New York et Vancouver, Weise revendique déjà plus de buts (12) et le même nombre de points (26) en seulement 66 rencontres disputés dans l’uniforme du Canadien. Ce qui fait de lui une excellente acquisition de la part de Marc Bergevin qui a obtenu Weise en retour de Raphael Diaz. Après des séjours à Vancouver et New York (Rangers) l’ancien défenseur suisse du Canadien évolue maintenant avec les Flames à Calgary…

Les Bruins trop lents

Dimanche, à Boston, le Canadien a complété son balayage aux dépens des Bruins. Si, lors des trois premiers revers, les Bruins pouvaient imputer l’élément fatigue en raison du fait qu’ils avaient joué la veille alors que le Tricolore était en congé, l’excuse ne pouvait ternir dimanche. Car non seulement le Canadien avait joué samedi, mais il a en plus dû effectuer l’envolée - courte quand même - en direction de Boston.

Malgré ces circonstances, le Canadien était, et de loin, le club le plus rapide sur la patinoire du TD Garden dimanche. Le club qui a dicté l’allure de la rencontre bien plus souvent qu’il ne l’a subi.

Les Bruins forment toujours une bonne équipe comptant sur un bon gardien et sur un des centres les plus complets de la LNH en Patrice Bergeron. Mais cette équipe est maintenant trop lente pour rivaliser avec les clubs les plus rapides du circuit.

Le printemps dernier, au lendemain de l’élimination de son équipe aux mains du Canadien, le directeur général Peter Chiarelli convenait que les Bruins devraient peut-être changer leur philosophie et ajouter la vitesse afin de pouvoir rivaliser avec le Canadien sur ce plan.

La vitesse n’est pas encore arrivée.

Zdeno Chara a perdu plus d’une demi-seconde sur ses adversaires. Oui il a encore un tir redoutable, oui il est toujours fort comme un cheval. Mais encore faut-il qu’il puisse se rendre aux rondelles libres avant ses adversaires pour tirer avec force. Encore faut-il qu’il soit en mesure de rattraper ses adversaires pour les mettre en échec, pour les empêcher de sortir des coins de patinoire avec la rondelle, pour gagner ses batailles.

Ce qu’il n’était pas en mesure de faire dimanche.

Et que dire de Milan Lucic?

Je suis un fan de la première heure de ce gros attaquant qui a redéfini les paramètres d’un attaquant de puissance lorsqu’il a pris la LNH d’assaut à 18 ans. Mais Lucic n’est plus l’ombre de ce joueur.

Peut-être que ses nombreux accrochages avec le Canadien, ses menaces de mort proférées à l’endroit de Dale Weise et Alexei Emelin, ses gestes disgracieux à l’endroit des fans du Tricolore au Centre Bell et sa haine du Tricolore l’empêchent de jouer à la hauteur de son talent, mais encore dimanche, Lucic a plus rendu service au Canadien qu’aux Bruins lors des 60 minutes du match.

À la lumière de cette partie, de cette quatrième victoire de suite du Canadien cette année contre Boston, du 21e gain de Carey Price en 31 décisions (21-8-3) alors que son vis-à-vis Tuukka Rask semble lui aussi perdre ses moyens contre le Canadien (3-13-3), du manque de vitesse de Boston pour rivaliser au moins sur ce plan avec le Canadien, il est permis de se demander comment les Bruins pourraient sortir gagnant d’une série quatre de sept contre ses rivaux de Montréal. Des rivaux qui n’auraient même pas besoin de l’appui historique de ses fantômes pour venir hanter les Bruins.

On le saura bien assez vite, car le printemps qui arrivera bien un jour devrait nous offrir un autre face à face Montréal Boston en séries.

Mais pour la première fois depuis longtemps, pour la première fois tout court, je crois que je favoriserais le Canadien dans un tel duel au grand dam des partisans du Tricolore.

Du moins pour le moment…