BROSSARD - Si Guy Boucher a choisi d'accepter le poste d'entraîneur-chef du club-école du Canadien, en juin dernier, c'est dans le but de jouir d'une liberté d'action qu'il n'aurait pas obtenue ailleurs dans la LNH.

L'entraîneur québécois au charisme indéniable et à l'avenir prometteur a suscité l'intérêt d'autres clubs de la Ligue nationale, soit comme entraîneur adjoint, soit pour piloter une équipe de la Ligue américaine. Mais on voulait qu'il se conforme au style de la maison, sans égard à ses compétences ou aux éléments nouveaux qu'il aurait été en mesure d'apporter.

Chez le Canadien, même si Bob Gainey et Jacques Martin ont une façon bien à eux de faire les choses, il a trouvé une ouverture d'esprit qui l'a conquis. Si bien qu'il savoure déjà au maximum son nouvel emploi comme entraîneur-chef des Bulldogs de Hamilton, même s'il n'avait pas encore patiné avec ses futurs joueurs, cette semaine, à l'occasion du camp des recrues du Canadien tenu à Brossard.

"Dès mes premières rencontres avec monsieur Gainey, c'était très clair qu'on m'avait engagé parce que je fonctionnais d'une certaine façon, et on m'a dit de faire attention de ne pas trop changer ce que je faisais, a déclaré Boucher, mercredi, au Complexe sportif Bell. Mais en même temps, avec ce qu'on apprend avec Jacques Martin, Perry Pearn et Kirk Muller, c'est certain que je veux connaître toutes les bonnes idées qu'ils peuvent me donner, et chercher à les incorporer dans ma façon de faire.

"Ce qui est très intéressant, c'est que ce sont des gens très généreux (de leur temps et de leurs connaissances), a dit Boucher de l'état-major du Canadien et des Bulldogs. Dès le départ, on m'a donné beaucoup d'informations et, à tous les jours, c'est pour moi une belle aventure qui se poursuit. Ca me donne la chance de faire un petit peu de préparation préventive en vue de ce qui va se passer dans les prochaines semaines."

Boucher a dit avoir déjà eu plusieurs rencontres fructueuses avec Jacques Martin dans le but de coordonner leurs efforts.

"Ce qu'on veut faire, c'est se rapprocher le plus possible - surtout au niveau des valeurs et des principes de base. Mais j'ai quand même beaucoup de liberté par rapport au système qu'on adoptera dans la Ligue américaine", a expliqué Boucher, qui demandait à ses joueurs, chez les Voltigeurs de Drummondville, de faire preuve de beaucoup de dynamisme en zone adverse dans le but de créer la confusion chez l'adversaire.

"On ne m'a rien imposé, a souligné Boucher. C'est certain que c'est un avantage pour moi, je n'aurai pas nécessairement à changer beaucoup de choses. Déjà, Jacques et moi, on était proches à plusieurs égards. Les ajustements à faire seront minimes.

"De toute manière, un système, ça évolue en cours de saison. Ce sera autant le cas à Montréal qu'à Hamilton. On cherchera donc à avoir quand même notre identité", a dit Boucher des Bulldogs.

La même mentalité

Déjà sur la même longueur d'ondes que la direction du Canadien, Boucher prévoit que ce sera la même chose avec ses joueurs, même s'il passe des rangs juniors à professionnels. Celui qui a permis aux Voltigeurs de connaître la meilleure saison de leur histoire, l'hiver dernier, entend se servir de son bagage de joueur dans les rangs universitaires, avec les Redmen de McGill.

"A part quelques-uns qui ont plus de 25 ans, les joueurs de la Ligue américaine ont presque tous 23 ans et moins, soit à peu près le même âge que les joueurs que j'ai dirigés et que j'ai connus comme joueur", a souligné Boucher.

"Je suis quelqu'un qui se concentre beaucoup sur l'individu plutôt que le collectif. Donc, je ne changerai pas, bien au contraire. La Ligue américaine, ça nous donne cette même possibilité de développer des joueurs dans le but de les voir aboutir dans la Ligue nationale.

"De toute manière, j'ai toujours pensé que lorsqu'on prend soin de l'individu, éventuellement on aura un collectif solide."

Boucher a déjà bien entamé son travail à ce chapitre. Il a passé de 45 minutes à une heure avec tous les joueurs qui ont évolué avec les Bulldogs, l'hiver dernier. Ce qui permettra à cet adepte de psychologie sportive d'utiliser les bons leviers pour motiver ses ouailles et leur permettre de jouer à leur pleine mesure.

"Je vais attendre de voir qui seront les prochains à se tailler une place chez nous, mais de tous les joueurs, je veux savoir d'où ils viennent, pourquoi ils sont là, quelles sont leurs attentes et leurs motivations, a-t-il expliqué. Une personne a toujours des émotions, des antécédents, une façon de voir les choses. Avant de diriger des gens et de leur donner des tâches, c'est important de savoir qui ils sont pour pouvoir les placer au bon endroit."