Cette fois, la LNH semble sérieuse
Hockey mercredi, 22 sept. 2004. 23:30 samedi, 14 déc. 2024. 13:33
(RDS) - Le conflit de travail au hockey n'est vieux que de quelques jours mais on sent déjà une énorme différence par rapport à celui d'il y a dix ans: la Ligue nationale semble beaucoup plus sérieuse dans sa démarche et elle le manifeste clairement dans ses prestations publiques!
Commençons d'abord par les interventions du négociateur en chef, Bill Daly. Aussi tôt que l'été dernier, lors de la rencontre annuelle avec les diffuseurs, cet homme articulé et pondéré a démontré une maîtrise parfaite de ses dossiers en nous les exposant pour la première fois. A l'aide d'un prospectus simple, il a réussi à très bien faire comprendre la position de la LNH et les objectifs qui en découlaient. Aux questions, interventions ou mêmes objections de nos collègues qui étaient présents, Daly apportait constamment une réponse précise, une nuance pertinente ou une explication supplémentaire qui rendaient carrément difficile toute forme de contestation de la crédibilité de la ligue.
A mesure que les interventions de Daly se sont faites publiquement, on a ressenti la même assurance, la même conviction. Il y a d'ailleurs une corrélation indéniable entre sa "performance" de la dernière année et le premier courant d'appui que les amateurs semblent donner aux propriétaires aux premiers stages du conflit.
Puis, il y eut l'exposé de Gary Bettman lors de l'annonce de l'arrêt des activités de la LNH. Déjà lors d'un point de presse au cours de la finale de la coupe Stanley, le commissaire nous était apparu comme un orateur transformé. D'une véritable "girouette" s'emportant pour un rien devant les journalistes il n'y a pas si longtemps, Bettman était soudainement devenu un habile causeur, un porte-étendard très crédible de la cause qu'il défend au nom des 30 propriétaires d'équipes. C'est ce même homme que le grand public a vu et entendu lors du décret du lock-out.
Le commissaire en a même rajouté en offrant une prestation sans bavure lors de son passage à l'édition spéciale du "National" sur les ondes de la CBC, mardi soir. Bombardé de questions par Peter Mansbridge et surtout par des amateurs de hockey en colère d'un peu partout au Canada, Gary Bettman s'en est tiré de façon remarquable. Jamais au cours de cet exercice délicat a-t-on senti qu'il dérapait, qu'il manquait d'arguments ou pire encore, qu'il se moquait de la frustration des amateurs, comme on l'a souvent perçu il y a 10 ans. S'il devait y avoir, aux premiers balbutiements du présent conflit de travail, une preuve du sérieux des propriétaires et de leur niveau d'unité, elle fut donnée sans équivoque par Bettman, sur une tribune extrêmement puissante.
Notons, enfin, le point de presse donné par le Canadien de Montréal, la semaine dernière. Encore là, Pierre Boivin a offert une performance éloquente quant au sérieux de la partie patronale. Le président du Canadien a surtout impressionné dans sa façon de conjuguer les intérêts de l'ensemble de la LNH à ceux plus spécifiques de son entreprise. Plusieurs collègues l'ont habilement questionné sur la place qu'occupe le Canadien dans le circuit par rapport à des marchés "douteux" comme Raleigh-Durham, Nashville ou Columbus. Il eut été logique de s'attendre à ce que Pierre Boivin laisse filtrer une certaine frustration à devoir défendre la même cause que ces régions où le hockey ne semble avoir aucun avenir. Il n'en fut rien. Lorsque la conférence de presse fut terminée, il avait fort bien couvert tous les angles, de la taxe municipale imposée à son équipe aux sièges vides de certains amphithéâtres américains.
Cela dit, la présente réflexion ne doit pas être interprétée comme un simple endossement partisan et aveugle de la position des propriétaires. Loin de là. N'oublions pas qu'ils ont eux-mêmes largement créé le chaos duquel ils tentent présentement de se sortir. N'oublions pas non plus que les principes de libre entreprise, d'offre et de demande font partie intégrante de la société nord-américaine et que, jusqu'à preuve du contraire, aucun joueur ou agent n'a "volé" ou obtenu illégalement les sommes astronomiques consenties par les équipes au cours des 10 dernières années.
Il est question ici, strictement, de la façon d'exposer la situation devant les amateurs de hockey. Et visiblement, cette fois, la LNH semble prendre les devants dans la bataille des relations publiques. Bob Goodenow, le directeur-exécutif de l'Association des Joueurs, présent sur le même plateau de la CBC mercredi soir, aura rapidement compris qu'à l'heure actuelle, il mène une cause perdue d'avance vis-à-vis le grand public. Tous les témoignages exprimés sont allés exclusivement dans le même sens.
Ironiquement, à la plus belle occasion qui lui était donnée de démolir le principe du plafond salarial en vigueur dans la Ligue nationale de football, il a cafouillé royalement, sans même être en mesure d'apporter un seul élément concret de remise en question d'un tel système. Or, l'AJLNH a justement choisi de jouer publiquement la ligne dure à ce chapitre! On peut bien se demander comment les joueurs pourront renverser la situation, ne serait-ce qu'en partie, et ainsi mettre de la pression sur les propriétaires pour qu'ils assouplissent leur position.
Certes, ils peuvent toujours croire à un dérapage de ces derniers, comme il y a 10 ans. Ils peuvent toujours espérer que tôt ou tard, il y aura de la discorde, que la belle unité s'effritera, etc. Mais jusqu'ici, Gary Bettman et les 30 gouverneurs laissent plutôt présager le contraire, sérieusement le contraire...
Commençons d'abord par les interventions du négociateur en chef, Bill Daly. Aussi tôt que l'été dernier, lors de la rencontre annuelle avec les diffuseurs, cet homme articulé et pondéré a démontré une maîtrise parfaite de ses dossiers en nous les exposant pour la première fois. A l'aide d'un prospectus simple, il a réussi à très bien faire comprendre la position de la LNH et les objectifs qui en découlaient. Aux questions, interventions ou mêmes objections de nos collègues qui étaient présents, Daly apportait constamment une réponse précise, une nuance pertinente ou une explication supplémentaire qui rendaient carrément difficile toute forme de contestation de la crédibilité de la ligue.
A mesure que les interventions de Daly se sont faites publiquement, on a ressenti la même assurance, la même conviction. Il y a d'ailleurs une corrélation indéniable entre sa "performance" de la dernière année et le premier courant d'appui que les amateurs semblent donner aux propriétaires aux premiers stages du conflit.
Puis, il y eut l'exposé de Gary Bettman lors de l'annonce de l'arrêt des activités de la LNH. Déjà lors d'un point de presse au cours de la finale de la coupe Stanley, le commissaire nous était apparu comme un orateur transformé. D'une véritable "girouette" s'emportant pour un rien devant les journalistes il n'y a pas si longtemps, Bettman était soudainement devenu un habile causeur, un porte-étendard très crédible de la cause qu'il défend au nom des 30 propriétaires d'équipes. C'est ce même homme que le grand public a vu et entendu lors du décret du lock-out.
Le commissaire en a même rajouté en offrant une prestation sans bavure lors de son passage à l'édition spéciale du "National" sur les ondes de la CBC, mardi soir. Bombardé de questions par Peter Mansbridge et surtout par des amateurs de hockey en colère d'un peu partout au Canada, Gary Bettman s'en est tiré de façon remarquable. Jamais au cours de cet exercice délicat a-t-on senti qu'il dérapait, qu'il manquait d'arguments ou pire encore, qu'il se moquait de la frustration des amateurs, comme on l'a souvent perçu il y a 10 ans. S'il devait y avoir, aux premiers balbutiements du présent conflit de travail, une preuve du sérieux des propriétaires et de leur niveau d'unité, elle fut donnée sans équivoque par Bettman, sur une tribune extrêmement puissante.
Notons, enfin, le point de presse donné par le Canadien de Montréal, la semaine dernière. Encore là, Pierre Boivin a offert une performance éloquente quant au sérieux de la partie patronale. Le président du Canadien a surtout impressionné dans sa façon de conjuguer les intérêts de l'ensemble de la LNH à ceux plus spécifiques de son entreprise. Plusieurs collègues l'ont habilement questionné sur la place qu'occupe le Canadien dans le circuit par rapport à des marchés "douteux" comme Raleigh-Durham, Nashville ou Columbus. Il eut été logique de s'attendre à ce que Pierre Boivin laisse filtrer une certaine frustration à devoir défendre la même cause que ces régions où le hockey ne semble avoir aucun avenir. Il n'en fut rien. Lorsque la conférence de presse fut terminée, il avait fort bien couvert tous les angles, de la taxe municipale imposée à son équipe aux sièges vides de certains amphithéâtres américains.
Cela dit, la présente réflexion ne doit pas être interprétée comme un simple endossement partisan et aveugle de la position des propriétaires. Loin de là. N'oublions pas qu'ils ont eux-mêmes largement créé le chaos duquel ils tentent présentement de se sortir. N'oublions pas non plus que les principes de libre entreprise, d'offre et de demande font partie intégrante de la société nord-américaine et que, jusqu'à preuve du contraire, aucun joueur ou agent n'a "volé" ou obtenu illégalement les sommes astronomiques consenties par les équipes au cours des 10 dernières années.
Il est question ici, strictement, de la façon d'exposer la situation devant les amateurs de hockey. Et visiblement, cette fois, la LNH semble prendre les devants dans la bataille des relations publiques. Bob Goodenow, le directeur-exécutif de l'Association des Joueurs, présent sur le même plateau de la CBC mercredi soir, aura rapidement compris qu'à l'heure actuelle, il mène une cause perdue d'avance vis-à-vis le grand public. Tous les témoignages exprimés sont allés exclusivement dans le même sens.
Ironiquement, à la plus belle occasion qui lui était donnée de démolir le principe du plafond salarial en vigueur dans la Ligue nationale de football, il a cafouillé royalement, sans même être en mesure d'apporter un seul élément concret de remise en question d'un tel système. Or, l'AJLNH a justement choisi de jouer publiquement la ligne dure à ce chapitre! On peut bien se demander comment les joueurs pourront renverser la situation, ne serait-ce qu'en partie, et ainsi mettre de la pression sur les propriétaires pour qu'ils assouplissent leur position.
Certes, ils peuvent toujours croire à un dérapage de ces derniers, comme il y a 10 ans. Ils peuvent toujours espérer que tôt ou tard, il y aura de la discorde, que la belle unité s'effritera, etc. Mais jusqu'ici, Gary Bettman et les 30 gouverneurs laissent plutôt présager le contraire, sérieusement le contraire...