Il faut voir Roland Melanson travailler avec José Théodore et Mathieu Garon durant les entraînements. Il passe des heures avec eux, sans arrêt, pour s'assurer qu'ils excellent dans leur profession. José Théodore a toujours remercié son entraîneur des gardiens pour le succès qu'il connaît dans la LNH. La journée où "Théo" a décidé d'écouter les conseils de son coach," tout a débloqué", ne se gêne pas de dire le meilleur gardien du Tricolore depuis Patrick Roy.

Jeff Hackett qui a quitté le Canadien la saison dernière vers Boston (il est maintenant avec les Flyers), a affirmé que Melanson avait fait de lui un meilleur gardien et que c'était grâce à "Rollie" qu'il était encore dans la ligue.

À chaque fois qu'on rapporte les compliments que les gardiens font à l'endroit de Melanson, ce dernier lève les yeux au ciel, comme s'ils étaient faux. Mais aujourd'hui, Roland Melanson est sûrement le meilleur entraîneur chez les cerbères de cette ligue avec François Allaire des Mighty Ducks, qui travaille aussi avec les clients de l'agent Gilles Lupien.

LA RENCONTRE

Il y a quelques années, "Rollie" a rencontré un jeune gardien de 15 ans qui s'entraînait au camp d'été organisé par l'agent David Schatia. Roland Melanson et David Schatia se connaissent depuis des années et travaillent ensemble durant la saison morte. Roland est responsable des gardiens lors de ces camps qui ont eu lieu en Europe et l'été dernier à l'Aréna Martin-Lapointe.

Le jeune homme de 15 ans en question s'appelle Marc-André Fleury. Melanson décide alors de le prendre sous son aile et de l'aider à devenir un bon gardien. Mieux que ça, un excellent gardien. "C'est le meilleur à 18 ans que j'ai vu depuis longtemps", affirme l'entraîneur des gardiens du Canadien aujourd'hui.

Marc-André Fleury est donc tombé sur un homme qui excelle et qui travaille avec lui comme si c'était son propre fils, comme c'est le cas avec les cerbères de l'organisation du Canadien. Seul différence, c'est que "Rollie" n'est pas au côté de Fleury lors de la saison régulière. Sauf qu'il regarde les cassettes vidéos des rencontres que dispute Fleury et va le voir jouer lorsqu'il en a la chance. Surtout, il n'hésite pas lui à donner des conseils. Et Roland est fier présentement.

"C'est un jeune qui a la tête au hockey depuis l'âge de 14 ans, de dire Melanson. Il a une technique presque parfaite et beaucoup de caractère. Il est rapide et il a la flexibilité de Mathieu Garon. Il a toujours eu de bons entraîneurs et moi je n'ai fait que lui montrer des petits trucs". Encore humble le Roland. "Le seul défaut qu'il a, c'est qu'il est trop agressif en voulant défier le joueur qui est devant lui. On a travaillé là-dessus et je lui répète constamment".

L'agent de Marc-André, David Schatia soutient que Roland Melanson a grandement aidé son poulain. "Roland a développé son aspect technique, de dire Schatia, quelques heures après avoir trouvé un terrain d'entente avec Pittsburgh. Il a travaillé beaucoup avec lui que ce soit en Europe l'été ou encore ici. Vous savez, Roland est un vrai technicien, un des meilleurs chez les pros, aucun doute là-dessus. Il est en grande partie responsable du développement de Marc-André qui a toujours été attentif aux conseils donnés".

18 ans pour un gardien dans la LNH. Trop jeune ?

Je me souviens d'une rencontre que j'ai eue avec Olaf Kolzig des Capitals il y a deux ans. Je lui avais demandé à quel âge un gardien devrait commencer sa carrière dans la LNH. "Pas avant 25 ans, de dire Kolzig, et encore là c'est jeune. C'est simple, le développement d'un gardien est beaucoup plus long, peu importe son talent. Si un jour je deviens directeur général, je serai patient avec mes gardiens et je trouve ridicule ceux qui envoient un jeune devant le filet dans la LNH, sans qu'il ait fait ses preuves à tous les niveaux, y compris la Ligue américaine".

Roland Melanson aborde d'une certaine façon dans le même sens. Mais Marc-André Fleury est peut-être l'exception. "Marc-André est en mesure de jouer au niveau professionnel dès cette année. Mais mon souhait serait qu'il retourne avec Cap-Breton de la LHJMQ, alors qu'il vivrait une meilleure expérience. C'est une équipe qui a la chance d'aller à la Coupe Memorial cette année et il vivrait un autre championnat du monde junior, cette fois en Finlande. Le Canada pourrait bien remporter la médaille d'or, alors que si Pittsburgh ne connaît pas une bonne saison, ce sera beaucoup moins drôle pour lui". En attendant, il faut encore une fois se réjouir de voir un autre gardien de chez nous exceller devant le filet. Les meilleurs sont Québécois et il faut dire merci à ceux qui les développent aussi bien.

DÉCÈS D'UN AMI

En terminant, une petite pensée à la famille de François Paradis de la région de Montréal qui est décédé à l'âge de 43 ans, lundi en fin de journée à l'Hôpital Notre-Dame. Il souffrait d'un cancer à l'abdomen, identique à celui de Saku Koivu. Les deux avaient subi les mêmes traitements à Sherbrooke et ce à la même période il y a deux ans.

J'ai eu la chance de connaître François qui a toujours été apprécié de ses amis et qui a gardé la bonne humeur, même si son corps était son plus grand ennemi. Comme un vrai guerrier, il a remporté, en tant que joueur, son championnat au baseball il y a quelques semaines, alors que ses jours étaient comptés depuis un an. Un championnat, c'était un rêve qu'il caressait depuis longtemps.

Il a reçu une carte d'encouragement de la part de Saku il y a trois semaines. Un petit geste, bien simple, qui l'a rendu très heureux. Le courage de François et son sourire contagieux vont demeurer avec nous pour toujours.