(RDS) - La vente des Nordiques est survenue au lendemain d'une saison écourtée de 48 parties, une saison marquée par le premier lock-out de la Ligue nationale de hockey.

"Les nouvelles exigences de l'industrie du hockey, avait dit le président de l'équipe Marcel Aubut, la taille du marché de Québec et l'absence d'une aide gouvernementale adéquate, sonnent le glas des Nordiques à Québec."

"Les partisans étaient fidèles, il y a plusieurs personnes dans mon entourage qui ont vécu cela avec beaucoup de difficulté, se souvient l'ancien défenseur Steven Finn. Ces événements ont été un gros choc et une grande déception."

"Cela a été difficile, cela a été dur pour l'ego, mais à partir du moment où on s'aperçoit qu'on ne pouvait pas les garder, quoiqu'on fasse, on devait passer à autre chose," a déclaré le maire Jean-Paul L'Allier.

"Il n'y avait pas de volonté politique, on peut dire que les conditions étaient gagnantes pour qu'ils partent," a ironisé le journaliste Maurice Dumas.

"Je pense que nous avons essayé de garder l'équipe, a déclaré l'ancien chef de cabinet du premier ministre du Québec Jacques Parizeau, Jean Royer, mais les règles du jeu de cette industrie ont rendu impossible le maintien du club."

Officiellement, l'équipe a été vendue le 25 mai mais déjà, lors des séries éliminatoires contre les Rangers de New York, les rumeurs s'étaient intensifiées avec les allées et venues de Marcel Aubut. "Il venait aux parties mais dans le jour, il faisait quoi? Nous savions qu'il se passait quelque chose en coulisse, se souvient l'ancien soigneur Jacques Lavergne. Il ne venait pas à New York par plaisir."

"On avait des doutes mais on s'était fait rassurer quelques jours avant par monsieur Aubut, qu'il ferait tout pour rester pour garder les Nordiques," a dit une ancienne employée Edith Murphy.

"Quand il nous a vus c'était probablement fait. Est-ce qu'on doit lui en vouloir de nous l'avoir caché, je ne le crois pas, il l'a probablement fait pour le bien de l'entreprise," a soutenu Nicole Bouchard.

Les Nordiques sont partis très rapidement, trop vite diront certains. "Ils n'ont jamais perdu d'argent, ils étaient cinq propriétaires et ils auraient pu partager les pertes, a estimé Kevin Johnson. S'ils avaient pu tenir le coup quelques années, on ne sait pas ce qui serait arrivé."

Les Nordiques ont été vendus pour 75 millions de dollars américains. Une somme mirobolante à l'époque. "Si vous comparez la vente des Nordiques à celle du Canadien, avec le Centre Bell, les Nordiques ont été vendus plus cher que le Canadien, qui a remporté 24 coupes Stanley, alors que les Nordiques n'avaient rien de tout ça," a analysé l'ancien commentateur Claude Bédard.

Le souvenir des Nordiques demeure douloureux pour bien des gens à Québec. Dix ans plus tard la ligue nationale n'a toujours pas réglé le problème de la flambée salariale.