(RDS) - Lors de la visite du Canadien au New Jersey, notre collègue Renaud Lavoie a eu la chance de se rendre au domicile de Martin Brodeur afin de rencontrer le célèbre gardien des Devils. Voici donc ce qu'il avait à raconter.

RL : Parlons de cette saison avec les Devils. Vous avez un nouvel entraîneur, mais les choses ne semblent pas avoir trop changé.

MB : Non, les choses n'ont pas trop changé et il fallait s'attendre à cela. Nous savions que notre directeur général (Lou Lamoriello) était pour embaucher un entraîneur qui met l'accent sur la défensive et c'est ce que nous avons avec Claude. Nous faisons toujours attention à la manière dont nous jouons. On ne s'attendait pas à beaucoup de changements et nous avons été en mesure de garder la majorité de nos joueurs.

RL : Parlant de votre système de jeu, est-ce que ça te dérange quand les gens critiquent votre style hermétique dans une Ligue nationale qui est plus « ouverte » depuis la fin du lock-out?

MB : Je ressens un sentiment de fierté de savoir que tout le monde déteste la façon dont nous jouons. Je sais que nous sommes ici pour promouvoir le sport, mais en tant qu'équipe, nous devons trouver un moyen de gagner à chaque soir et c'est ce qui compte. À domicile, nous sommes en mesure d'avoir des rencontres un peu plus offensives contrairement à l'étranger où l'on « match » beaucoup les trios. Toutefois, je dois avouer que notre style fait jaser. Lorsque nous sommes allés à San Jose la semaine dernière, on ne cessait de parler de notre style. C'est aussi souvent le cas à Montréal. Mais, que voulez-vous, nous sommes confortables avec ce système.

RL : Lou Lamoriello t'a accordé un contrat de six ans ce qui devrait te permettre de terminer ta carrière avec les Devils. Que représente M. Lamoriello pour toi?

MB : J'ai une relation spéciale avec lui. J'ai gagné avec lui, j'ai négocié des contrats avec lui et j'ai appris à bien le connaître. C'est lui qui m'a donné ma première chance dans le hockey professionnel. Pour toutes ces raisons, je suis confortable avec lui. Je sais ce qu'il pense. Il veut gagner à tout prix. Il l'a prouvé en congédiant son entraîneur avec neuf matchs à jouer pour le remplacer par Larry Robinson il y a quelques années. Résultat : nous avons remporté la coupe Stanley. Je sais qu'il fera tout en son pouvoir pour avoir une équipe compétitive et on ne peut demander mieux en tant qu'athlète.

RL : Est-ce que tu es heureux de penser que tu passeras l'ensemble de ta carrière dans la même organisation?

MB : J'ai eu la chance d'évoluer avec Ken Daneyko et il a été un modèle pour moi à ce chapitre. Sa détermination et sa loyauté envers l'organisation sont admirables. Pour l'ancien propriétaire de l'équipe, il était comme un fils. J'aimerais créer cela à mon tour. De toute façon, je ne crois plus que ça se produira qu'un joueur passe 20 ans avec la même formation, surtout depuis la mise en place du plafond salarial.

C'est difficile de trouver un meilleur emplacement. Je suis à six heures de route ou à une heure d'avion de Montréal, je suis près de New York, ça nous prend une heure et demie en autobus pour nous rendre à Philadelphie, une heure et dix minutes pour nous rencontre à Long Island. Que demandez de mieux?

RL : À l'exception du New Jersey, qu'elle est la ville où tu aurais aimé évoluer?

MB : Il y a en trois et Montréal n'est pas dans le groupe. J'avais pensé à Boston, une ville que j'ai toujours aimée, Philadelphie et Dallas. Toutefois, j'ai rayé Dallas de ma liste puisque cette équipe évolue dans l'Ouest et que j'ai des ennuis à voyager. Toutefois, je sais maintenant que ça n'arrivera pas. Il s'agit de villes qui me faisaient rêver lorsque j'étais plus jeune et lorsque je me disais que j'évoluerai ailleurs un jour. Toutefois, je suis devenu plus intelligent et j'ai décidé de demeurer avec les Devils.

RL : Pourquoi le Canadien ne fait pas partie de ce groupe? Est-ce en raison de tout ce que Montréal peut représenter pour un joueur de hockey?

MB : En tant que Québécois, c'est difficile d'évoluer à Montréal. J'ai la chance de le vivre un peu pendant trois ou quatre mois durant l'été. Je ne sais pas si j'aimerais qu'on me parle de mes performances à chaque jour. Je ne parle pas seulement des journalistes, mais aussi des partisans. Toutefois, j'adore l'ambiance qui y règne pour le hockey. D'ailleurs, mes meilleures journées sont lorsque je joue à Montréal un samedi soir. L'intérêt des amateurs est sensationnel, mais de vivre cela à chaque jour… Ici, nous pourrions aller souper au restaurant et personne me reconnaîtrait. C'est de cette façon que j'aime ça.

RL : Qu'est-ce qui t'attend après ta carrière? Je suppose que Lou Lamoriello voudra te garder et t'utiliser dans différentes fonctions?

MB : Je n'ai pas pensé à cela. Il est évident que lorsque j'ai signé mon dernier contrat, nous avons discuté un peu d'avenir avec Lou. Mes enfants seront encore jeune et iront encore à l'école au New Jersey. J'ai des projets avec certains de mes amis dont certains sont déjà entamés (restauration avec Sheldon Souray, entre autres).

RL : Est-ce que Lou t'a dit, par exemple, que tu étais pour demeurer au sein de l'organisation?

MB : Il n'a pas besoin de me le dire. Je connais sa façon d'opérer. Scott Stevens est demeurer un peu avec nous, Ken Daneyko est encore membre de l'organisation, même chose pour Bruce Driver. Au New jersey, on tente de bâtir ce que le Canadien a bâti depuis des années.