Si j'étais l'entraîneur des Penguins de Pittsburgh, je dirais à mes joueurs d'être disciplinés et patients parce que les Red Wings n'attendent que ça. Ces derniers sont tellement dangereux en avantage numérique.

Je leur dirais qu'il est essentiel d'éviter les écarts de conduite et les punitions inutiles pour éviter de devenir frustré. Jouer frustré n'est jamais gagnant. J'ajouterais qu'il faut contrôler la rondelle et ne pas la laisser à Nicklas Lidstrom, le quart-arrière par excellence de la LNH, parce qu'il va nous faire mal.

Je rappellerais à mes joueurs que l'on peut bien jouer en défensive comme on l'a fait durant la saison. Je leur dirais de continuer à prouver qu'on n'est pas qu'une équipe unidimensionnelle. Je leur dirais de continuer dans la même veine et de porter une attention toute particulière à Henrik Zetterberg et Pavel Datsyuk, qui peuvent gagner des matchs à eux seuls. Contre eux, je leur opposerais des joueurs mobiles et rapides comme Sergei Gonchar ou Ryan Whitney.

J'insisterais sur le fait de prendre un match à la fois sans trop penser à la coupe Stanley. Comme je sais que mon équipe est moins expérimentée que les Wings, j'éviterais de leur rappeler. Comme entraîneur, mon rôle est d'être calme et de ne pas trop parler de l'enjeu. De toute façon, les gars le savent qu'ils jouent pour la coupe.

En finale, l'entraîneur ne doit pas lever le ton. C'est la chance d'une vie et il faut bien gérer ses émotions. Michel Therrien a prouvé hors de tout doute qu'il sait bien mener une équipe de jeunes. Je ne pense pas qu'il va changer. Il va donc continuer à travailler avec son capitaine. Mais il ne faut pas oublier que les Penguins misent sur des bons vétérans comme Gary Roberts, même chose pour Gonchar et Hal Gill. Il doit compter sur ses vétérans pour calmer le jeu.

Pour gagner, je demanderais à mes joueurs de bloquer la transition défense/attaque des Red Wings. On sait tous que Lidstrom est un as pour sortir la rondelle de son territoire. Pour neutraliser ce jeu de transition, je fermerais le centre de la patinoire, tout en mettant de la pression sur les défenseurs des Wings, particulièrement sur Lidstrom et Brian Rafalski car si tu leur ouvres le centre de la patinoire, ils vont te manger tout rond. Chez les Penguins, Gonchar est capable de faire ce type de longues passes. Il en a notamment réussi une à Malkin dans la série contre les Flyers.

En fermant le centre de la glace, tu risques de provoquer des revirements. Si tu laisses le centre à des joueurs tels Zetterberg et Datsyuk, la série va être courte.

Si Johan Franzen joue, ce sera un casse-tête de plus pour les Penguins. Il faut également surveiller de très près Tomas Holmstrom devant le filet.

Marc-André Fleury

Le rôle de l'entraîneur des gardiens, Gilles Meloche, devient encore plus important à ce stade de la saison. Si j'étais l'entraîneur, je lui conseillerais de discuter avec Marc-André Fleury, un jeune homme de 23 ans. Mais il faut à tout prix éviter de lui mettre une pression inutile sur les épaules. Fleury doit rester lui-même.

C'est vrai aussi pour les autres joueurs. Il ne faut pas leur mettre une pression inutile. Il faut les laisser aller. C'est fun time, alors ils doivent s'amuser. En 1993, après les deux défaites contre les Nordiques de Québec, je n'ai ajouté aucune pression sur mes joueurs. J'avais confiance en eux et je les ai laissés aller simplement. Comme entraîneur, il faut faire confiance à ses hommes car après tout, ce sont eux qui ont traîné l'équipe jusqu'en finale.

Motivation

Mon discours de motivation irait dans le sens suivant. Je dirais, "les gars, nous avons une chance de gagner la coupe Stanley. Il faut en profiter parce qu'on ne sait jamais si nous aurons la chance de s'y approcher aussi près une autre fois. Avec la parité aujourd'hui dans la ligue, il n'y aucune garantie que nous y serons à nouveau l'an prochain. L'important les gars, c'est de jouer ensemble, de laisser votre ego de côté et de jouer uniquement en fonction du club. On ne cherche pas à jouer les héros mais on se donne simplement la chance de gagner."

Quand je redeviens Jacques Demers

Michel Therrien est un ami à qui j'ai parlé régulièrement cette saison. J'ai aussi encore beaucoup d'amis à Detroit, où j'ai déjà dirigé les Red Wings. J'ai même pu assister au Super Bowl, il y a deux ans, grâce au propriétaire des Wings, Mike Ilitch. Vous comprenez donc mon tiraillement quand vient le temps de faire une prédiction. Je me sens partagé, mais je dois favoriser les Red Wings en sept, en raison de leur expérience. Je souhaite la meilleure des chances aux deux équipes.

Bonne finale à tous.


propos recueillis par Robert Latendresse