Le séjour de quatre matchs à l'étranger qu'on s'apprêtait à débuter la dernière fois que je vous ai parlé ne s'est pas nécessairement déroulé comme on l'aurait espéré, mais il s'est au moins terminé sur une bonne note.

Tout laissait pourtant croire qu'on allait commencer notre voyage en force avec une victoire contre les Rangers. On menait par deux buts après deux périodes, on disputait un match vraiment solide, mais pour une raison que j'ignore, on a commencé à jouer sur les talons et on les a laissés créer l'égalité avec huit secondes à faire en troisième et on a perdu en fusillade. C'est décevant, parce qu'on avait fait la même erreur plus tôt dans la saison contre les Capitals de Washington.

On a ensuite pris la direction de l'Ouest Américain. À San Jose, on a perdu après avoir seulement réussi onze lancers au but. Vraiment, ça n'a pas été un grand match de notre part. C'était d'autant plus frustrant que je regardais le match de la galerie de presse, question de soigner une petite blessure à l'aine que je m'étais infligée à New York.

Ce n'était toutefois rien de grave et j'étais de retour dans la formation deux jours plus tard à Phoenix. Ma présence n'a toutefois rien changé et on a subi un troisième revers de suite. Honnêtement, je me demande comment on a pu sortir aussi flat lors de ces deux matchs et je ne réussis pas à trouver de réponse.

Avant le dernier match de notre périple, contre les Blues à St. Louis, Michel Therrien nous a fait comprendre qu'il était temps de tourner la page dans notre tête en même temps que la page du calendrier. Le mois d'octobre était terminé et même si nos résultats n'avaient pas été désastreux, on pouvait se compter chanceux d'avoir une fiche gagnante et c'était le temps de repartir à neuf, de retrouver notre positivisme.

Le message a été compris et on a terminé le voyage en beauté. On a commencé à jouer sur le bout des pieds, à être intense et notre attaque a débloqué.

Notre entraîneur a laissé savoir que selon lui, les derniers matchs avaient été durs sur notre confiance, mais ce n'est pas nécessairement mon avis. Comme je le disais, on a encore une fiche gagnante et les gars sont loin d'avoir la tête basse. Il faut se rappeler qu'on est passé par là l'an dernier. À Noël, on jouait pour ,500 et ça ne nous a pas empêché d'atteindre la finale de la coupe Stanley. Ce n'est donc pas le temps de paniquer.

Je ne suis pas le seul à être revenu à Pittsburgh avec des petits bobos. Quelques-uns de mes coéquipiers ont dû manquer un ou quelques matchs en raison de blessures dernièrement et certains pourraient être portés à voir le scénario de l'année dernière se répéter, mais pas moi. Pour moi, le passé appartient au passé et je ne m'inquiète pas du tout de la santé de nos gars présentement. Dans une équipe de hockey, tout le monde sait avant de commencer la saison que les 22 gars ne pourront pas jouer les 82 matchs.

Les fameux propos d'Alexander Semin

Alexander Semin a fait écarquiller bien des yeux dernièrement en faisant toutes sortes de commentaires sur Sidney Crosby. Selon lui, Crosby n'est qu'un bon joueur parmi tant d'autres et il ne comprend pas qu'il reçoit plus d'attention que la plupart des vedettes de la Ligue.

Vous voulez mon avis? Je pense que Semin est en manque d'attention, qu'il est un peu jaloux de Sidney.

Ça me fait rire qu'on puisse même penser qualifier Sidney de feu de paille ou de quoique ce soit. Je vous en ai déjà parlé. Je pratique avec lui à chaque matin et à mes yeux, il est le meilleur joueur de hockey au monde. Je peux le comparer à tous ceux contre qui j'ai joué : il n'y a personne d'aussi impressionnant.

Je sais que l'histoire est sortie un peu partout dans les médias, mais ici, ça n'a pas fait autant de vagues que vous pouvez peut-être le croire. Après tout, on est à Pittsburgh, pas à Montréal! On n'a même pas abordé le sujet entre nous dans le vestiaire. Même Sidney n'a pas réagi, je vous jure. Et je ne suis pas surpris : Sidney est meilleur que ça et il n'a pas de temps à perdre à s'abaisser à ce genre de sottise.

Ailleurs, ça pourrait être le genre de chose qui servirait de source de motivation à une équipe, mais je doute que ce soit le cas avec nous la prochaine fois qu'on va affronter les Capitals. Avec tout ce qui entoure les duels entre Crosby et Ovechkin, et de la façon dont Ovechkin et Evgeni Malkin se sont frappés la dernière fois qu'on a joué contre eux, on n'a pas besoin de motivation supplémentaire.

Je ne sais pas ce que Semin recherchait en faisant ces commentaires. Je ne lui enlève rien en tant que joueur de hockey, il est très bon, mais s'il croit vraiment ce qu'il a dit, il ne voit vraiment pas les choses de la même façon que moi.

Ce n'est pas la fin du monde au New Jersey

J'ai appris lors de ma visite quotidienne sur le RDS.ca que Martin Brodeur allait devoir s'absenter pour une période de trois à quatre mois.

C'est un dur coup pour les Devils et même si je devrais accueillir ça comme une bonne nouvelle parce que c'est une tuile qui tombe sur la tête d'un rival de division, je ne peux pas m'en réjouir. Je trouve ça très dommage pour Martin, surtout qu'on sait qu'avec tous les records qu'il pourchasse, c'était une saison super importante pour lui.

Par contre, je crois que ceux qui pensent que ça signifie la fin de la saison des Devils se trompent. L'absence de Martin ne fait pas d'eux une mauvaise équipe pour autant. Elle les affaiblit un peu, c'est évident, parce qu'il est l'un des meilleurs gardiens de la Ligue, mais je pas de là à signifier le début de la fin pour eux. Ils demeureront compétitifs et dans la lutte pour les séries jusqu'à la fin.

Plusieurs personnes croient qu'ils n'auront pas le choix de transiger pour aller chercher un gardien numéro un ailleurs dans la Ligue, mais je ne suis pas de cet avis. Regardez ce qui s'est passé à Pittsburgh l'an dernier. On a été forcé d'utiliser notre troisième gardien, Ty Conklin, pendant un mois et demi, et ça n'a même pas paru. Je crois que dans ce genre de situation, il faut laisser la chance au coureur et espérer qu'il en profitera. Parfois, c'est le break dont un athlète a besoin pour sortir de l'ombre.

Je n'ai aucun respect pour Sean Avery

Comme moi, vous avez sûrement vu les derniers agissements de Sean Avery, en fin de semaine dernière contre Boston. Vraiment pas fort…

Si seulement ce gars-là pouvait se concentrer à jouer au hockey. Je n'ai vraiment rien contre le rôle d'agitateur qu'il est censé remplir et je sais qu'il n'est pas un mauvais joueur de hockey. Il peut compter, il patine bien, il est capable de se battre et de déranger l'adversaire. Mais c'est tout ce qui l'entoure, le personnage qu'il a lui-même créé autour de lui, qui fait que je n'ai aucun respect pour lui.

Les raisons de détester ce gars-là sont nombreuses. Seulement cette année, on l'a vu refuser une entrevue à la caméra de TSN (vous pouvez sûrement trouver ça sur Youtube). Il a aussi tenu des propos complètement insensés au sujet de Jarome Iginla, des propos qui, je vous le garantis, lui ont valu d'être la risée parmi les joueurs de la Ligue.

La LNH, c'est comme une grande famille et si vous parlez à plusieurs joueurs, ils vont diront qu'Avery n'en fait pas partie.

Ce gars-là a vraiment une mauvaise réputation. Même ses coéquipiers ne l'aiment pas! Il s'arrange toujours pour attirer les projecteurs sur lui, peu importe la façon dont il doit s'y prendre, et je n'ai aucun respect pour une personne comme ça.

La saison dernière, on l'a affronté huit fois alors qu'il était avec les Rangers et c'est sûr que j'aurais plein d'histoires à raconter sur lui. Dans l'échauffement d'avant-match, il va te parler, il va tout faire pour essayer de te sortir de ton match. Personnellement, je ne prends même pas la peine de lui parler quand il m'adresse la parole.

J'ai apprécié de voir Mike Modano se lever pour dire tout haut ce que plusieurs pensent tout bas. J'en parlais justement à Darryl Sydor, qui a joué avec Modano à Dallas et qui parle encore à certains de ses anciens coéquipiers. Quand un gars comme Modano se lève et fait une telle sortie dans les médias, c'est qu'il en a vraiment ras le ponpon. Je suis sûr que c'était un geste réfléchi et calculé de sa part.

Certains trouvent que sa réaction était déplacée, qu'il aurait dû régler ça à l'interne, mais il faut se dire qu'il y a bien des choses qu'on ne sait pas. On n'est pas dans le vestiaire, on n'est pas à l'intérieur de l'équipe des Stars. Peut-être que Modano a essayé de laver le linge sale en famille auparavant et que ça n'a pas fonctionné. De l'extérieur, les amateurs ignorent bien des choses qui peuvent se passer dans une équipe de hockey.

*Propos recueillis par Nicolas Landry.