DETROIT - Il ne serait pas surprenant de retrouver les deux mêmes équipes en finale de la Coupe Stanley, l'an prochain. Eh oui, pour une troisième année de suite.

Les Penguins de Pittsburgh l'ont confirmé en décrochant la coupe, vendredi. Ils ont une jeune équipe en pleine ascension. Et les vieillissants Red Wings de Detroit, eux, ne sont pas si vieillissants que cela.

Les Penguins ont peut-être établi les fondations d'une future dynastie avec la conquête d'une première coupe depuis 1992. L'équipe est bâtie autour des Sidney Crosby, Evgeni Malkin, Jordan Staal et Marc-André Fleury. Ils ne sont pas encore à leur apogée et pourtant, ils ont déjà deux finales et une coupe au compteur.

C'est d'autant plus possible que Crosby et Staal sont sous contrat jusqu'en 2012-13, Malkin jusqu'en 2013-14 et Fleury jusqu'en 2014-15. A 22 ans, Malkin est le plus vieux des trois joueurs de centre étoiles du club.

Par ailleurs, le vétéran défenseur Sergei Gonchar est encore sous contrat en vue de la saison prochaine. Il aura encore le temps de veiller sur les jeunes pousses. Comme l'arrière Brooks Orpik, sous contrat pour les cinq prochaines saisons.

La question se pose donc: ce retour au sommet des Penguins peut-il durer?

"Bien oui!, lance le défenseur montréalais Kristopher Letang, comme si c'était l'évidence même. Avec ces deux-là ensemble (Crosby et Malkin), oublie ça!"

La conquête d'autres coupes est d'autant plus envisageable que celle de vendredi permet de devancer le programme établi. Ce triomphe survient quatre ans seulement après que Mario Lemieux eut sauvé une équipe qui a failli quitter Pittsburgh.

"Le processus d'apprentissage de ce groupe de joueurs s'est déroulé plus rapidement que bien des gens ne l'auraient cru", souligne Crosby.

"Tu regardes les quatre dernières années, c'est exceptionnel ce qui s'est passé à Pittsburgh, affirme Maxime Talbot, le héros du match ultime de vendredi avec son doublé. Depuis que (Crosby) est ici, on n'a pas fait les séries à notre première année. A la deuxième année, on a joué en première ronde. La troisième, on est passé à la finale et cette année, la coupe. En terme de progression, ç'a été super."

"Quand tu as un joueur comme Sidney Crosby dans ton équipe, un Malkin, un Fleury, un Staal, quand tu as autant de talent, ça te donne des chances de réaliser quelque chose de spécial", note Lemieux, le petit gars de Ville-Emard qui a redonné naissance aux Penguins comme joueur dans les années 1990, et qui a refait le coup comme copropriétaire au milieu des années 2000.

Les joueurs des Penguins qui seront libres comme l'air, le 1er juillet, sont des vétérans de location comme Bill Guerin, Miroslav Satan et Petr Sykora, ou des joueurs de soutien comme Mathieu Garon.

Le directeur général Ray Shero a comme philosophie de s'assurer les services à long terme de ses joueurs du noyau dur, qu'il complète avec des joueurs de passage. Les départs éventuels de Guerin, Satan et Sykora auraient donc un impact limité, puisque Shero s'appliquerait ensuite à trouver des hockeyeurs aux atouts équivalents.

"C'est notre noyau, dit Talbot des Crosby, Malkin, Staal, Fleury et Orpik. Après ça, c'est plus facile d'arriver et de rajouter des gars, que d'essayer créer un noyau avec des joueurs autonomes."

"Si on peut les garder ensemble, et continuer d'amener des nouveaux visages qui les complètent bien, j'aime nos chances dans les prochains années", avance Lemieux.

Le salaire de Malkin passera toutefois de 984 200 $ US à 9 millions $ la saison prochaine, et celui de Staal, de 850 000 $ à 3,5 millions $. Ce qui risque de réduire la marge de manoeuvre de Shero dans sa quête de joueurs de soutien.

Et les Wings

Les Wings comptent une douzaine de vétérans de 32 ans et plus. Plusieurs d'entre eux, qui ne jouaient plus beaucoup de toute manière, seront libres en juillet et risquent fort de se retrouver ailleurs, sinon de prendre leur retraite. A commencer par Chris Chelios et Aaron Downey.

Marian Hossa pourrait aussi tester le marché, bien qu'il ait exprimé le désir de rester à Detroit. Des rumeurs, qu'il a encore niées vendredi, veulent qu'il ait déjà conclu une entente à long terme avec l'équipe.

Pavel Datsyuk, 30 ans, est sous contrat jusqu'en 2013-14, Johan Franzen, 29 ans, jusqu'en 2019-20, et Henrik Zetterberg, 28 ans, jusqu'en 2020-21. Les Wings continueront donc de miser sur des chefs de file dans la force de l'âge.

Nicklas Lidstrom, 39 ans, sera encore là la saison prochaine. Et Brian Rafalski, 35 ans, jusqu'en 2011-12. Il ne faudrait donc pas se surprendre que Detroit se pointe en finale encore l'an prochain, malgré l'ascension des Blackhawks de Chicago.

D'autant plus que la relève pointe déjà. Les attaquants Darren Helm, Justin Abdelkader et Ville Leino, ainsi que le défenseur Jonathan Ericsson, des recrues, ont tous eu leur mot à dire en finale.

Un flair inouï

Les Wings, donc, ont beau avoir leur bonne part de vétérans, ils ont aussi la capacité de se renouveler.

"Les dirigeants de cette équipe ont le don de trouver les diamants bruts au repêchage. Tu n'as pas le choix quand tu ne repêches jamais plus haut que 20e", souligne le vétéran Kirk Maltby.

Dans les faits, les Wings n'ont jamais repêché à un rang plus élevé que le 19e depuis qu'ils ont sélectionné Martin Lapointe au 10e rang en 1991.

"Tu ne pourras pas garder tous tes joueurs à chaque année, ajoute Maltby. Mais quand on regarde les joueurs que nous avons sous contrat à long terme, ceux qui sont ici depuis très longtemps comme Nick (Lidstrom) et Kris Draper, et ceux qui sont revenus comme Chris Osgood, ça en dit beaucoup sur l'organisation."

Et sur la stabilité qui lui permet de rivaliser année après année. Même si elle ne remporte pas la coupe à chaque fois.