Inutile de vous dire que nous sommes sur un nuage depuis vendredi soir.

C'est un peu comme dans le commercial sur NHL Network qui dit "The Cup Changes Everything." Je peux vous dire que je me rends compte que ce slogan est vrai parce que c'est vraiment très spécial de gagner la coupe Stanley.

C'est difficile à croire que je suis champion. Des gens nous demandent comment on se sent de soulever la coupe sur la patinoire. Moi, emporté par l'adrénaline, je m'en souviens à peine comment c'était, tellement c'était rapide. C'est par la suite qu'on se rend compte de l'ampleur de la victoire. Dans l'avion qui nous ramenait à Pittsburgh, la coupe a été installée à côté de moi une quinzaine de minutes. C'est vraiment particulier comme feeling.

C'est mon premier championnat et le plus beau! Par le passé, j'ai souvent eu la chance de gagner des coupes à d'autres niveaux mais ça m'échappait tout le temps. J'avoue y avoir pensé quelques fois pendant la finale et je ne voulais pas rater mon coup. Maintenant, je l'ai ma coupe et je suis un gagnant.

J'ai de la difficulté à croire aussi que j'ai marqué les deux buts dans la victoire de 2-1 lors du septième match. Je sais que ça fait maintenant partie de l'histoire et que mes buts sont gravés dans nos mémoires. Personne ne va pouvoir m'enlever ces deux buts. Ce septième match a été le plus beau de ma vie.

On a toujours cru en nous même quand on tirait de l'arrière 0-2 dans les séries face à Washington et Detroit. Il y avait un bizarre de feeling qui règnait dans le vestiaire. On avait perdu mais on savait qu'on avait bien joué et qu'on pouvait revenir. Il fallait juste continuer à travailler et à bien jouer. Notre entraîneur Dan Bylsma est un éternel optimiste. Dans la victoire comme dans la défaite, il ne cesse jamais d'y croire et il a toujours le sourire aux lèvres. Avec un recul de deux matchs, Dan n'avait pas besoin de dire grand-chose tellement nous sommes un groupe spécial. On a toujours su que l'on pouvait revenir.

On a aussi réussi à gagner les deux derniers matchs de la finale sans que Sidney Crosby et Evgeni Malkin marquent. Quand les deux meilleurs joueurs de la LNH ne comptent pas, c'est aux autres à combler le vide. Vous savez, Sid ne l'a pas eu facile contre son couvreur Henrik Zetterberg, qui a fait du bon travail. S'il ne marquait pas, Sid faisait du bon travail en défensive parce qu'il se chargeait à son tour de couvrir Zetterberg.

Les derniers instants

On ne s'est pas dit beaucoup de choses entre la deuxième et la troisième période du septième match. On savait que Sid était blessé et l'important pour nous était de continuer à jouer de la même façon. On savait qu'on pouvait gagner en jouant notre style de hockey.

En fin de rencontre avec seulement un but d'écart, les Red Wings ont exercé une énorme pression. Mon ami Marc-André Fleury a réussi un arrêt magistral dans les dernières secondes. La pression des Wings a rendu le spectacle très intéressant. C'est sûr que j'ai eu peur un peu mais je crois que ça faisait partie du destin. On croyait en notre propre chance et on croyait que l'on méritait cette coupe.

Marc-André est un ami très proche et je n'aimerais pas aller à la guerre avec un autre gardien que lui. Quand les Red Wings ont marqué leur seul but vendredi, je suis allé voir mon homme et je lui ai dit "Marc-André, c'est 2-1 et j'ai le but gagnant. Fais les arrêts et on va gagner la coupe. Fais-le pour moi." On connaît le reste de l'histoire.

Les leaders

Les séries m'ont permis de découvrir des leaders dans notre équipe. Bill Guerin a été une addition exceptionnelle pour nous. Il est à la fois un grand leader et tout un guerrier. Mon ami Bruno Gervais m'en avait parlé parce qu'ils ont joué ensemble avec les Islanders. Je suis tellement content pour Bill.

Philippe Boucher n'a pas participé à tous les matchs mais il est toujours demeuré positif. C'est à ça que l'on reconnaît aussi les leaders. Il a toujours fait preuve de courage et il a toujours été présent. Phil nous encourageait plutôt que de bouder. Même chose pour Pascal Dupuis, qui a très bien joué quand il était utilisé.

Un gars comme Marc-André Fleury est un leader également à la manière dont il a joué.

La poignée de main

Kris Draper a accusé Sidney d'avoir volontairement raté la poignée de main avec certains joueurs. J'ai entendu cette histoire et ça me fait rire. C'est la chose la plus ridicule que j'ai entendue. Sid est le gars qui respecte le plus la game et le monde.

De plus, quand la finale de la coupe Stanley se termine, il y a tellement de monde sur la patinoire et les médias veulent tous vous parler. S'il a raté quelques poignées de main, ce n'est vraiment pas de sa faute et je suis persuadé que ce n'était pas voulu.

Des grandes émotions pour ma famille

Je suis particulièrement heureux de pouvoir faire vivre ces moments précieux à ma famille. C'est vraiment unique pour les membres de ma famille qui ont été reçus chez Mario Lemieux dimanche en soirée. Moi, j'étais déjà allé chez Mario mais pour eux, c'était la première fois. C'est vraiment unique et ma famille est contente d'y prendre part. Mes frères ont fait le trajet en voiture de Detroit jusqu'à Pittsburgh pour ne rien rater.

Dimanche après-midi, on s'est retrouvé au PNC Park, le domicile des Pirates, pour y célébrer notre conquête. Bill Guerin y a effectué le lancer protocolaire. On a aussi visité le vestaire des Pirates.

La famille a aussi fêté sur la patinoire et dans le vestiaire du Joe Louis Arena après le match. À notre arrivée à Pittsburgh aux petites heures du matin samedi, on a immédiatement filé chez Mario pour continuer à célébrer. Ce sont des moments que je n'oublierai jamais.

Un été chargé

Mes vacances vont surtout se passer au Québec mais je sais que l'été s'annonce très occupé. Quand on est champion de la coupe Stanley, il y a plein de choses qui s'ajoutent à un agenda. Premièrement, je vais devoir me faire opérer à une épaule dans deux semaines. J'ai mon tournoi de golf le 3 juillet et je vais aussi avoir une journée avec la coupe.

J'ai également une fin de semaine de pêche en famille de prévu et j'ai très hâte. Je vais aussi aller à Las Vegas avec Sidney Crosby et Evgeni Malkin représenter les Penguins à la remise des trophées de la LNH.

Un gros merci

Avant de conclure ma dernière chronique, je voudrais remercier les amateurs de hockey du Québec qui se sont rangés derrière nous durant cette finale. Il y a six Québécois dans l'équipe et je peux vous dire que l'on sentait votre appui. On l'a aussi gagné pour vous cette coupe.

On se revoit à l'automne.

*Propos recueillis par Robert Latendresse