Par Éric Leblanc - Guy Boucher constitue la dernière embauche dans la LNH parmi la vague des jeunes entraîneurs en provenance de la Ligue américaine et cette réalité force quelques entraîneurs dont Guy Carbonneau à patienter avant d'obtenir une nouvelle occasion.

L'ancien pilote du Canadien était présent à l'hommage réservé à Jacques Demers mercredi et il a avoué que l'attente commence à être longue au point de vue professionnel.

«Il n'y a vraiment rien de mon côté dernièrement. C'est malheureux, j'aurais au moins aimé effectuer quelques rencontres (avec des dirigeants de la LNH)», avoue Carbo sur un ton teinté de déception. «Présentement, les équipes semblent à la recherche de jeunes instructeurs, mais je vais attendre.»

Congédié le 9 mars 2009, Carbonneau a eu la chance de retourner derrière le banc d'une équipe hockey compétitive avec la formation canadienne au Championnat mondial des moins de 18 ans au Bélarus. Toutefois, il admet qu'il devra réfléchir à sa carrière si son téléphone demeure silencieux.

«J'ai quand même été assez occupé dans la dernière année et ça va continuer, mais s'il ne passe rien d'ici septembre, je devrai regarder quelques options», a-t-il expliqué.

La nomination de Boucher à la barre de Lightning, à la suite d'une ascension rapide, a suscité de nombreuses réactions dans le monde du hockey et particulièrement au Québec.

Patrick Roy, l'entraîneur des Remparts de Québec, le connaît ayant dirigé contre lui dans la LHJMQ et il comprend que le Canadien ne pouvait pas le retenir dans son organisation.

«Je peux seulement commenter de l'extérieur, mais il avait des possibilités devant lui et il a opté pour celle qui était la plus intéressante. Pierre Gauthier (le directeur général du Canadien) a été très clair et il a absolument raison, tu ne peux pas empêcher quelqu'un de progresser même s'il fait partie du Canadien», a soutenu Roy.

En tant qu'ancien directeur général du Tricolore, Serge Savard est bien placé pour savoir quels sentiments les dirigeants du Canadien ont vécus en perdant les services d'un jeune entraîneur talentueux.

M. Savard compare d'ailleurs la situation de Boucher à celle d'Alain Vigneault.

«Je me souviens quand Alain Vigneault était notre entraîneur avec le Rocket dans la LHJMQ. Il était heureux, mais il avait obtenu la chance d'aller diriger le Moose à Winnipeg dans la Ligue américaine et on savait qu'une année ou deux plus tard il se retrouverait à Vancouver donc on ne pouvait pas empêcher cela», compare-t-il.

«Quand l'un de nos instructeurs de notre organisation hérite de la chance d'aller dans la LNH et qu'on ne peut pas lui offrir la même chose, on ne peut pas le retenir. Je ne connais pas Boucher, mais on dit beaucoup de bien de lui. Mon fils (Serge Jr, qui est président du Rocket de l'Île-du-Prince-Édouard) m'en a parlé quelques fois quand il était instructeur à Drummondville», décrit Savard qui partage la même opinion que Roy.

L'ouverture de Gary Bettman envers Québec

Depuis quelques semaines, le commissaire de la LNH Gary Bettman a répété à plusieurs occasions que la ville de Québec était de retour, avec Winnipeg, parmi les endroits susceptibles d'accueillir une formation si une relocalisation avait lieu.

Ce discours de Bettman est comme de la musique aux oreilles pour les amateurs, mais la plupart des intervenants du monde du hockey demeurent prudents, mais Guy Carbonneau démontre quand même un encourageant soupçon d'optimisme.

«J'aime mieux qu'il en parle que non», note Carbo. «Pendant quelques années, Québec n'était même plus sur la map. Maintenant que Pierre-Karl Péladeau a tenu des rencontres avec M. Bettman, ça fait du sens. Il ne faut pas dénigrer le Québec et le Canada parce que nous sommes des amants du hockey. Financièrement, je ne peux pas prédire l'impact, mais en tant qu'amateur de hockey, j'adorerais que Québec revienne.»

Les nombreux invités présents à la fête réservée à Jacques Demers ont tous discuté avec plaisir des excellentes séries 2010 dans la LNH. Éric Desjardins était un observateur de choix en tant qu'ancien membre des Flyers de Philadelphie et l'ancien défenseur était fier de leur parcours.

«J'ai toujours cru que cette équipe possédait beaucoup de caractère en partant avec leur meneur Mike Richards et ils ont tellement de bons joueurs. Claude Giroux est celui qui m'a le plus impressionné. À chaque fois qu'il touchait la rondelle, je trouvais cela magique tout ce qu'il pouvait faire. Il semblait toujours se créer plus de temps pour effectuer ses manœuvres. En fait, je me disais que je n'étais jamais capable d'avoir autant de temps…», conclut Desjardins sur un rire admiratif.