Difficile de trouver une pire malchance que celle vécue par Matthew Lombardi. Dès le deuxième match de la saison dans son nouvel uniforme des Predators de Nashville, il est tombé au combat en raison d'une commotion cérébrale. Quatre mois plus tard, il demeure sur la touche, mais il a accepté de se confier sur l'éprouvante montagne qu'il continue d'escalader pour retrouver la santé.

Lombardi ne s'en cache pas, son moral est mis à rude épreuve en traversant des hauts et des bas, mais il s'ennuie avant tout de ses coéquipiers qu'il apprenait encore à connaître sur la patinoire. D'ailleurs, le Québécois de 28 ans était emballé par le défi de faire progresser cette équipe après avoir accepté un contrat de trois saisons d'une valeur de 10,5 millions au cours de l'été 2010.

Comble de la malchance, Lombardi n'a pas subi cette commotion à la suite d'un coup à la tête, mais plutôt en raison d'une chute provoquée par un contact lors du match du 13 octobre face aux Blackhawks de Chicago. Tôt en deuxième période, il patinait en zone neutre vers le territoire offensif lorsque Dave Bolland a tenté de lui bloquer le chemin et il a heurté la bande tête première en tombant.

«Ce n'était pas salaud», précise-t-il. «J'ai ressenti un choc, mais j'ai continué à jouer même si je ne me sentais pas très bien. Je pensais que je serais correct, mais j'ai réalisé que ce n'était pas le cas dans l'avion après la partie.»

Malgré son absence qui se prolonge, Lombardi progresse à petits pas et il a finalement été en mesure d'effectuer des entraînements légers au début février.

«Honnêtement, ce n'était pas grand-chose. C'était plus pour essayer d'habituer mon corps à l'activité physique parce que je n'ai vraiment rien fait depuis que je me suis blessé», tempère l'ancien joueur des Flames et des Coyotes.

«Avant, tous ces petits exercices étaient faciles pour moi. Maintenant, c'est quasiment comme essayer de grimper l'Everest pour mon corps et mon système nerveux», avoue-t-il avec une grande sincérité.

Toujours ennuyé par des symptômes, Lombardi trouve la force de demeurer optimiste en vue d'un retour avant la fin de la saison.

«Je dois garder cet objectif en tête même si la saison avance rapidement. Ça serait une grande motivation de pouvoir jouer un match ou deux. En ce moment, j'ai perdu mon métier que je pratique depuis toujours et ça crée un grand trou de se faire enlever cela», explique le hockeyeur aux origines italiennes.

Une deuxième traversée du désert

La situation de Lombardi s'avère encore plus particulière étant donné qu'il a déjà vécu cette pénible expérience dans l'uniforme des Flames en 2004 et ce facteur l'encourage à croire qu'il reviendra au sommet de sa forme.

Tout comme cette saison, Lombardi avait manqué de veine en 2004 car il s'était blessé en deuxième ronde des séries éliminatoires et il n'avait pu aider son équipe qui a atteint la finale de la coupe Stanley contre le Lightning de Tampa Bay.

«Après les séries, le lock-out a commencé donc j'ai pu profiter de l'été et de cette pause pour me remettre et je n'ai pas manqué de matchs. C'était moins stressant et moins difficile à encaisser. Cette fois, c'est survenu dès le début de la saison et je m'ennuie.»

«Je vois mes coéquipiers jouer et j'aimerais les aider. Voilà pourquoi les journées sont plus longues et j'ai tellement hâte de revenir...», souligne l'athlète de cinq pieds 11 pouces et 190 livres.

Un si long repos représente une épreuve de taille pour les joueurs de la LNH qui sont de véritables amoureux du hockey. Ils pratiquent ce sport depuis de nombreuses années et ils sont loin d'être habitués de passer la plupart de leur temps à la maison.

«Je m'ennuyais après la première semaine!», confirme Lombardi.

«Chaque année, on prend quelques semaines de congé au terme de la saison et on reprend l'action. On se permet de relaxer un peu, mais ça ne prend pas beaucoup de temps que tu as hâte de recommencer. Je vis la même chose sauf que je ne peux rien faire! Je ne peux même pas aller au gymnase comment dans le cas d'une autre blessure. De plus, je ne sais pas quand je pourrai revenir au jeu donc c'est plus difficile. Je me réveille chaque matin et je ne me sens pas prêt à revenir», dévoile-t-il avec déception.

Les excuses ne suffisent pas

Vétéran de sept saisons dans la LNH, Lombardi demeure estomaqué par le nombre de coups à la tête qui surviennent même s'il n'a pas encaissé un coup semblable à Sidney Crosby, Marc Savard ou David Perron.

«C'est frustrant de voir tous ces coups parce que les joueurs qui n'ont jamais subi de commotion n'en comprenne pas la gravité. Quand je vais faire un tour à l'aréna, j'explique à mes coéquipiers ce que je ressens, mais c'est difficile pour eux de se faire une idée», admet celui qui a récolté 130 points à sa quatrième saison avec les Tigres de Victoriaville dans la LHJMQ.

«Quand tu subis une commotion, que tu traverses ce long processus et que tu comprends que ça peut changer ta vie, c'est incroyable comme tu peux voir ces gestes d'une manière différente que les autres joueurs», ajoute celui qui s'est informé au sujet de l'état de santé de Perron.

Inévitablement, les dirigeants de la LNH sont pointés du doigt lors de nombreux débats sur la question. D'ailleurs, les directeurs généraux se rencontreront en mars pour décider s'ils doivent ajouter du mordant au règlement sur les coups à la tête.

Sans leur lancer la pierre, Lombardi partage l'avis de plusieurs joueurs et il aimerait voir des améliorations au niveau de la sécurité.

«C'est certain qu'ils doivent faire quelque chose. C'est incroyable comment il y a de coups à la tête cette année… Pour moi, aucun joueur ne devrait obtenir de passe gratuite pour une première offense. Il faut que la LNH impose des sentences qui frappent et qui font réfléchir les joueurs pour la prochaine fois», lance-t-il avec conviction.

Mais la grande question demeure de savoir si la LNH protège assez ses joueurs. Qu'en pense Lombardi?

«C'est difficile comme question, mais je me réjouis du fait qu'ils (les dirigeants) travaillent sur le dossier. Ils essaient d'obtenir les bonnes informations pour aider les joueurs sans affecter la qualité du spectacle. Au moins, ils discutent et je ne pense pas qu'il existe une solution magique.»

Lombardi tient également à lancer un message à ses confrères aux tendances récidivistes.

«J'ai de la difficulté avec ceux qui commettent une première offense et qui s'excusent avant de récidiver et s'excuser de nouveau. C'est bien beau les excuses, mais ça fait six mois que je ne peux rien faire!», exprime-t-il en précisant qu'il ne faut pas enlever l'aspect physique du sport.



Du positif dans cette histoire?

Même s'il ne peut pas encore chausser ses patins et qu'il ressent toujours des symptômes, Lombardi ne se sent pas entièrement à l'écart de l'équipe car il peut passer un peu de temps avec ses coéquipiers.

«Je surveille bien sûr les matchs de notre équipe et je regarde nos matchs à domicile à partir de notre vestiaire. C'est particulier parce que c'est ma première saison avec les Predators et je n'ai joué que deux matchs. Ce n'est pas comme si j'appartenais à cette équipe depuis cinq ou six ans, mais l'organisation a été géniale avec moi puisque ma santé demeure leur première préoccupation.

Bien appuyé par son équipe, Lombardi l'est encore davantage à la maison grâce à sa famille qui lui permet de garder le sourire et le sens de l'humour.

«C'est le seul point positif, j'ai pu passer beaucoup de temps avec ma femme Joannie et mes deux jeunes filles (Rosalie deux ans et demi et Mila cinq mois)», confirme le sympathique athlète.

«Tout ce temps m'a aussi permis de voir ma famille à Montréal plus souvent et j'apprécie énormément ces moments avec eux car ça m'enlève les pensées négatives. C'est vrai que je trouve cela difficile et que j'aimerais savoir ce qui arrivera dans l'avenir. Je me dis cependant que je vis des hauts et des bas tout comme durant une saison de hockey.»

Lombardi est donc très reconnaissant envers sa famille pour de nombreuses raisons.

«C'est plus tough pour ma femme parce que je me promène et je boude… Heureusement qu'elle est incroyable pour m'endurer. Elle doit dealer avec moi tous les jours et je pense qu'elle a autant hâte que moi que je retourne au jeu», évoque-t-il avec le sourire.

À défaut de marquer des buts et de contribuer aux succès de sa nouvelle formation, il vit un autre style de moments précieux avant de retourner sur la patinoire.

«Je peux passer du temps avec mes deux filles et je les vois grandir. Dans le fond, c'est ça le bonheur!», conclut Lombardi avec sagesse.