TORONTO - Un sentiment d'incrédulité régnait sur le monde du hockey, jeudi, alors que bien des joueurs avaient de la difficulté à comprendre ce qui a pu mener à la mort de l'ancien joueur de la LNH Wade Belak.

Sa dépouille a été découverte mercredi dans un complexe hôtelier et résidentiel du centre-ville de Toronto. Belak est le troisième homme fort de la LNH à mourir en l'espace de quatre mois.

Plusieurs se demandent maintenant pourquoi ces décès surviennent à un rythme aussi rapide et s'interrogent sur ce qu'on doit faire pour y mettre un frein.

«Nous étions plusieurs à jouer au golf hier et dès que nous l'avons appris, nous nous sommes arrêtés net et la même réflexion nous est passée par l'esprit: 'Déjà le troisième gars cet été'», a déclaré le défenseur des Maple Leafs de Toronto Luke Schenn, jeudi, au centre d'entraînement du club. «C'est difficile d'en comprendre les raisons.»

«Bien que les circonstances de chaque cas soient uniques, ces événements tragiques ne peuvent être ignorés, ont déclaré la LNH et l'Association des joueurs dans un communiqué conjoint. Nous sommes décidés à étudier en détails les facteurs qui pourraient avoir contribué à ces événements, afin de déterminer si des gestes concrets puissent être posés afin de rehausser le bien-être des joueurs et réduire les chances que de tels événements se répètent.»

La police de Toronto a indiqué qu'elle ne soupçonnait pas que le décès de Belak ait été causé par un acte suspect.

Une source au fait de l'affaire a confirmé à La Presse Canadienne que le hockeyeur de 35 ans s'est donné la mort par pendaison.

L'impact de la nouvelle a été particulièrement dur sur ceux et celles qui sont encore en deuil de la mort de l'attaquant des Rangers de New York Derek Boogaard et de l'attaquant des Jets de Winnipeg Rick Rypien.

La série d'incidents a souvelé des questions sur la possibilité qu'il y ait un lien entre le rôle d'homme fort et les circonstances menant à leur mort.

Paul Bissonnette, qui joue le même rôle avec les Coyotes de Phoenix, comprend pourquoi certaines gens font un tel lien. Il a vu de lui-même à quel point il s'agit d'un travail difficile.

«Le simple fait de jouer un rôle aussi limité, de se retrouver dans la formation puis d'en être exclu, tu te sens inutile, a dit Bissonnette. Je peux comprendre à quel point ça peut affecter le moral des gars, en plus des combats en tant que tel et des coups qu'on reçoit constamment à la tête.

«La façon dont il se faut se bercer d'illusions pour bien jouer notre rôle est très particulière et c'est ce que les gens doivent réaliser.»

Belak a récemment pris sa retraite après avoir disputé 14 saisons dans la LNH. Il allait travailler au sein des équipes de retransmission des matchs télé et radio des Predators de Nashville, cette saison, et il s'était récemment déplacé à Toronto pour participer à l'émission de téléréalité «Battle of the Blades».

Né à Saskatoon, Belak a été un favori de la foule à ses séjours dans la LNH à Nashville, en Floride, à Toronto, à Calgary et au Colorado. Il a marqué huit buts et récolté 25 aides en 549 matchs en carrière tout en enregistrant 1263 minutes de pénalité.

Belak s'est même fait des partisans au Royaume-Uni après avoir aidé le Coventry Blaze à remporter un championnat durant le lock-out de la LNH. L'équipe prévoit lui rendre hommage avant son match de samedi.

Comme Rypien et Boogaard, Belak a d'abord et avant tout gagné sa vie grâce à ses poings. Il s'est battu 136 fois durant sa carrière dans la LNH, selon le site hockeyfights.com.

Il y a au moins un directeur général qui croit que le fait qu'ils étaient tous trois des hommes forts amènera les dirigeants du circuit Bettman à se demander si des joueurs qui jouent un tel rôle ont encore leur place.

«Je suis sûr qu'il y aura un impact, a dit Mike Gillis, des Canucks de Vancouver. Je suis sûr qu'il y aura un débat là-dessus. Je sais que dans le cas de Rick (Rypien), nous n'avons jamais senti que son rôle et la façon dont il jouait avait une influence sur ce qui est arrivé. Peut-être avons-nous tort.

«Ce n'est pas ce que nous avons senti. Nous ne l'avions pas senti avant, quand Rick a connu certaines difficultés, et nous le ressentons certes pas maintenant.»

Quand la nouvelle du décès de Belak a commencé à circuler, mercredi soir, le père de Bissonnette s'est arrêté à la résidence de son fils afin de s'assurer qu'il allait bien.

Comme Belak, le hockeyeur de 26 ans était un défenseur de premier plan chez les juniors quand il s'est retrouvé au poste d'attaquant avec l'obligation de se battre afin qu'il puisse espérer dénicher un poste dans les rangs professionnels. Il a reconnu avoir certaines craintes après avoir vu ce qui est arrivé jusqu'ici cet été.

«Je ne fais pas ce métier depuis aussi longtemps que ces gars-là, a noté Bissonnette. Je ne peux pas prédire ce qui va arriver dans cinq ou 10 ans, parce que je ne le sais pas.»