Bien sûr, je suis très attristé par la nouvelle de cet autre décès dans la LNH et c'est le temps d'agir! Il faut absolument que la LNH établisse un plan avec l'Association des joueurs pour régler ce problème qui soulève la question d'abolir les bagarres.

Ça ne fait aucun sens, ce n'est pas normal que les gars tombent un après l'autre…

Chose certaine, si j'étais le directeur général d'une équipe, je ferais venir tous mes hommes forts et je les ferais rencontrer les médecins pour être certain d'éviter cela. C'est vraiment terrible.

Faut-il abolir les bagarres?

Plusieurs observateurs prônent l'abolition des bagarres à la suite des décès de ces trois hommes forts, mais il ne faut pas tout changer du hockey.

Je veux que vous compreniez bien mon point de vue, je ne suis pas contre l'idée d'éliminer cet aspect du jeu, mais je ne crois pas que les bagarres soient le problème.

À mon avis, ce sont plutôt la consommation de produits qui est à l'origine de ces drames.

Aujourd'hui, plusieurs des hommes forts qui font des commotions prennent des antidépresseurs avec de la boisson ou de la drogue. Ce comportement dangereux est parfois jumelé à des dépressions ou il provoque des dépressions. En bout de ligne, ces éléments vont mener jusqu'à des suicides.

Je considère vraiment que le problème en demeure un de consommation surtout quand je compare la situation avec celle de mon époque de joueur. Comme vous le savez, j'ai très bien connu Chris Nilan et il a vécu des moments très difficiles aussi.

Les hommes forts étaient nombreux dans notre temps et ils ne sont pas morts probablement parce qu'ils ne consommaient pas vraiment ces produits.

Dans les années 70, les joueurs se battaient plus souvent et environ une fois à tous les trois matchs. Aujourd'hui, les bagarreurs jettent les gants une fois à toutes les 10 parties donc la cause n'est pas directement les bagarres. Il faut avant tout que ces gars-là soient suivis de près.

Même si Nilan lui-même pense que la LNH doit abolir les bagarres, je crains qu'un tel changement augmentera les coups de bâton et les gestes salauds. Quand tu as joué dans cette ligue, tu sais à quel point il y a des baveux et ils demeurent plus tranquilles avec les combats. Si tu enlèves cette possibilité, il risque d'y avoir une autre sorte de violence.

L'importance des psychologues

Je ne sais pas si tous les amateurs sont au courant de cela, mais les joueurs de la LNH ont accès à des psychologues pour les aider dans les moments difficiles.

Si je prends l'exemple du Wild du Minnesota où j'ai passé de nombreuses années comme entraîneur adjoint, nous avions un psychologue que les joueurs pouvaient appeler ou consulter quand ils le voulaient.

Mais, comme vous vous en doutez, les hockeyeurs gardent souvent leurs problèmes pour eux. Même s'ils ont besoin d'aide, ils n'en parlent à personne.

Le cas de Derek Boogaard me fait un peu songer à cela. Il avait suivi une cure de désintoxication pendant deux semaines, mais il a rechuté quelques jours après sa sortie. Malheureusement, il consommait aussi des antidépresseurs, ce qui produit un cocktail très nocif.

Par contre, je tiens à ajouter un petit bémol. Plusieurs personnes font état du grand stress vécu par les bagarreurs qui redoutent le moment de se battre, mais il ne faut pas exagérer. Ces athlètes connaissent le rôle qu'ils doivent accomplir et je pense que nous avons tous du stress dans notre travail. Je répète donc que ces situations déplorables sont survenues en raison des produits de consommation.

Les joueurs, la LNH et l'Association des joueurs seront plus proactifs

Avec toutes ces histoires, c'est évident que les joueurs seront plus proactifs quand ils verront des coéquipiers avec le moral bas. Les joueurs, les entraîneurs et les dirigeants devront aussi être plus allumés quand quelqu'un fera une commotion.

Pour le moment, il faut croire que la LNH ne fait pas un travail assez efficace au sujet de cette problématique. C'est pourquoi Gary Bettman a mentionné que la LNH se rapprochera de l'Association des joueurs pour enrayer ces drames.

En terminant, je n'ai pas le choix de dire que les programmes qui existent pour aider les joueurs ne suffisent pas. Si c'était le cas, on aurait pu éviter cela. Il faut mieux entourer les joueurs durant leur carrière et après celle-ci car ça se complique souvent quand les patins sont accrochés.

*Propos recueillis par Éric Leblanc