Les hommes forts québécois représentent une denrée extrêmement rare dans la LNH, mais les tristes incidents des derniers mois ne font pas reculer Pierre-Luc Létourneau-Leblond par rapport à son rôle de protecteur.

Le nouveau membre des Flames est bien sûr attristé par les décès de Derek Boogaard, Rick Rypien et Wade Belak, mais il ne réfléchit pas à changer son style.

« Non, ça ne me fait pas réfléchir du tout. Je ne pense pas que le métier (de bagarreur) soit en lien avec ce qui s'est passé et je ne connais pas les détails de la vie de ces trois personnes », a expliqué le hockeyeur de 26 ans en entrevue à RDS.

Le Québécois le plus établi dans ce poste dans la LNH admet qu'il effectue une tâche qui n'est pas de tout repos, mais il est loin de s'en plaindre.

« C'est vrai que c'est difficile, mais si je me compare à un médecin qui doit faire des chirurgies à cœur ouvert tous les jours; ça c'est du stress. Ce n'est pas un métier pour lequel tu peux te préparer en allant à l'école, mais je me considère privilégié de pouvoir le faire et de jouer dans la LNH. »

Les fins tragiques vécues par les trois durs à cuire impliquent des problèmes de consommation, de dépression et de commotions cérébrales. De son côté, Létourneau-Leblond est conscient du risque, mais il semble à l'aise dans cette réalité éprouvante pour certains.

« On ne connaît pratiquement pas les effets à long terme des bagarres donc je ne m'empêcherai pas de faire le métier que j'aime même si c'est sûr que c'est un peu stressant. Peut-être que le jour où une étude plus précise sera dévoilée, on se posera plus de questions », indique l'ancien des Devils du New Jersey.

Malgré les événements inattendus, la voix de Létourneau-Leblond laisse transparaître une grande confiance parce que son avenir n'est pas uniquement lié au hockey.

« Je n'ai pas juste le hockey dans la vie. J'ai une famille que j'aime, j'ai ma blonde et j'ai aussi investi dans un gymnase à Québec. Beaucoup de joueurs ont seulement le hockey dans la vie et ils se cherchent par rapport à cela », avoue celui qui partage son temps entre la Ligue américaine et la LNH.

En raison ce facteur, le joueur originaire de Lévis n'entend pas s'accrocher à sa carrière s'il était affecté par des symptômes.

« Il n'y a aucun doute que j'arrêterais. Je suis chanceux d'avoir vécu cela et il ne faut pas trop pousser. Si je ressens des symptômes, les gens autour de moi seront capables de me dire que c'est assez. Le hockey c'est une passion, un travail et un beau trip, mais j'ai d'autres choses dans la vie. »

Les longues nuits au niveau junior

Létourneau-Leblond n'a peut-être pas le parcours d'un André Roy, Georges Laraque ou Donald Brashear dans la LNH, mais il prétend que son expérience s'avère un élément crucial dans sa façon de négocier avec son rôle ingrat.

« J'ai plus de 250 combats dans le hockey au niveau junior ou professionnel si bien que les émotions sont plus faciles à contrôler. J'aime encore le métier que je fais même si je n'aime pas nécessairement me battre, mais j'ai la chance de jouer dans la LNH et de côtoyer des athlètes exceptionnels », décrit le robuste ailier.

« Je ne veux pas avoir l'air arrogant en disant que je ne ressens plus de stress, mais je me considère comme très bon dans ce que je fais en sachant qu'il y en a toujours un meilleur quelque part. Dans le fond, je me prépare mentalement et physiquement en me concentrant sur ce que je peux contrôler. »

La confiance est peut-être au rendez-vous en 2011, mais Létourneau-Leblond n'a pas oublié les moments plus pénibles de son apprentissage au niveau junior.

« Mes premiers combats dans le junior étaient stressants, je dormais mal la veille. À cette époque, je pouvais me sentir mal compris par mes coéquipiers et mon entourage, mais tu apprends avec le temps », se rappelle le colosse de six pieds deux pouces et 210 livres.

Présentement, le bagarreur vit une période beaucoup plus heureuse en effectuant ses premiers coups de patin dans l'uniforme des Flames.

« C'est très positif, je suis vraiment excité. Je suis arrivé à Calgary hier (mercredi) et j'ai patiné avec les gars ce matin (jeudi) pour la première fois. Jusqu'à maintenant, je suis épaté par la ville et les gens que j'ai rencontrés. J'ai vraiment hâte que ça commence et je me sens comme à mon premier camp d'entraînement quand j'avais 18 ans », conclut celui qui est comblé de poursuivre sa carrière dans une ville canadienne.

*D'après une entrevue effectuée par Nicolas-Étienne Côté