L'impact important qu'ont les commotions cérébrales dans le monde du hockey sera plus difficile à diminuer qu'initialement évalué. La dernière semaine nous a démontré hors de tout doute que le fait seul de sévir contre les coups salauds ne parviendra pas à empêcher des joueurs vedettes de rater des matchs à cause de blessures à la tête.

Sidney Crosby est de nouveau sur la touche après avoir essuyé un coup au visage de David Krejci qui réagissait à un contact annoncé. Pas une mise en échec illégale ou un geste vicieux de la part d'un chasseur de têtes. Son absence fait suite à une confrontation, une « bataille un contre un », comme il y en a des dizaines à chaque période. C'est en fait le capitaine des Penguins qui s'est amené pour appliquer une mise en échec aux dépens du porteur de la rondelle qui a tenté de se protéger et de protéger le disque.

Si le meilleur joueur au monde manque à l'appel, un de ceux qui avaient pris le flambeau aussi. Claude Giroux sera absent pour une période encore indéterminée, et ce, à cause d'une collision avec son coéquipier Wayne Simmonds. Alors que Giroux a chuté en tentant de soutirer la rondelle à l'adversaire en territoire central, Simmonds a sauté pour éviter son compagnon de trio. Le genou de Simmonds, en repli défensif, a frappé de plein fouet la tête du Franco-ontarien.

Si les absences de Kristopher Letang et de Ryan Miller, deux autres étoiles de la LNH, auraient pu être évitées avec un brin plus de respect entre compétiteurs, celles de Crosby et Giroux relèvent de la réalité du sport de contact le plus rapide au monde.

Pour y avoir évolué toute ma vie, je suis conscient de l'acceptation du risque relié à notre sport. Il est vrai qu'on ne peut enrayer toute forme de blessure. Il est aussi vrai que l'adversité rencontrée lors des périodes de réhabilitations ou des moments où les athlètes jouent en dépit de blessures ou malaises, forment la personne. Lorsque ces malaises affectent de façon permanente la vie du joueur à l'extérieur de la patinoire, c'est là où je m'interroge.

J'ai eu la chance, au cours de ma carrière, de demeurer en santé. Outre une poignée de parties ratées pour des élongations musculaires à l'aine, j'étais à mon poste. Ce qui ne veut pas dire pour autant que j'étais toujours à 100%. Lors de la fin de mon séjour junior, je me suis cassé le poignet. Je n'ai pas raté de match. Il est toujours cassé. L'os a trouvé, au fil du temps, le moyen de se guérir par lui-même… mais sur une radiographie la fracture est toujours présente. Je savais, grâce à une équipe médicale compétente à Chicoutimi, les risques encourus par le fait de continuer à jouer. Parfois, par temps maussade j'ai mal un peu. Le poignet, c'est loin d'être la tête. C'est tout.

Si mon histoire est anodine, il en est tout autrement pour ces joueurs qui doivent vivre avec les effets des commotions, des blessures au cerveau. J'ai vu des coéquipiers incapables de profiter de leur peu de temps avec leur famille, parce qu'épuisé. Des amis qui ne peuvent prendre leurs jeunes enfants dans leurs bras par peur d'être étourdi et de les échapper.

Les effets des commotions cérébrales sont encore méconnus. Des reportages, comme celui du NY Times sur Derek Boogaard, jettent un peu de lumière sur le mystère, mais l'échantillon est encore minime. Les conséquences font peur.

Les joueurs de la prochaine génération ne seront pas moins rapides ou moins gros ou moins forts. Ce qu'ils peuvent être cependant c'est plus instruit sur le sujet. À ce niveau, le monde du hockey doit saisir l'opportunité de les éduquer maintenant.