MONTRÉAL - Ronald Caron, qui a contribué à façonner la grande dynastie du Canadien de Montréal dans les années 1970, est décédé dans la nuit de mardi à l'âge de 82 ans.

Né à Hull le 19 décembre 1929, Caron a connu une carrière de 26 saisons avec le Canadien et de près de 40 ans dans la Ligue nationale de hockey.

Embauché comme dépisteur à temps partiel par le Canadien en 1961, Caron n'a pas tardé à devenir un personnage influent dans l'entourage de l'équipe montréalaise. Il a notamment été le bras droit du directeur général Sam Pollock. Il a gravé son nom sur la coupe Stanley avec le Canadien en 1971 et 1973 puis en 1976, 1977, 1978 et 1979 alors qu'il était directeur général-adjoint.

En 1983, il est devenu directeur général des Blues de St. Louis et, sous sa gouverne, l'équipe a atteint la finale de l'Association Ouest en 1986, s'inclinant en sept matchs face aux Flames de Calgary.

« Il a donné sa vie au hockey, a commenté Réjean Houle, qui a fait la connaissance de Caron alors qu'il était âgé de 15 ans. Il était venu me rencontrer avec Claude Ruel et il a suivi ma carrière avec le Canadien junior. C'est à la suite de ses recommandations que le Canadien m'a éventuellement repêché en 1969. »

Selon Houle, celui qu'on a surnommé « le Prof » Caron, parce qu'il a été enseignant au Collège Saint-Laurent avant de pouvoir gagner sa vie dans le hockey, était un grand connaisseur de sport.

« Il dormait en pensant au hockey. Il était doté d'un bon sens de l'observation. C'était aussi un grand amateur de baseball et surtout des Yankees de New York. »

Doté d'une mémoire phénoménale, il connaissait les dates de naissance des joueurs et pouvait vous décliner leurs statistiques.

Jean Béliveau, l'ex-capitaine du Canadien, a bien connu Caron comme joueur d'abord et ensuite dans son rôle au sein de l'état-major de l'équipe.

« C'était un gros travaillant. Il a toujours été passionné par ce qu'il faisait. Il a mené le genre de vie qu'il aimait. »

Malade depuis plusieurs années, Caron avait été victime d'un accident cérébral vasculaire en 2003.

Peu après l'annonce de son décès, le Canadien a posté un message sur son compte Twitter.

« Le Canadien aimerait transmettre ses sympathies à la famille du 'Prof' Caron, qui est décédé la nuit dernière à l'âge de 82 ans », disait ce message.

Reconnu pour son franc-parler et son style coloré, Caron a fait sa marque pendant son séjour à St. Louis. Il a guidé les Blues à un dossier de 438-405-127.

« Au nom des Blues de St. Louis, je veux exprimer toute la tristesse qui nous anime à la nouvelle du décès de Ron Caron, a précisé le président des activités hockey des Blues, John Davidson. M. Caron était extrêmement passionné pour les Blues et la ville de St. Louis. Il nous manquera vraiment. »

Dans son rôle de directeur général, Caron a pris plusieurs décisions heureuses. Il a notamment acquis Brett Hull (des Flames), Adam Oates (venu des Red Wings de Detroit), Al McInnis (également des Flames) et Doug Gilmour. Il a aussi embauché Jacques Demers comme entraîneur-chef en 1983, puis Jacques Martin en 1986.

L'ancien attaquant des Blues Bernie Federko - aujourd'hui commentateur de l'équipe - garde un bon souvenir de Caron.

« Il devait composer avec un budget limité (avec le propriétaire Harry Ornest) et nous avions une équipe compétitive, a dit Federko. Il a réuni une sacrée bonne équipe de hockey. »

Les Blues ont participé aux séries éliminatoires à chaque saison sous sa direction. En 1990-91, le magazine The Hockey News lui a décerné le titre de dirigeant de l'année.

À Montréal, on lui reproche encore d'avoir préféré Doug Wickenheiser à Denis Savard avec le premier choix au repêchage en 1980 alors qu'il était responsable du dépistage.

« Il n'était pas le seul à penser ainsi à l'époque, a rappelé Houle. Malheureusement pour lui, Wickenheiser a eu du mal à s'ajuster à Montréal tandis que Savard a connu toute une carrière à Chicago. »