QUÉBEC - Le maire de Québec Régis Labeaume a annoncé lundi la nomination d'un conseiller extraordinaire qui doit l'aider à faire les choix requis pour empêcher un dépassement de coûts dans la construction de l'amphithéâtre de Québec.

M. Labeaume a désigné l'homme d'affaires Claude Rousseau qui a déjà jugé le budget de 400 millions $ réaliste, bien que cette estimation comporte une marge d'erreur de 75 pour cent.

En octobre 2010, alors qu'il était mandataire du gouvernement du Québec dans le dossier de l'amphithéâtre, M. Rousseau attendait déjà une estimation plus précise. Mais cette étape est encore en cours de finalisation, a indiqué M. Labeaume.

Le maire n'a pas caché sa préoccupation, en raison de la nécessité de respecter le budget de 400 millions $ ainsi que l'échéancier, qui prévoit l'inauguration en septembre 2015.

«Je l'ai dit et je le répète, je suis particulièrement nerveux», a-t-il dit lors d'une conférence de presse.

La Ville de Québec a jusqu'au 31 mars prochain pour décider si elle peut aller de l'avant ou si, au contraire, elle doit renoncer à la construction de l'édifice en raison de coûts trop élevés.

La semaine dernière, le projet a frappé un nouvel écueil lorsque des coûts imprévus de 30 à 40 millions $, pour la décontamination du terrain choisi, sont apparus à la suite d'évaluations plus poussées. La Ville de Québec étudie actuellement la possibilité de déplacer le projet sur un terrain adjacent.

Lundi, M. Labeaume a refusé de discuter du montant de 550 millions $ qui a circulé récemment comme plus récente évaluation du coût total du projet.

«On veut 400 millions $ pour le 31 mars et on est le 21 février, a-t-il dit. Alors le 31 mars, on aura le chiffre.»

Le maire s'en est cependant remis à M. Rousseau, qui agira à titre de conseiller dans ce dossier, pour l'aider à éliminer toute dépense superflue.

«Les choix qui s'en viennent vont être dans certains cas déchirants, a-t-il dit. Et j'ai besoin d'un regard externe.»

M. Rousseau agira à titre de bénévole sur le comité directeur du projet, un poste qu'il avait déjà occupé dans les phases préliminaires de la planification, lorsqu'il était président d'Équipe Québec, un comité chargé d'évaluer les infrastructures de Québec en vue d'une candidature olympique.

À cette époque, M. Rousseau avait déjà rabroué le président d'Infrastructure Québec Normand Bergeron, un autre membre du comité directeur, qui avait évoqué la marge d'erreur de 75 pour cent dans l'estimation de coûts de 400 millions $.

M. Rousseau avait alors affirmé que le montant prévu était de 350 millions $ mais qu'une marge de sécurité de 50 millions $ avait été ajoutée.

Lors de la conférence de presse, M. Rousseau a affirmé qu'il apportera au comité son expertise tirée des analyses préliminaires des coûts de construction d'autres amphithéâtres.

«J'aurai l'occasion de voir, justement: est-ce qu'il y a des déviations et de quelle nature elles sont ces déviations; et de voir avec l'équipe quelles solutions on pourrait apporter pour justement venir amoindrir le tout», a-t-il dit.

Le gouvernement du Québec a promis 200 millions $ pour la construction de l'édifice, la Ville de Québec assumant le reste de la facture.

M. Labeaume a affirmé que sa décision de mandater M. Rousseau au comité directeur avait été prise à la suite d'une rencontre avec la présidente du Conseil du trésor, Michelle Courchesne.

Au cours cette rencontre, les deux partenaires ont constaté la nécessité d'améliorer «la gouvernance» de cette instance, a dit le maire lundi.

Le gestionnaire de l'édifice, le conglomérat Quebecor, a promis de verser entre 110 et 200 millions $ sur 25 ans pour occuper l'amphithéâtre. L'entreprise souhaite obtenir une concession de la Ligue nationale de hockey.

Lundi, M. Labeaume ne s'est pas formalisé du fait que le commissaire de la LNH Gary Bettman a visité l'été dernier le domaine du fondateur du conglomérat Power Corporation, Paul Desmarais, dont les journaux sont les principaux concurrents de Quebecor au Québec.

«Ce n'est pas de mes affaires», a-t-il dit.